
Olivier Vaury : «ManoMano se focalise sur sa croissance organique»

L’Agefi : La crise sanitaire a été une aubaine pour l’ensemble du secteur du e-commerce. ManoMano en a-t-il aussi bénéficié ?
Olivier Vaury : Notre volume d’affaires résume à lui seul la formidable croissance enregistrée par ManoMano l’an dernier. Il a été multiplié par deux par rapport à 2019 sur l’ensemble de nos pays. Nous cumulons désormais 50 millions de visiteurs uniques par mois en France – où nous réalisons encore la majorité de nos ventes –, mais aussi en Angleterre, en Italie, en Belgique, en Espagne et en Allemagne. Ces chiffres témoignent de la capacité de ManoMano à saisir des opportunités en pleine crise sanitaire. Nous avons la chance d’être à la croisée de deux tendances de fond que sont les accélérations du commerce en ligne et du marché de la maison. De facto, nous avons observé la digitalisation de notre marché qui était pourtant en retard par rapport à d’autres segments de la distribution.
Face à une telle croissance, la direction de ManoMano réfléchit-elle à une nouvelle augmentation de capital ?
Nous avons enregistré notre dernière levée de fonds il y a tout juste un an, à hauteur de 125 millions d’euros. Cette somme nous a donné les moyens d’investir fortement dans le développement géographique de notre marketplace et sur les piliers stratégiques que sont le conseil et les services que nous apportons à nos 3.600 marchands, comme la logistique. Mano Fulfillment a vu le jour en France il y a deux ans, pour que les retailers puissent nous confier leurs produits afin que nous puissions en assurer le stockage et l’expédition au client final. Ce service a aussi été lancé en Espagne il y a près d’un an, et il y a quelques semaines en Italie. En parallèle, notre offre ManoMano Pro, lancée dans l’Hexagone en 2019 et dédiée aux professionnels, a ouvert en Espagne et en Italie en fin d’année dernière. Ces projets nécessitent de nombreux recrutements (350 nouveaux collaborateurs sont prévus en 2021), mais nous ne communiquons pas sur notre consommation de cash. Ceci étant, la levée précédemment réalisée couvrira sans aucun problème nos besoin en 2021.
Comptez-vous vous appuyer sur votre actionnariat notamment composé de fonds américains et asiatiques pour émerger en dehors d’Europe ?
Notre volume de ventes en dehors de France croît plus rapidement encore que sur notre marché historique. Il y a là un phénomène de rattrapage qui se traduit par une conquête de parts de marché, partout où nous sommes présents. Cependant, la taille du marché européen est énorme, puisqu’il représente près de 200 milliards d’euros pour les particuliers et autant pour les professionnels. Cela nous laisse encore une très belle marge de progression dans les années à venir. A terme, nous ne sommes pas fermés à cette option, même si ce n’est pas le projet à court terme. La direction de ManoMano a souhaité opter pour un actionnariat géographiquement diversifié pour pouvoir s’appuyer sur leurs expertises et leurs benchmarks. Ces fonds disposent en effet d’un nombre important d’entreprises partout dans le monde, qui peuvent venir nourrir notre propre développement.
La croissance externe figure-t-elle sur votre feuille de route ?
Jusqu’à présent, ManoMano a eu un développement exclusivement organique. Nous avons construit notre propre plateforme technologique sans faire appel à des solutions externe de marketplace car la spécificité de notre marché nous impose de créer des outils et des services adaptés. Sur nos 150 collaborateurs, près de la moitié sont des développeurs, ingénieurs et data scientists. Nous allons donc continuer à être focalisé sur notre croissance organique, même si par principe nous n’excluons aucune opportunité de croissance externe.
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