
Trésorier, une fonction tremplin

« J’ai toujours voulu faire de la trésorerie, au point de chercher et trouver la seule école qui proposait cette spécialité à l’époque : Sup de Co Lille, se souvient Emmanuel Arabian, 47 ans, directeur financement et trésorerie du groupe Seb (6,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires). J’ai commencé dans une salle des marchés BNP pour la gestion de taux. Mais je me suis rendu compte que je voulais mettre mon expertise au service d’une aventure concrète. » Pour aller de la banque à la finance d’entreprise, la trésorerie est l’une des passerelles à privilégier. Le témoignage d’Emmanuel Arabian est toutefois marqué d’un bémol : « La transition était loin d’être évidente, se remémore-t-il. J’ai fait mes armes chez un éditeur de logiciels – ce qui m’a incidemment permis de prendre une longueur d’avance en termes de systèmes d’information – avant de rejoindre Rémy Cointreau, Legrand, bioMérieux et enfin Seb ! »
Quand il arrive à son poste, en 2016, il s’investit dans l’opération d’acquisition de l’allemand WMF pour 1,7 milliard d’euros avec l’émission d’une obligation convertible et d’un Schuldschein ; dès ses premiers mois, ces choix sont stratégiques. Le temps et sa direction lui donnent raison. Les champs « naturels » des compétences pour un directeur financement et trésorerie sont le financement, la gestion des risques financiers et le cash management, mais ils peuvent s’étendre notamment à la responsabilité du credit management, des assurances et à la gestion de l’actionnariat salarié. Ce schéma est assez classique et se répète dans de nombreuses entreprises, comme chez Thales (15,8 milliards d’euros de chiffre d’affaires) avec Jean-Claude Climeau. Directeur de la trésorerie et des financements du groupe, il a su très tôt ce qu’il voulait faire : financer des projets, en particulier dans l’aéronautique. « J’ai commencé à le faire en banque, mais j’ai rapidement souhaité rejoindre l’industrie », se souvient-il. Grâce à sa première expérience, il se fait repérer par Airbus, ajoute des cordes à son arc et, au fil de son travail et de ses rencontres, se voit proposer un poste à Thales.
Bien au-delà du « cash »
Pendant vingt ans, il occupe au sein du groupe des fonctions de business développement en Asie et au Moyen-Orient, gère des financements internationaux, supervise la création de joint-ventures et s’occupe enfin des relations investisseurs. « J’ai pris ce poste au moment de la faillite de Lehman Brothers et nous entrions, peu après, dans une période compliquée de ‘profit warnings’, euphémise-t-il. Ce fut aussi intense que formateur. » Un constat probablement partagé par sa direction, qui le nomme à son poste actuel il y a un peu moins de trois ans. « Et je redécouvre un métier passionnant, à la fois technique et connecté au marché, à la macroéconomie, à la géopolitique, se réjouit-il. Car le métier a évolué bien au-delà de la seule gestion du ‘cash’. Depuis la crise des crédits ‘subprime’, le trésorier est l’interlocuteur privilégié en matière de gestion des risques financiers de l’entreprise (change, taux, liquidité, crédit). »
Une fonction stratégique et un salaire confortable. Selon l’Association française des trésoriers d’entreprise (AFTE) – dont les rencontres annuelles se sont tenues les 13 et 14 novembre derniers –, la moitié des trésoriers gagnent plus de 75.000 euros par an, la rémunération moyenne fixe s’établissant à 85.000 euros. La seule rémunération variable atteint 20 % de la rémunération fixe pour plus de 80 % des trésoriers (enquête « Trésorier d’entreprise », AFTE, novembre 2017). Surtout, endosser ce rôle constitue souvent une étape clé dans le parcours des intéressés. « Pour moi, le premier poste fut un marchepied, ou plutôt la première marche d’un escalier », raconte Catherine Clerc, 49 ans, actuelle trésorière Europe de Columbia Sportswear (entreprise américaine de vêtements de sport et de loisirs), avec la responsabilité des assurances depuis 2014. Elle commence sa carrière comme responsable du contrôle de gestion quand son entreprise de l’époque, Tereos Syral, la division céréalière du groupe Tereos (4,2 milliards d’euros de chiffre d’affaires), lui propose, en 1998, le poste de trésorier fraîchement créé. « Cela m’intéressait de rajouter à ma connaissance de l’interne un aspect relationnel avec les partenaires extérieurs », poursuit la trésorière.
Ce nouveau rôle lui va à merveille. Si bien qu’après huit ans de perfectionnement elle cherche à franchir une étape supplémentaire, en se tournant vers l’international. « C’est à ce moment que j’ai rejoint Columbia Sporstwear. Une de mes plus grandes fiertés est d’avoir réussi à unifier tous les flux européens sur une plate-forme unique à Strasbourg. Celle-ci gère plus de 80 comptes bancaires, avec plus de 20 sociétés en Europe positionnées dans 18 pays différents, ce qui est plus complexe qu’aux Etats-Unis, où se trouve la maison mère. » Une mue bienvenue. La trésorière va maintenant déployer sa solution de cash management après avoir présenté cet été sa méthodologie au siège, de l’autre côté de l’Atlantique.
Selon l’AFTE, les trésoriers estiment à 68 % bénéficier d’une image positive dans leur entreprise. A la tête de projets transverses, ils peuvent rapidement se faire remarquer s’ils allient à la rigueur une dose de créativité et une bonne capacité à gérer des projets d’envergure. Le métier ouvre une belle voie en interne. Sans surprise, la quasi-totalité des trésoriers se voient poursuivre leur carrière en entreprise, en trésorerie avec des responsabilités élargies (50 % des cas) ou en devenant directeurs financiers (23 %).
C’est le cas de Daniel Biarneix, 55 ans, directeur financier adjoint de Saint-Gobain. Dans sa vie professionnelle, il a été et est encore fidèle à ses deux passions : son entreprise et la finance. La trésorerie est une partie importante de cette histoire, même s’il ne s’y prédestinait pas. C’est en 1986 qu’il rejoint le fabricant de matériaux. Il y occupe d’abord des postes de contrôleur de gestion, puis de directeur financier de filiale, en France, en Allemagne, en Italie et au Brésil, avant d’être nommé, en 1995, directeur finance et stratégie de l’activité isolation, puis de l’activité vitrage. En 2004, il est promu directeur financier adjoint du groupe, avec des attributions de direction de trésorerie et financement, en charge également des relations avec les agences de notation, de la direction des assurances, puis, en 2009, des centres de services partagés (CSP) comptables.
« La trésorerie était la seule fonction financière que je ne connaissais pas : c’était la pièce manquante du puzzle, déclare-t-il. J’ai découvert que je ne pouvais pas compter sur mes expériences précédentes, car il s’agit de l’une des rares activités où nous sommes complètement exposés aux marchés. » Une activité charnière, qui induit une gymnastique intellectuelle entre la gestion des résultats, des coûts, des marges d’une part, et la négociation de la dette et la couverture du risque de change sur les marchés d’autre part. Difficile de trouver, en interne, des candidats ad hoc : « Lorsque nous recrutons pour la direction trésorerie, qui comprend une vingtaine de personnes, nous le faisons souvent à l’extérieur pour avoir des professionnels déjà formés à la trésorerie », confirme Daniel Biarneix.
Aujourd’hui, du fait de l’automatisation croissante des tâches administratives, les directions de la trésorerie n’étoffent que rarement leurs équipes. Les profils les mieux formés connaissant bien les marchés restent très recherchés. Mais à l’heure où les fintech multiplient les offres de services, l’atout maître est l’informatique. L’occasion, pour les candidats les plus à l’aise avec les nouveaux outils de gestion des flux et de paiement, de se distinguer. Toujours selon l’AFTE, l’innovation apportée par les fintech devrait être le facteur qui affectera le plus le métier dans les années à venir. Un besoin de compétences va émerger, tant du côté des start-up que des entreprises. A la clé, un nouveau parcours de carrière avec des passerelles entre ces deux mondes.
Pour aller plus loin, l’enquête « Trésorier d’entreprise », AFTE, novembre 2017 dans la version digitale de L’Agefi Hebdo
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