
Santander renonce brutalement à recruter Andrea Orcel

Coup de théâtre mardi soir. Banco Santander a fait marche arrière sur le recrutement d’Andrea Orcel en tant que directeur général. En septembre 2018, la première banque d’Espagne avait pourtant annoncé le recrutement du patron de la banque d’investissement d’UBS, pour remplacer Jose Antonio Alvarez dès début 2019. Dans un communiqué, la banque explique qu’elle n’est pas parvenue à se mettre d’accord sur les termes de sa rémunération, et notamment la compensation à lui verser comme prix à son renoncement aux intéressements à long terme dont il bénéficiait chez UBS.
C’est là l’issue – inattendue et rare dans le milieu bancaire - d’une situation qui, en quelques semaines, s’est transformée en une impasse. L’ex-employeur du dirigeant italien, la banque suisse UBS, s’en est tenu à une ligne dure : puisque Andrea Orcel partait chez un concurrent, il ne pourrait pas toucher les bonus cumulés depuis 2014. Ce qui impliquait que Santander devait les compenser. Or, ils étaient «de l’ordre de 40 millions de francs suisses (35,50 millions d’euros)», voire jusque, au total, «60 millions de francs suisses (53,24 millions d’euros)», selon une source anonyme, citée par Bloomberg.
Officiellement, la banque espagnole, dans un climat national où règne un certain populisme, ne pouvait guère s’aligner, et expliquer à ses 200.000 salariés qu’elle recrutait un nouveau dirigeant pour 53 millions d’euros. La décision devait «prendre en compte le respect que nous avons pour tous nos actionnaires et le coût très significatif pour recruter un individu», précise Ana Botin, PDG de Santander, dans le communiqué. «Je ne comprends pas pourquoi Andrea Orcel et Santander n’ont pas vu cela venir. Il était naïf de croire qu’UBS aurait juste renoncé», précise à Bloomberg Ilana Weinstein, qui dirige la firme de recrutement IDW Group, à Wall Street.
UBS, de son côté, a prudemment précisé qu’il s’agit «d’un problème entre Andrea Orcel et Santander». Andrea Orcel ne compte pas revenir chez UBS, selon Bloomberg.
Pourtant, les planètes semblaient alignées. Andrea Orcel connaissait bien les deux parties, qui sont deux banques d’investissement majeures en Europe, à la fois concurrentes et clientes. L’homme avait conseillé Emilio Botin, et sa fille Ana Botin, sur de nombreuses acquisitions, en vingt ans de carrière chez Merrill Lynch, puis chez UBS, que ce soit pour son rachat du britannique Abbey National en 2004, ou son acquisition d’ABN Amro en 2007. Maintenant, Santander doit rassurer ses actionnaires. Jose Antonio Alvarez restera en poste.
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