Le discours sur l’état de l’Union d’Ursula von der Leyen prend des airs de campagne

La présidente de la Commission européenne ne s’est certes pas explicitement déclarée candidate à sa succession, mais son discours annuel «sur l’état de l’Union» prononcé mercredi avait des accents de premier acte d’une campagne électorale.
Clément Solal, à Strasbourg
State of the Union 13 sept 2023  Address by Ursula von der Leyen President of the European Commission
Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, à Strasbourg lors du discours sur l'état de l'Union, le 13 septembre 2023.  -  Photo European Union

«Regardez où en est l’Europe aujourd’hui. (…) Nous avons concrétisé plus de 90% des orientations politiques que j’avais présentées en 2019. Et notre travail est loin d’être terminé.» Si certaines incertitudes persistaient concernant les intentions d’Ursula von der Leyen de briguer un deuxième mandat, la présidente de la Commission européenne y a mis fin, ou presque, mercredi depuis le Parlement européen de Strasbourg. Elle ne s’est certes pas explicitement déclarée candidate, préférant manier l’allusion et la périphrase, mais ce discours annuel de politique générale «sur l’état de l’Union» n’en avait pas moins de sérieux airs d’un premier acte de campagne électorale.

Ainsi, toute la première partie de son allocution a consisté à vanter le bilan des quatre années précédentes, auquel elle n’a pas manqué d’associer eurodéputés et Etats membres, à neuf mois des élections européennes de juin 2024, qui décideront de la future composition du Parlement européen et, indirectement, de l’identité de son successeur. «Nous avons vu naître une Union géopolitique – qui soutient l’Ukraine, qui s’oppose à l’agression russe, qui réagit face à l’affirmation chinoise (…) Nous avons désormais un Pacte vert pour l’Europe qui est la pièce maîtresse de notre économie, et est d’une ambition inégalée. (…) Nous avons mis en place le plan de relance historique NextGenerationEU. (…) Nous nous sommes mis sur le chemin de l’indépendance dans des secteurs critiques tels que l’énergie, les puces électroniques ou les matières premières», a-t-elle énuméré. Ce bilan, globalement salué à travers les principales forces politiques de l’hémicycle, ainsi que l’avance, assez confortable selon les premières projections, du groupe parlementaire conservateur dont elle est issue (PPE, pour Parti populaire européen), font de l’Allemande une favorite en puissance à sa propre succession.

Compétitivité

Ursula von der Leyen s’est ensuite efforcée de poser des jalons pour l’avenir. Mais le programme de travail de la future Commission sera in fine le fruit de négociations, à l’issue des élections, entre les groupes politiques et les Etats membres. Les vraies annonces sont dès lors restées rares, et parfois floues. L’ancienne ministre d’Angela Merkel s’est notamment engagée à redoubler le soutien européen à l’industrie verte. «De l’éolien à l’acier, des batteries aux véhicules électriques, notre ambition est très claire : l’avenir des industries des technologies propres doit se construire en Europe», a-t-elle lancé, avant de promettre la présentation prochaine d’un «Plan européen pour l’éolien». Ce dernier visera «à améliorer les systèmes d’enchères à travers l’UE, à accélérer encore la délivrance de permis (…) et à renforcer l’accès aux financements et la stabilité des chaines d’approvisionnements».

Au rang des annonces les plus concrètes : le lancement d’une «enquête anti-subventions» concernant les véhicules électriques en provenance de Chine. Plus généralement, l’Allemande a adopté un ton particulièrement offensif vis-à-vis de Pékin, dénonçant ses «pratiques prédatrices» sur le plan commercial. Cité huit fois, le mot «compétitivité» a pris une place centrale dans la vision de l’avenir dessinée par la présidente de la Commission. En outre, Ursula von der Leyen a réitéré sa promesse de réduire de 25% les obligations de «reporting» imposées aux entreprises européennes, tout en reconnaissant que «la tâche ne sera pas facile». Sur le plan commercial, la quasi-candidate a résolument plaidé l’ouverture : «nous devrions nous efforcer de conclure des accords avec l’Australie, le Mexique et le Mercosur d’ici à la fin de l’année. Et peu après, avec l’Inde et l’Indonésie», a-t-elle estimé.

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