La révocation de la DG de Swedbank peine à convaincre

La banque suédoise a licencié Birgitte Bonnesen et pourrait renouveler prochainement son comité de direction. L’action a tout de même chuté de 7,8% hier.
Daxia Rojas

Après des semaines de quasi-inertie, Swedbank, au centre d’un scandale de blanchiment d’argent, s’est décidée jeudi, lors de son assemblée générale annuelle, à révoquer sa directrice générale, Birgitte Bonnesen, critiquée pour son manque de transparence. Le sort de la dirigeante a été scellé une heure avant le début de la réunion, lorsque les fonds Folksam, Alecta et AMF, qui détiennent à eux trois 16% du capital de la banque, ont déclaré avoir perdu confiance en elle. Les actionnaires ont ainsi voté contre une résolution déchargeant de toute responsabilité Birgitte Bonnesen pour l’exercice 2018, ce qui ouvre la voie à de possibles poursuites judicaires à son encontre. Âgée de 62 ans, la directrice générale de Swedbank, qui sera remplacée temporairement par l’actuel directeur financier Anders Karlsson, a été responsable du département audit du groupe entre 2009 et 2011, puis directrice des opérations dans les pays baltes jusqu’à 2014.

Or, la banque est accusée d’avoir fait transiter près de 20 milliards d’euros de fonds suspects par an à travers des opérations liées àDanske Bank dans les pays baltes entre 2010 et 2016. L’établissement fait l’objet d’enquêtes en Suède, Estonie, Lettonie et Lituanie. Parallèllement, les autorités financières suédoises ont perquisitionné mercredi les locaux de Swedbank dans le cadre d’une enquête pour délit d’initié. La banque aurait, en effet, prévenu à l’avance ses principaux actionnaires de la diffusion du reportage de la télévision publique suédoise (SVT) révélant l’affaire de blanchiment le 20 février dernier. Aux États-Unis, les autorités se penchent aussi sur Swedbank, qui aurait induit en erreur la justice dans le cadre d’une enquête sur les Panama Papers et ses liens avec le cabinet Mossack Fonseca. SVT a, par ailleurs, dévoilé mercredi que l’ancien directeur de campagne de Donald Trump, Paul Manafort, inculpé aux États-Unis pour fraude, avait reçu 1 million de dollars via la banque suédoise.

Tentant de restaurer la confiance de ses actionnaires, Anders Karlsson a déclaré «qu’il ne fallait pas s’inquiéter» pour le futur de la banque, qui était stable et financièrement robuste. Les fonds Alecta et AMF ont, de leur côté, précisé qu’une assemblée extraordinaire en vue d’élire un nouveau comité de direction n’était pas à exclure. Cela n’a pas suffi à rassurer les marchés. Depuis février, l’action Swedbank a plongé de 32%, soit une perte de capitalisation boursière de 7,4 milliards d’euros. Suspendu une grande partie de la journée, le titre a clôturé jeudi sur une chute de 7,8%.

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