
Le « cloud » entre dans les moeurs
Les régulateurs ont beaucoup évolué dans leur compréhension des technologies du cloud et fixé quelques règles qui permettent aux acteurs de la finance d’en tirer un réel bénéfice. De nombreuses migrations vers le cloud sont en cours et certains établissements, comme My Money Bank veulent aller très loin. Banque de taille moyenne, spécialiste du crédit (4,7 milliards d’euros d’encours) aux professionnels et aux particuliers dans un modèle reposant sur des apporteurs d’affaires, My Money Bank s’est séparée de GE en 2017. Elle a donc eu à trouver rapidement des solutions pour reprendre la gestion de ses contrats de crédit ainsi que celle des portefeuilles acquis par son nouvel actionnaire, Cerberus Capital Management. « Aller dans le ‘cloud’ nous permet une intégration plus rapide et une montée en puissance plus souple lors du rachat de portefeuilles de crédits, tout en maîtrisant les coûts marginaux de traitement », résume Jean-Pierre Nelissen, directeur des systèmes d’informations et membre du comité exécutif, qui a mené une stratégie multicloud.
My Money Bank fonctionne ainsi sur trois clouds différents : les logiciels bureautiques, la suite Microsoft Office, sont placés naturellement dans Azure, le cloud de Microsoft, ERP ou progiciel de gestion et de comptabilité est hébergé chez Oracle et les applications digitales tournent dans Amazon Web Services (AWS). L’outil de CRM (customer relationship management) qui était Salesforce, nativement dans le cloud en mode Saas, a été basculé vers Microsoft Dynamics, également sur Azure. Enfin, My Money Bank a choisi pour core banking system Mambu, une plate-forme de bank as a service, elle aussi nativement dans le cloud (AWS). Les échanges entre les différents cloud sont cryptés et la sécurité a été confiée au SOC (security operations center) de Sogeti qui surveille le tout 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Si tout le système d’information n’est pas dans le cloud, My Money Bank montre qu’on peut l’utiliser largement sans être une néobanque.
Plus « élastique »
Autre exemple avec l’assureur crédit Euler Hermès, utilisateur d’AWS. « Nous traitons de grandes quantités de données pour évaluer le risque des transactions que nous assurons et nous devons prendre des décisions très rapides, explique Antoine Larmanjat, chief information officer (CIO). Par ailleurs, nous devons également être présents sur les plates-formes d’échange ou ‘marketplaces B2B’ où sont réalisés de plus en plus d’achats interentreprises. Nous ne sommes plus choisis seulement pour la qualité de nos produits, nous devons aussi offrir des services technologiques. » Euler Hermès s’intègre donc aussi dans les systèmes d’information de ses clients et fournit des API (interfaces de programmation) flexibles qui permettent d’apporter de nouveaux services plus fréquemment, tout en réalisant des gains de productivité.
Son activité mensuelle atteint les 600.000 transactions, dont 82 % gérés en temps réel. Face à une telle transformation, le recours au cloud était logique. « Le ‘cloud’ nous offre une infrastructure élastique qui s’adapte à nos besoins et qui offre un bon rapport coût / service rendu, estime Antoine Larmanjat. D’un système d’information monolithique, nous sommes passés à de multiples modules (microservices accessibles via API) qui peuvent être recombinés à l’infini. Cela nous permet de proposer de nouveaux produits plus rapidement, sans avoir à tout redévelopper, c’est la ‘recomposable value chain’ qui nous permet d’intégrer non seulement nos propres produits mais également des services de prestataires extérieurs et ainsi d’innover plus facilement. »
Par exemple, il est possible de mobiliser 2.000 machines durant quelques minutes pour faire tourner un modèle d’intelligence artificielle, de tester une offre très rapidement ou encore d’accéder aux dernières technologies sans en faire l’acquisition. Euler Hermès peut ainsi s’affranchir des contraintes pratiques et économiques liées à l’exploitation d’une infrastructure interne. Entre 40 % et 50 % des applications sont désormais construites directement dans le cloud et 10 à 20 % sont en cours de migration, un processus qui devrait s’étaler jusqu’à 2024.
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