
Iliad nourrit toujours son rêve américain

Iliad ne renonce pas à son rêve américain. Les chiffres du premier semestre 2014, qui promettent l’atteinte des objectifs 2015 avec un an d’avance, encouragent même l’opérateur français dans sa voie, même si Deutsche Telekom n’a pas jugé suffisante son offre de rachat pour T-Mobile US. La proposition reste « pertinente », a indiqué vendredi à Reuters Thomas Reynaud, le directeur financier d’Iliad. La direction du groupe fondé par Xavier Niel devrait revenir plus longuement sur ce projet ce matin, lors de la présentation des résultats semestriels.
S’il veut convaincre Deutsche Telekom, Iliad devra toutefois y mettre le prix. La maison-mère de Free était prête à payer 33 dollars par action T-Mobile US pour 56,6% du capital. La semaine dernière, une rumeur laissait entendre que l’opérateur allemand ne discuterait pas à moins de 35 dollars par action avant qu’une source proche de Deutsche Telekom indique que la valeur plancher serait encore plus élevée. A ce prix de 35 dollars, soit 6% de plus que l’offre initiale, Iliad serait contraint de mobiliser un milliard de dollars de plus. Chaque dollar supplémentaire gonflerait en effet la note de près de 500 millions de dollars.
Le rachat de SFR par Numericable a montré qu’un petit opérateur pouvait s’offrir une cible au chiffre d’affaires 7 fois plus important. Pour cela, le câblo-opérateur a levé 16,5 milliards d’euros de dette, dont près des deux tiers sur le marché obligataire. Compte tenu de son endettement actuel et d’une signature meilleure que celle de Numericable, Iliad n’aurait donc pas de mal à lever la dette nécessaire avec une augmentation de capital en complément. Le groupe est prêt à quadrupler son ratio de levier (dette nette sur Ebitda) au-delà des 4 fois.
Mais cette acquisition américaine risquerait de totalement chambouler le modèle gagnant actuel de l’opérateur qui lui a permis de gagner encore plus d’un million d’abonnés à son offre mobile au premier semestre 2014, tout en maintenant un niveau de marge opérationnelle supérieur à celui de ses concurrents (30,9%). D’où l’inquiétude des actionnaires. Depuis la fin juillet et la confirmation des réflexions sur T-Mobile US, le cours de l’action Iliad est passé de 208 euros à 167 euros. Le groupe a de la sorte perdu 2,3 milliards d’euros de capitalisation boursière.
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Hollywood - Donald Trump s’en est pris mardi soir au retour à la télévision américaine de l’humoriste Jimmy Kimmel, menaçant le diffuseur ABC, après une suspension qui a provoqué d’intenses débats sur les pressions de l’administration Trump envers les médias. L'émission de Jimmy Kimmel mélangeant information et divertissement ne sera toutefois pas accessible à tous les foyers américains, car plusieurs dizaines de chaînes locales continuent à boycotter l’animateur, critique inlassable du président américain. La séquence d’ouverture, dans laquelle M. Kimmel doit aborder sa suspension survenue après une polémique sur ses propos concernant l’assassinat de l’influenceur pro-Trump Charlie Kirk, sera scrutée de près. Avant même l'émission, Donald Trump a accusé ABC de «diffuser à 99% des conneries positives pour les démocrates», et Jimmy Kimmel d'être «un autre bras du DNC», le Comité national démocrate, sur son réseau Truth Social. «Je pense que nous allons mettre à l'épreuve ABC à propos de cela. Voyons comment nous allons faire. La dernière fois que je les ai poursuivis, ils m’ont donné 16 millions de dollars», a écrit le dirigeant américain. L’humoriste avait indigné le camp trumpiste en accusant la droite américaine d’exploiter politiquement le meurtre de l’influenceur Charlie Kirk, assassiné par un jeune homme de 22 ans qui semblait avoir des opinions de gauche, selon ses parents républicains. Les commentaires de Jimmy Kimmel étaient «malvenus» et «indélicats», a jugé lundi Disney en annonçant le retour de l'émission sur sa chaîne ABC, après «des conversations réfléchies avec Jimmy». Le géant du divertissement a justifié la suspension temporaire décidée mercredi dernier par le souhait «d'éviter d’exacerber une situation tendue à un moment émotionnel pour notre pays». Boycott Les partisans de Trump «s’efforcent désespérément de présenter ce jeune qui a assassiné Charlie Kirk comme tout sauf un des leurs» et «font tout leur possible pour en tirer un avantage politique», avait lancé Jimmy Kimmel dans son émission du 15 septembre. Le patron du gendarme américain de l’audiovisuel (FCC), Brendan Carr, s'était saisi de la polémique, en sous-entendant qu’il pourrait retirer leur licence aux chaînes qui diffusaient l'émission. Nexstar et Sinclair, deux groupes possédant des dizaines de chaînes locales piochant dans les programmes d’ABC, avaient dans la foulée annoncé qu’ils ne retransmettraient plus «Jimmy Kimmel Live!». Face à cette crise, Disney avait suspendu l'émission pour tout le pays. Malgré le retour à l’antenne de l’humoriste, les deux groupes protestataires ont pour l’instant décidé de maintenir leur boycott. La semaine dernière, Sinclair avait notamment réclamé que M. Kimmel fasse des excuses publiques. Le retrait d’antenne imposé à M. Kimmel a provoqué un tollé aux Etats-Unis: la gauche y a vu un prétexte pour se débarrasser d’un des visages les plus célèbres du petit écran, poil à gratter notoire de Donald Trump. Liberté d’expression Le président américain avait immédiatement salué «une grande nouvelle pour l’Amérique» et appelé à priver d’antenne d’autres figures du secteur. Il avait également suggéré de retirer la licence des chaînes d’information qui le critiquent. L’affaire «concerne le premier amendement» de la Constitution américaine, protégeant la liberté d’expression, estime Rogelio Nunez, un Américain de 38 ans venu assister à l'émission à Los Angeles. «Nous devons nous assurer que nous ne sommes pas censurés», poursuit-il. «Donc au-delà du divertissement, c’est important de venir pour protéger nos droits.» La suspension de M. Kimmel avait aussi suscité quelques remous au sein de la droite, des figures républicaines comme le sénateur Ted Cruz ou le présentateur Tucker Carlson ayant notamment émis des réserves. M. Kimmel n’a pas réagi publiquement depuis sa suspension. Quelques heures avant son émission mardi, il a publié sur Instagram une photo de lui avec le producteur Norman Lear, mort en 2023, qui était connu pour sa défense de la liberté d’expression. «Ce gars me manque aujourd’hui», a-t-il écrit. Paula RAMON © Agence France-Presse