Les Bourses traditionnelles élargissent leur terrain de jeu au forex

Les lignes bougent sur le marché électronique des changes, comme en témoigne le rachat de la plate-forme 360T par Deutsche Börse.
Alexandre Garabedian

Carsten Kengeter, nouveau directeur général de Deutsche Börse depuis le 1er juin, en est déjà à sa deuxième opération de croissance externe. Le rachat de la plate-forme de change 360T, annoncé dimanche pour 725 millions d’euros, confirme, après la prise de contrôle à 100% des indices Stoxx conclue hier pour 650 millions de francs suisses, la volonté de diversification croissante des Bourses traditionnelles.

Si l’acquisition d’activités d’indices est en lien direct avec le métier historique des Bourses – les actions cash et dérivés– et permet de nourrir les volumes traités sur le sous-jacent equity, l’arrivée sur le forex est plus nouvelle. Elle coïncide avec des changements profonds sur ce marché, le plus gros et le plus liquide au monde, où 5.300 milliards de dollars de flux transitent chaque jour.

Le forex est historiquement tenu de gré à gré par les banques, mais les enquêtes et condamnations récentes pour manipulation des prix ont le potentiel de faire bouger les lignes. Le marché a en outre entamé depuis plusieurs années sa migration vers les transactions électroniques, qui ont provoqué un écrasement des marges. Une petite vingtaine de plates-formes se disputent ce marché électronique, «e-FX»: on y trouve le CME, Bloomberg, EBS, 360T et des courtiers comme Saxo Bank et FXCM Pro qui sont également actifs auprès du grand public. «La fragmentation du marché électronique du forex devrait perdurer, tandis que certains acteurs changeront de mains», estimait le cabinet de recherche Aite Group dans un rapport publié en mai.

Deutsche Börse n’est pas la seule Bourse à s’intéresser à ce segment. Début 2015, la plate-forme de trading actions alternative Bats Global Markets s’était emparée de Hotspot FX pour 365 millions de dollars. Cette dernière négociait fin 2014 environ 32 milliards de dollars de transactions par jour. Soit moitié moins que 360T, qui est montée à 70 milliards de volumes quotidiens l’an dernier. Le CME, qui était aussi candidat au rachat de 360T, traite déjà 10% des transactions électroniques de change, selon Aite.

Le choc provoqué en janvier sur les changes par la Banque nationale suisse lors de l’abandon du peg franc/euro, nourrit également la consolidation. FXCM, passé à deux doigts de la faillite, a depuis mis en vente sa participation dans FastMatch, une autre plate-forme de «e-FX».

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