
Le QE devrait peser sur les marges des banques européennes

Positif en termes de sentiment de marché, le programme d’assouplissement quantitatif dégainé par Mario Draghi ne devrait pas être tout rose pour le secteur bancaire. «La mise en œuvre du QE devrait avoir pour effet de déprimer les rendements des actifs à maturité plus longue, aplatissant la courbe des taux», notent les analystes de Nomura. Le directeur général d’UniCredit Federico Ghizzoni, interrogé depuis Davos sur Bloomberg TV, attend du QE «plus de liquidité et une certaine compression des marges compensée par un coût de financement plus bas».
De quoi mettre potentiellement les banques espagnoles sous pression étant donné les attentes élevées qu’elles suscitent en termes de niveaux de marge. «L’impact sur les marges des banques espagnoles et italiennes devrait cependant être amorti dans la mesure où l’essentiel des crédits dans ces pays est indexé sur les taux inférieurs à 1 an», nuancent les analystes d’Oddo.
Par ailleurs, «le QE devrait permettre une revalorisation des dettes souveraines, essentiellement en Europe du Sud et plus particulièrement en Italie et pour certaines banques espagnoles. En première approche, une baisse de rendement de 100 pb sur une dette de 1 milliard d’euros d’une duration de 3 ans implique une revalorisation de 30 millions d’euros. Les ratios de solvabilité des banques concernées devraient en bénéficier», ajoutent-ils.
«La décision du QE prise par la BCE est un important catalyseur pour le secteur, effaçant une certaine incertitude à court terme», résument leurs confrères de Nomura dans une note. Ils jugent cependant moins clair l’impact possible sur l’activité de crédit. Les dernières enquêtes sur le crédit bancaire montrant un assouplissement continu des conditions d’octroi, ils imaginent que cette situation puisse se renforcer grâce aux mesures de la BCE : non pas seulement le QE mais aussi les TLTRO dont le coût a été abaissé.
L’équipe de Morgan Stanley souligne de son côté un événement positif en terme de stabilité. «Le secteur devrait être l’un des principaux bénéficiaires de la réduction du risque systémique qui découlera d’un programme crédible de la BCE», estiment-ils. Federico Ghizzoni et Ana Botin, la présidente de Santander, ont toutefois souligné que beaucoup d’efforts restaient encore à accomplir en Europe du point de vue des réformes.
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