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Biais émotionnels et sociaux

Un chocolat à la pistache vendu sous clé, des tulipes à prix d’or, des rayons de papier toilette pris d’assaut… Ces scènes, aussi absurdes qu’emblématiques, révèlent une vérité troublante : nos décisions, même les plus sérieuses, sont souvent guidées par l’instinct plutôt que par la raison. Et dans le monde de la finance, cette tendance peut coûter cher.
Les marchés ne sont pas seulement influencés par les algorithmes ou les tendances économiques. Ils sont aussi le théâtre de nos émotions : peur, euphorie, panique, avidité. Une récente étude d’Allianz Global Investors le confirme : même les investisseurs les plus aguerris peuvent se laisser piéger par leur propre intuition. Ce phénomène, bien connu des économistes comportementaux, repose sur ce que Daniel Kahneman appelle les deux systèmes de pensée : l’un rationnel, l’autre impulsif. Goethe, lui, parlait de « deux âmes » en lutte dans le cœur humain.
Mais que se passe-t-il quand l’ange impulsif prend le dessus ? En 2024, le « chocolat de Dubaï » devient viral en Allemagne. Promu par des influenceurs, il déclenche une ruée dans les supermarchés, où il est rationné comme un produit de luxe. Derrière cette frénésie, un mécanisme bien connu : le FOMO, ou la peur de passer à côté. Ce même réflexe grégaire a alimenté des bulles financières historiques, de la tulipomanie du XVIIe siècle à la bulle Internet des années 2000, en passant par les cryptomonnaies et les actions GameStop.
Et lorsque la peur s’installe, elle peut provoquer des réactions tout aussi irrationnelles. Souvenez-vous du printemps 2020 : la pandémie éclate, et les consommateurs se ruent sur le papier toilette, malgré les assurances des industriels. Sur les marchés, cette panique se traduit par des ventes massives à la moindre alerte, comme lors du « Lundi noir » de 1987, où les indices ont chuté de plus de 20 % en une seule journée. À l’inverse, la cupidité pousse les investisseurs à acheter des titres surévalués, séduits par des promesses de gains rapides. Nokia, par exemple, représentait jusqu’à 70 % du marché boursier finlandais en 2000, malgré des signaux faibles sur la solidité de son modèle économique.
Ces biais émotionnels et sociaux ne sont pas des anomalies : ils sont profondément ancrés dans notre fonctionnement cognitif. Et même les investisseurs les plus expérimentés peuvent en être victimes. Les réseaux sociaux, les médias, les tendances du moment… tout cela alimente notre instinct grégaire et nos réactions impulsives. Dans un environnement où l’information circule à grande vitesse, il devient de plus en plus difficile de garder la tête froide.
Alors, comment s’en protéger ? Une réponse possible réside dans l’investissement systématique. Contrairement aux décisions humaines, influencées par l’humeur du jour ou les modes passagères, les stratégies systématiques reposent sur des données objectives et des règles claires. Elles ne connaissent ni peur, ni euphorie. Elles évaluent les entreprises selon des critères concrets – bénéfices, valorisation, solidité financière – et agissent uniquement lorsque les conditions sont réunies.
Bien sûr, cette approche n’est pas infaillible. Les algorithmes sont conçus par des humains, et peuvent eux-mêmes intégrer des biais ou des erreurs. L’effondrement quantitatif de 2007 l’a montré : des modèles trop similaires ont conduit à des comportements mimétiques, reproduisant exactement ce que l’on cherchait à éviter. Mais en diversifiant les styles d’investissement et en s’appuyant sur des processus rigoureux, l’investissement systématique offre une boussole précieuse dans un univers souvent dominé par l’instinct.
Dans cet article, nous vous proposons de plonger au cœur de ces biais émotionnels et sociaux, d’en comprendre les mécanismes, et de découvrir comment une stratégie comme Best Styles peut vous aider à investir avec plus de lucidité – et un peu moins de passion.