L’Allemagne se prépare à supprimer les taux garantis pour l’assurance vie

La mesure, qui s’appliquera uniquement aux nouveaux contrats souscrits, devrait entrer en vigueur dès l’année prochaine.
Antoine Duroyon

Berlin se prépare à mettre un terme au système de taux garantis dans l’assurance vie. Selon la presse allemande, un projet de loi porté par le ministère des Finances prévoit d’abolir le taux minimum garanti pour les nouveaux contrats à compter de l’année prochaine. Le gouvernement prend acte d’un contexte difficilement tenable pour les assureurs vie, avec un décalage entre des taux garantis élevés et des rendements faibles. Le Bund à 10 ans évoluait autour de 0,57% hier.

Les acteurs de taille moyenne, dont la duration des actifs est plus courte que celle des poids lourds du secteur, sont les plus fragilisés. Des mesures ont déjà été prises ces dernières années pour contenir les risques : mise en place d’une réserve additionnelle de taux d’intérêt en 2011 (Zinzusatzreserve ou ZZR) et baisse du taux minimum garanti de 1,75% à 1,25% le 1er janvier dernier.

Cette suppression s’appliquera aux assureurs vie régis par Solvabilité 2, la directive leur imposant des exigences en capital renforcées s’ils promettent à leurs souscripteurs des rendements à long terme. La mesure est toutefois à relativiser puisqu’elle ne concernera que les affaires nouvelles. «Il faudra de nombreuses années avant que le stock ne soit liquidé, ce qui explique que les dispositions transitoires concernant certains produits soient si longues (16 ans). L’effet ne sera donc visible que dans un lointain avenir, c’est-à-dire pour les marchés financiers, une éternité», commente Rafael Villareal, analyste crédit de BNP Paribas.

Avec un taux minimum garanti moyen de 3,1% pour un portefeuille typique (investi à 15% en Bunds) selon Fitch Ratings, les assureurs vie allemands sont sous pression. L’agence de notation estime toutefois que les assureurs vie cotés seront en mesure d’honorer les taux garantis sur une longue période, même avec des rendements faibles, mais que leur rentabilité en pâtira fortement.

Certaines compagnies ont devancé le gouvernement et ne proposent plus de taux garantis pour leurs nouveaux contrats. C’est le cas entre autres de Generali, Zurich, Talanx, Axa ou encore Ergo, filiale de Munich Re. Allianz n’a pas suivi cette voie jusqu’à présent. Le leader du marché a lancé il y a deux ans un contrat sans taux garantis (Perspektive) mais avec des espérances de rendement plus attrayantes. Celui-ci représente désormais la moitié des ventes totales du groupe en assurance vie.

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