
Comment la conformité est devenue une alliée des métiers
Passer de l’antagonisme à la synergie, c’est tout l’enjeu de la fonction conformité dans ses relations avec les métiers financiers. La conformité doit sortir d’une posture de refus pour apporter un conseil éclairé et aider les métiers à intégrer les bonnes pratiques. C’est à elle de créer sa culture propre, qui irrigue les entreprises et les sécurise. Le cabinet Talan Consulting a réalisé une étude auprès d’une trentaine d’acteurs de la banque de détail, de la banque privée mais aussi des associations professionnelles ou des autorités de régulation pour mieux cerner leur état d’avancement quant à l’intégration de la conformité dans les processus. « Un grand chemin a déjà été parcouru, estime José Dorrego, partner chez Talan Consulting, mais on peut encore constater une disparité de situations en matière de culture conformité, selon les métiers et les typologies de clientèle. Par exemple, la banque privée a intégré historiquement des postures associant ‘business’ et conformité, alors qu’en banque de détail, les pratiques sont moins matures. Or, chaque métier nécessite une application spécifique des pratiques de conformité. »
Impossible de plaquer des règles identiques sur tous les processus, il est nécessaire d’analyser le sens des textes réglementaires pour trouver les moyens et parfois les astuces techniques ou organisationnelles permettant de l’insérer naturellement dans une procédure commerciale, par exemple. Talan Consulting a souhaité présenter les initiatives de quelques banques en la matière et donner également la parole au régulateur lors d’une réunion organisée à Paris pour ses clients. Sur le fait que la conformité était souvent perçue comme une entrave à l’activité normale de l’entreprise, les intervenants ont précisé le diagnostic. Pour Karine Bourguignon, directrice des parcours clients au Crédit Agricole, « ce n’est pas la conformité en soi qui est un frein au ‘business’, c’est la façon dont elle est souvent mise en œuvre, par empilage de textes et d’obligations nouvelles dans les procédures ». Pour Marc Carlos, directeur adjoint de la conformité chez BNP Paribas, « lorsque les ‘process’ de conformité ne sont pas industrialisés, les chargés de clientèle doivent dédier un temps important aux tâches administratives, au détriment du temps commercial ». C’est pourquoi il est nécessaire de « prendre de la hauteur et de donner du sens afin que chacun à son poste puisse agir en conformité », a estimé Claire Castanet, directrice des relations avec les épargnants à l’AMF. Créer une culture de la conformité est donc un moyen de rendre chacun conscient et responsable de ses pratiques. Et c’est le rôle des collaborateurs de la conformité de transmettre le message en interne.
S’approprier les bonnes pratiques
Pour cela, l’imagination est la bienvenue. Le Crédit Agricole utilise par exemple la vidéo pour sensibiliser à la protection du consommateur et a mis en place un process digital de visualisation par les clients de leur patrimoine qui a permis d’augmenter largement le taux de renseignement du KYC (know your client) alors que ce n’était pas l’objectif principal. La conformité intégrée dans le processus métier est beaucoup mieux acceptée et donc plus efficace. BNP Paribas s’est attaqué à plusieurs aspects : le système de rémunération ne doit pas favoriser les comportements non conformes, les normes et standards ont fait l’objet d’échanges sur leur mise en oeuvre, la méthode « check & challenge » est pratiquée pour aider la conformité à expliquer les bonnes pratiques et les collaborateurs à se les approprier. BNP a également co-développé avec ses clients corporate une application permettant d’interroger les entreprises directement sur certains paiements, ce qui a réduit de 60 % le temps de traitement des transactions. Chez BPCE, « nous avons développé un jeu en ligne baptisé ‘Risk Pursuit’ pour former entre autres nos collaborateurs aux sujets de conformité, a raconté Florian Marsaud, directeur gouvernance des risques. Il a attiré plus du tiers d’entre eux dans l’année qui a suivi. La ‘gamification’ et le digital sont de bons outils pour toucher un public large, notamment les jeunes générations. »
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