
Ludovic Djebali : «L’offre de services autour des ETF est un axe très important pour nous»

Avec près de 56 milliards d’euros d’encours fin mars, l’activité ETF de State Street Global Advisors en Europe, a été soutenue ces derniers mois par quelques stratégies, dont celle dédiée aux actions à dividendes. Dans un environnement de marché volatil, le gérant continue de miser sur la recherche propriétaire qu’il met à disposition de ses clients.
En Europe, quelle partie de votre offre a le mieux résisté en 2022 et au début d’année, dans un contexte peu porteur ?
Ludovic Djebali : Si, aux Etats-Unis, le marché des ETF a été très dynamique l’an dernier, avec la deuxième meilleure collecte de l’histoire, il a effectivement été moins porteur en Europe. Au niveau de SPDR, nous avons néanmoins réussi à collecter 3,8 milliards d’euros grâce aux solutions différenciantes que nous apportons. Nous sommes en particulier très présents dans l’univers du smart beta via notre gamme « dividend aristocrats » qui a attiré 1,9 milliard d’euros de collecte l’an dernier. Le portefeuille de ces ETF est positionné de manière défensive, avec une sous-exposition au risque du marché, et cible des entreprises de qualité qui distribuent des dividendes élevés, stables et une croissance ininterrompue depuis 10 ans au minimum. Dans l’environnement d’incertitude actuel, ces stratégies séduisent les investisseurs, principalement sur un périmètre américain ou mondial l’an dernier, et davantage européen depuis le début de l’année.
Ces derniers mois, nous avons également vu le retour de flux importants sur nos ETF de dette émergente en devises locales : nous sommes le seul fournisseur du marché à avoir une part couverte en euros. Nous continuons aussi d’enregistrer des entrées sur notre ETF sur la dette corporate en zone euro de maturité comprise entre 0 et 3 ans, mais suivant une logique qui a évolué : en 2021, il était apprécié des investisseurs pour le rendement faible après frais qu’il parvenait à dégager dans un environnement de taux monétaires négatifs ; aujourd’hui, c’est son rendement de 4 % associé à une duration très faible qui séduit.
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Qu’en est-il de votre gamme d’ETF sectoriels ?
Cette expertise, que nous avons lancée aux Etats-Unis en 1998 puis importée en Europe, affiche une forte demande des clients français qui sont plus actifs que leurs homologues européens. En France, ces ETF sont par exemple utilisés pour réajuster la pondération sectorielle de fonds actifs, pour s’exposer quand il n’existe pas de futures, mais aussi pour essayer de tirer profit des rotations sectorielles à l’œuvre sur le marché. Ces cinq dernières années, il y a eu entre cinq et six secteurs qui ont surperformé l’indice MSCI Europe parmi les dix qui le composent. Mais le « market timing » peut s’avérer compliqué dans ce type d’approche.
Pour accompagner les investisseurs, nous avons donc développé une capacité de recherche dédiée ainsi que des outils d’analyse spécialisés comme la « Sector Momentum Map », disponible sur notre site. Cette offre de services en soutien de notre gamme d’ETF est un axe très important pour nous. Nous l’avons aussi développée dans d’autres domaines, notamment l’obligataire. Pour alimenter cette recherche, nous nous appuyons sur les flux et tendances des investisseurs constatés par notre maison-mère, State Street Bank qui détient plus de 10 % des actifs en conservation et/ou administration au niveau mondial. Nous avons également noué un partenariat avec Harvard et PriceStats, un fournisseur de données de haute fréquence sur l’inflation. Enfin, depuis l’an dernier, nous avons développé un pôle de vente dédié aux expositions obligataires en support des équipes de distribution en Europe. Ces spécialistes opèrent en complément de nos équipes de stratégistes experts en gestion et marchés obligataires.
Nous avons développé une capacité de recherche dédiée
Cherchez-vous à vous renforcer dans le segment des ETF ESG ?
Nous avons développé depuis 2020 un ETF d’obligations corporate américaines qui utilise l’expertise ESG de State Street Global Advisors. Son outil R-Factor combine les données des principaux fournisseurs de notation extra-financière en s’appuyant sur les points forts de chacun. Le SPDR Bloomberg SASB U.S. Corporate ESG UCITS ETF a déjà attiré 6,8 milliards de dollars. Il en existe d’autres déclinaisons, sur les obligations corporate européennes ou sur le high yield américain, mais les encours restent encore limités.
Nous avons aussi décliné sous format ESG d’autres ETF de notre gamme, comme les « dividend aristocrats » ou celui adossé au S&P500. Nous avons également une offre sur l’enjeu du climat, avec des ETF PAB (« Paris-aligned benchmark »). Au total, l’ESG pèse 14 % de notre encours européen. L’ensemble de notre offre en la matière est, depuis le début, classé dans la catégorie « article 8 » du règlement SFDR. Conscient que la réglementation allait évoluer, nous avions adopté une approche prudente en ne catégorisant aucun ETF en « article 9 ». Nous avons moins profité du dynamisme de la collecte sur ces produits dans un premier temps, mais nous avons aussi évité les déceptions.
Quelles sont vos priorités en termes de lancements ?
Notre objectif n’est pas de multiplier les lancements. Nous misons plutôt sur notre offre existante, que nous cherchons à améliorer en permanence. Nous pouvons par exemple ajouter une part pour laquelle le risque de change est couvert ou créer une déclinaison ESG d’un produit. Ce travail permanent sur notre offre, en collaboration avec nos clients, peut aboutir aussi à faire baisser les frais de gestion de certains ETF, comme nous l’avons fait récemment avec le SPDR MSCI ACWI Imi Ucits ETF.
Comment évolue le profil de votre clientèle ?
Nous avons une majorité de clients professionnels, allant de la banque privée à la caisse de retraite et à l’assureur pour son compte propre. Mais le marché européen est en train d’évoluer au profit d’une clientèle plus retail. Nous pensions que ce segment des épargnants particuliers décollerait sous l’effet de l’interdiction des rétrocessions, comme cela avait été le cas pour le marché américain dans les années 90. Mais le catalyseur semble ailleurs pour l’instant. Ce mouvement est en effet porté par le succès des plateformes digitales permettant d’investir chaque mois dans des ETF grâce à des plans d’épargne. C’est notamment le cas en Allemagne où le nombre de ces plans a connu une forte évolution ces dernières années.
Avez-vous des partenariats spécifiques avec ces plateformes ?
Pour l’instant, nous répondons aux nombreuses sollicitations et nous analysons la tendance. Nous sommes déjà référencés par un certain nombre d’acteurs de premier plan.
Quel est le poids de la France dans votre activité européenne ?
La région France Belgique Luxembourg est l’un des principaux marchés. Notre part de marché – sur laquelle nous ne communiquons pas – y est bien supérieure à celle que nous avons sur l’ensemble de l’Europe. C’est assez rare dans l’univers des ETF.
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