
Facebook s’apprête à lâcher son projet de cryptomonnaie diem

Il semble de plus en plus probable que diem, le projet de cryptomonnaie de Meta (Facebook), précédemment connue sous le nom de libra, ne se concrétisera jamais. L’association Diem « étudie la vente de ses actifs comme un moyen de restituer le capital à ses membres investisseurs », rapporte Bloomberg. Contacté par L’Agefi, Facebook n’a pas souhaité commenter ces informations « pour l’instant », sans les démentir.
On ne sait pas quels actifs l’association Diem possède, mais le groupe discute avec des banquiers de la vente de sa propriété intellectuelle et de la recherche « d’un nouveau foyer pour les ingénieurs qui ont développé la technologie », souligne l’agence de presse.
Si une vente devait avoir lieu, cela marquerait l’enterrement en règle de diem, le projet de cryptomonnaie porté par Mark Zuckerberg depuis 2019.
Lors son premier lancement sous le nom de libra, avec l’idée de créer son propre stablecoin, Facebook ambitionnait de révolutionner les services financiers mondiaux. Pour le lancer, il a collaboré avec 28 autres entreprises de taille, telles qu’Uber et Coinbase, au sien d’un consortium. Initialement, il comptait proposer un panier de devises Libra, avec notamment du dollar, de l’euro et du yen.
Entraves des régulateurs
Mais le consortium avec de puissants alliés n’a pas protégé le projet, vite passé au crible, puis entravé, par des régulateurs et des législateurs suspicieux face à ce réseau social aux 3 milliards d’utilisateurs qui voulait s’arroger un pouvoir suprême, celui de battre monnaie.
« Le projet était de nature à changer complètement la place de Facebook. Dès lors que la société intégrait dans sa messagerie la capacité à pouvoir échanger de l’argent, cela devenait un moyen de paiement par défaut. Cela soulevait un problème politique clé : Facebook aurait court-circuité les banques », estime Frédéric Montagnon, fondateur des plateformes LGO et Arianee.
Lorsque Mark Zuckerberg a été appelé à témoigner en octobre 2019 devant le Comité de la Chambre des États-Unis sur les services financiers, certains membres du consortium ont quitté le navire, tels Visa et MasterCard.
Résultat, les ambitions du projet Libra ont été revues à la baisse, et il a été rebaptisé Diem. Sous la pression des régulateurs du monde entier, l’association Diem indiquait en décembre 2020 qu’elle lancerait d’abord un premier actif digital, uniquement arrimé au dollar. Il était prévu ensuite d’autres stablecoins (des diem-euros, des diem-sterling, etc.) dans les zones disposant d’une monnaie stable.
Nouveau recul, en mai dernier, l’association qui gère diem a renoncé à demander une licence en tant que système de paiement auprès de l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (FINMA) suisse, et déménagé son siège de Genève vers les États-Unis. Diem a alors réduit un peu plus les limites de son ambition initiale : le projet se concentrerait sur le marché américain.
Un stablecoin adossé au dollar
« En soi, c’était déjà une erreur de Facebook de demander une licence en Suisse alors qu’ils n’en n’avaient pas besoin : en Suisse, créer une monnaie privée est laissé à la libre appréciation des marchés. La Finma était embêtée par ce qu’elle n’avait pas de solution à leur proposer », souligne Alexis Roussel, président et cofondateur de la société suisse de trading de cryptomonnaies Bity.
L’association Diem sortait alors une dernière cartouche, annonçant un partenariat avec Silvergate Bank, une banque spécialisée dans les cryptoactifs, pour lancer un stablecoin adossé au dollar, le diem USD, et non plus plusieurs stablecoins comme cela avait été initialement annoncé.
Mais l’opposition nette de la Réserve fédérale (Fed), la banque centrale américaine, a mis fin au projet : l’été dernier, les responsables de la Fed ont déclaré à Silvergate qu’ils n’étaient pas certains de lui donner leur feu vert sur ce projet, révèle Bloomberg.
Dernier coup de boutoir, quelques semaines plus tard, fin novembre, David Marcus, co-créateur de diem et en charge du groupe F2 (Facebook Financial) chez Facebook (Facebook Pay, Novi, paiements et services financiers), annonçait qu’il quittait la société.
Plus d'articles du même thème
-
Les gérants crédit abordent la rentrée sous tension
Le Panel Crédit de L’Agefi n’est plus aussi enthousiaste qu’à la veille de la période estivale. Si les fondamentaux et les flux de capitaux demeurent des soutiens solides, les valorisations inquiètent. -
Les gestions ne croient pas à une poursuite de la progression des Bourses
Le panel Actions table sur un léger recul du Nikkei et sur une stabilité du S&P 500 à un horizon de six mois. Les indices européens gagneraient moins de 4% sur la période, loin de rattraper leur retard. -
Les actions restent plébiscitées dans les portefeuilles des gérants
Les actifs risqués pèsent toujours 51% des allocations du Panel, même si un tiers des gestions ont renforcé leur poids, pour un quart d'entre elles qui l’ont allégé.
Sujets d'actualité
ETF à la Une

L'ETF d'Ark Invest, le casse estival de l'IPO de «Bullish»
- A la Société Générale, les syndicats sont prêts à durcir le ton sur le télétravail
- Revolut s’offre les services de l’ancien patron de la Société Générale
- Boeing essaie de contourner la grève en cours dans ses activités de défense
- Le Crédit Agricole a bouclé l'acquisition de Banque Thaler
- Les dettes bancaires subordonnées commencent à rendre certains investisseurs nerveux
Contenu de nos partenaires
-
Dissolution ou pas ? Le « socle commun » se prépare au pire, juste au cas où
Tous les partis ont entamé des préparatifs à des degrés divers, tout en espérant que la dissolution n'aura pas lieu. A Horizons notamment, les cadres martèlent que le parti est prêt pour imposer toujours un peu plus Edouard Philippe comme le candidat du bloc central pour la présidentielle -
Mistigri
«C'est pas ma faute ! Ce sont les autres » : le leitmotiv d'Emmanuel Macron
Le chef de l'Etat estime que s'il est responsable de la dissolution, il n'est pas comptable de ses conséquences, qu'il impute à l'incapacité des forces politiques à former une coalition -
François Bayrou à Matignon : un court passage marqué par l’échec sur la dette et une crise politique relancée
Paris - François Bayrou a forcé sa nomination à Matignon. A peine neuf mois plus tard, sauf énorme surprise, il quittera la rue de Varenne, sans avoir su forger de compromis sur la dette, son oeuvre promise depuis 30 ans, alimentant la crise politique qu’il était censé résoudre. A défaut d’avoir pu accéder à l’Elysée, brigué à trois reprises (2002, 2007, 2012), le centriste rêvait depuis sept ans de devenir Premier ministre. Il obtient au forceps sa nomination le 13 décembre, menaçant de lâcher Emmanuel Macron qu’il a largement contribué à faire élire. «J’ai toujours pensé que si un jour j’avais cette responsabilité, c’est que ça irait très mal. C’est à peu près les paroles de Clémenceau. Quand ils sont venus le chercher (en novembre 1917), il avait 76 ans et il a sauvé le pays», expliquait-il en 2022. Mais, au pied du mur de la dette, au coeur de ses campagnes présidentielles, il n’aura pas pu donner le premier coup de truelle. Car sans prévenir personne, il a choisi de solliciter, avant même les débats budgétaires, un vote de confiance, lundi, contre lequel voteront toutes les oppositions. «Les pieds sur terre» En choisissant le jour et l’heure de son départ, cet agrégé de lettres, figure de la vie politique française, élu local, député, eurodéputé et deux fois ministre, renoue avec le titre de sa biographie d’Henri IV : «le roi libre». Il a le «syndrome de la grenouille qui veut se faire plus grosse que le bœuf. Là c’est le bœuf qui redevient grenouille», tacle une opposante. Le costume de Matignon était-il trop grand ? Rue de Varenne, il gouverne en solitaire, entouré d’un cercle restreint de fidèles, privé de son inspiratrice Marielle de Sarnez, décédée en 2021, et pilotant lui-même sa communication, ce qui lui vaut moult bévues. A peine nommé, il est critiqué pour avoir choisi de se rendre à Pau, dont il a voulu rester maire, au lieu de participer à une réunion à Paris sur Mayotte, qui vient d'être dévastée par un ouragan. «Pau, c’est en France», explique maladroitement le Béarnais qui rejoint presque chaque semaine le berceau de son enfance pour «garder les pieds sur terre». C’est là que ce fils d’agriculteur est né --à Bordères, tout près-- le 13 mai 1951, qu’il a fondé une famille, nombreuse - six enfants -, et fait l’essentiel de sa carrière politique, de conseiller général à député, avant de s’engager auprès de Valéry Giscard d’Estaing au sein de l’UDF. C’est tout près de là aussi qu’ont lieu des violences physiques et sexuelles au collège-lycée de Bétharram, où il a scolarisé ses enfants, une affaire qui l’affecte personnellement et où il refuse d’admettre une forme de déni collectif, dont l’accuse pourtant sa fille. - «Mourir sur scène» - Privé de majorité, celui qui avait appelé à voter en 2012 pour François Hollande, obtient la bienveillance des socialistes sur le budget 2025 en rouvrant des discussions «sans tabou» sur la réforme des retraites. Et ce en dépit de frottements répétés avec la gauche, quand il évoque un sentiment de «submersion» migratoire ou conditionne les concertations. Mais le «conclave» se solde sur un échec cinglant pour ce défenseur de la «démocratie sociale», qui remet le RN au centre du jeu. Il a pourtant joué les prolongations comme sur d’autres dossiers, alimentant les procès en inaction, pendant que les poids-lourds et présidentiables de son gouvernement n’en font qu'à leur tête, dans une joyeuse cacophonie. Pour contrer les accusations d’immobilisme, il présente en juillet un sévère plan de redressement des finances publiques, qu’il voit comme son «moment de vérité» visant à provoquer un «électrochoc» dans l’opinion, alors qu’il bat des records d’impopularité. Un membre du gouvernement le met en garde contre le scénario d’un Premier ministre qui voudrait «mourir sur scène», piquant au vif celui qui se compare volontiers à Pierre Mendès-France, resté huit mois à Matignon et dont «on parle encore». Il sentait que les concessions allaient «lui coûter trop cher» et «tuer son narratif» sur la dette, avance un responsable centriste. Un conseiller craint qu’il reste celui qui «n’a pas été capable d’aller au bout du truc». «Bayrou pense qu’il a sauvé le pays mais en réalité il le plonge dans la crise». Au risque d’une nouvelle traversée du désert ? Le président du MoDem, qui attend un deuxième procès dans l’affaire des assistants de ses eurodéputés, assure que ses «aventures» politiques ne sont pas «finies», mais réfute tout «plan» visant à favoriser une nouvelle candidature à l’Elysée. © Agence France-Presse