
L’Italie rassure les marchés

Les rumeurs indiquant que le gouvernement italien pourrait finalement abaisser légèrement son objectif de déficit public à 2 ou 2,1% du PIB pour l’an prochain, alors qu’il s’était jusqu’ici obstiné à le maintenir à 2,4%, ont fait très fortement chuter les rendements des obligations d’Etat italiennes ce matin sur l’ensemble de la courbe. A environ 3,25%, le rendement italien 10 ans enregistre ainsi un mouvement de détente de 15 pb aujourd’hui et de 35 pb depuis environ une semaine, ce qui a permis au spread contre le Bund allemand de se resserrer d’autant. Mais c’est la partie courte qui a le plus bénéficié de ce mouvement, avec une chute du rendement des BTP à 2 ans de 70 pb depuis une semaine, à 0,70%, et un spread à environ 125 pb, soit son plus bas niveau depuis la mi-septembre.
Reuters indiquait ce matin que le gouvernement de coalition italien discutera ce soir lors d’une réunion extraordinaire d’une possible réduction de l’objectif de déficit 2019 à 2,0%-2,1%. Réduire l’objectif de déficit budgétaire italien n’est pas un problème, du moment que les mesures prévues - instauration d’un revenu de citoyenneté et abaissement de l'âge de la retraite - restent en place, a même indiqué ce matin Luigi Di Maio, le chef de file du Mouvement 5 Etoiles et vice-président du Conseil. L’autre vice-président du Conseil, Matteo Salvini, qui est également ministre de l’Intérieur et secrétaire fédéral de la Ligue, a quant à lui laissé entendre hier qu’il n'était pas hostile à l’idée de légères modifications concernant l’objectif de déficit, et a ainsi ouvert une brèche dans les négociations avec Bruxelles.
Après la demande nettement plus faible que prévu réunie la semaine dernière lors de l’adjudication des BTP Italia indexés sur l’inflation, en partie réservée aux investisseurs particuliers, la détente enregistrée par les BTP sur le marché secondaire pourrait permettre au Trésor italien de placer plus facilement les 3,5 milliards qu’il souhaite lever demain pour l’abondement des deux lignes de titres novembre 2020 et mai 2023, et de concéder des niveaux de rendements inférieurs.
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Ariane 6 : moins de vols que prévu en 2025, mais un premier lancement pour Amazon en ligne de mire
Paris - Ariane 6 décollera cette année moins que prévu, mais pourrait signer sa première mission pour la constellation Kuiper d’Amazon, son principal client commercial dont le poids dans le carnet de commandes interroge sur la vocation de la fusée européenne, symbole de la souveraineté spatiale retrouvée. Le nombre de lancements d’Ariane 6 a été revu à la baisse de cinq à quatre pour 2025, a annoncé mardi le patron d’Arianespace David Cavaillolès tout en dédramatisant la situation. «Ce n’est pas une mauvaise nouvelle (...). Ce qui compte, ce n’est pas que nous en fassions un de moins, mais que nous (en) confirmions quatre, ce qui représente l’une des montées en puissance les plus rapides jamais réalisées» après le vol inaugural d’Ariane 6 en juillet 2024, a-t-il déclaré au cours d’un petit-déjeuner de presse en marge de la semaine internationale de l’espace (WSBW) à Paris. En 2026, «ce sera plus ou moins le double», a-t-il poursuivi. La prochaine mission enverra un satellite Sentinel pour le programme Copernicus d’observation de la Terre de l’Union européenne dont la date sera annoncée «plus ou moins un mois avant le vol», a dit le responsable. «Le satellite est arrivé à Kourou, les opérations ont commencé. Jusqu'à présent, aucun problème dans cette campagne». - Kuiper comme entraînement pour Iris²- Le dernier lancement de l’année pourrait concerner soit la constellation européenne de navigation Galileo, soit le premier vol pour la constellation Kuiper d’Amazon, un client majeur d’Ariane 6, qui a sécurisé 18 lancements sur une trentaine dans le carnet de commandes. Ce poids alimente les craintes de voir un lanceur conçu pour garantir la souveraineté spatiale européenne dépendre d’un client commercial étranger. Interrogé par l’AFP sur la question de savoir si miser sur Kuiper n’était pas contradictoire avec la logique d’un lanceur européen souverain, David Cavaillolès a estimé que cette expérience était «très utile pour l’avenir». «A travers Kuiper, nous apprenons à déployer une mégaconstellation et il y aura très probablement de plus en plus de projets comme celui-ci», dont la constellation Iris², un projet phare de l’Union européenne qui vise à assurer une connectivité sécurisée et souveraine et dont le déploiement est prévu à partir de 2029. «Je ne vois aucune contradiction entre faire Kuiper et demain Iris², OneWeb (constellation commerciale de satellites en orbite basse) ou autre», a-t-il dit. A ce stade, près des deux tiers des clients d’Ariane 6 sont commerciaux, a souligné le patron d’Arianespace. «Nous faisons le maximum pour conserver le pilier institutionnel, car c’est notre ADN, c’est un vecteur de souveraineté et de pouvoir» tandis que le volet commercial est «un levier de soft power». «Je tiens à conserver les deux dimensions», a-t-il insisté. Trop cher Augmenter le nombre de satellites par lancement n’est pas actuellement à l’ordre du jour en raison de la complexité de telles missions et du manque de réglementation, a souligné David Cavaillolès. «Peut-être que dans deux ou trois ans, si nous lançons un satellite de type Sentinel, nous pourrons en embarquer d’autres. Pour l’instant, nous nous concentrons sur l’exécution de la mission principale», insiste-t-il. Quant aux critiques concernant le prix des lancements d’Ariane 6, beaucoup plus élevés que ceux de fusées réutilisables menés par SpaceX d’Elon Musk, David Cavaillolès a refusé de donner des estimations précises tout en rappelant que les premiers exemplaires du lanceur étaient toujours «plus coûteux à produire». «Aujourd’hui, nous signons des contrats, ce qui signifie que nous sommes sur le marché. Mais il y a clairement un défi pour voir comment les prix évoluent en fonction du succès ou non d’autres lanceurs», a-t-il admis. Depuis une décennie, la révolution des lanceurs réutilisables menée par SpaceX a profondément transformé le secteur. Pour l’Europe, la question des coûts est devenue centrale pour rester compétitive face à des acteurs privés agressifs, mais aussi pour préserver un accès souverain à l’espace qui ne saurait être fragilisé par une dépendance aux prix du marché. Olga NEDBAEVA © Agence France-Presse -
Un an après, l’Europe n’a pas enclenché l’électrochoc prôné par Mario Draghi face au risque de « décrochage »
Bruxelles - «Notre modèle de croissance s'érode, nos vulnérabilités s’accroissent, le financement des investissements requis n’est pas clairement tracé». Un an après la remise d’un rapport choc qui mettait en garde contre le «décrochage» économique du Vieux continent face aux Etats-Unis et à la Chine, Mario Draghi, ancien président de la Banque centrale européenne, a exhorté mardi l’Europe à sortir de sa «lenteur» et mener des réformes pour redresser sa compétitivité. Invité par la Commission européenne à dresser un premier bilan, douze après la remise de ses préconisations, l'économiste italien et ancien président de la Banque centrale européenne n’a pas mâché ses mots. Tout en saluant la détermination à agir de la Commission, qui avait endossé son diagnostic et a lancé depuis de multiples initiatives inspirées de ses recommandations, le professeur Draghi a jugé que «les entreprises et les citoyens (...) sont déçus par la lenteur de l’Europe, et son incapacité à aller aussi vite» que les Etats-Unis ou la Chine. «L’inaction menace non seulement notre compétitivité, mais également notre souveraineté», a-t-il prévenu, regrettant que «les gouvernements n’aient pas conscience de la gravité de la situation». Progrès «mitigés» Selon les calculs du centre de réflexion bruxellois EPIC, seulement 11% des 383 recommandations faites par M. Draghi dans son rapport sur «l’avenir de la compétitivité européenne» ont été mises en oeuvre totalement, et environ 20% de manière partielle. Les économistes de Deutsche Bank Marion Muehlberger et Ursula Walther jugent également dans une note que «les progrès dans l’ensemble sont mitigés», avec des «réformes substantielles» mises en oeuvre ou engagées, mais sans qu’il y ait de quoi bouleverser la donne à ce stade. Parmi les principales avancées, la relance de l’industrie de défense. L’urgence de réarmer l’Europe face à la menace russe a poussé les 27 à se lancer dans un effort de réindustrialisation collectif, avec une agilité remarquée. La semaine dernière, la Commission a ainsi annoncé avoir alloué 150 milliards d’euros de prêts à 19 pays, dans le cadre d’un ensemble de mesures visant à mobiliser jusqu'à 800 milliards d’euros. L’Europe s’est également dotée d’une plateforme commune pour sécuriser ses approvisionnements en matières premières «critiques», et a multiplié les initiatives dans le domaine de l’intelligence artificielle. Autant de réalisations mises en avant par la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, qui, en recevant Mario Draghi, a reconnu la nécessité d’aller plus vite pour redresser la barre. «Sentiment d’urgence» Elle a assuré que la commission «maintiendra sans relâche le cap jusqu‘à ce que tout soit accompli», et à enjoint les autres institutions européennes à se joindre au mouvement, en particulier le Parlement, qui n’a toujours pas adopté une série de lois de simplification réglementaire dites «Omnibus». «Nous avons besoin d’une action urgente pour faire face à des besoins urgents, car nos entreprises et nos travailleurs ne peuvent plus attendre», a-t-elle exhorté. Selon Deutsche Bank, ces mesures de simplifications pourraient faire économiser de l’ordre de 9 milliards d’euros par an aux entreprises européennes. La cheffe de l’exécutif européen appelle aussi à mettre en oeuvre «avec un sentiment d’urgence» le parachèvement du marché unique, un vaste projet consistant à lever d’ici 2028 de multiples barrières internes qui continuent de freiner l’activité économique dans de nombreux secteurs. D’après le Fonds monétaire international, ces entraves représentent l'équivalent de 45% de droits de douane sur les biens, et de 110% sur les services. Pour Simone Tagliapietra, expert à l’institut Bruegel, «le message de M. Draghi est très clair: soit l’Europe change de modèle économique, soit elle est condamnée à périr». Et cela s’adresse en priorité aux Etats membres, là où réside selon lui le principal obstacle aux réformes. Frédéric POUCHOT © Agence France-Presse -
Budget 2026 : LFI refuse l’invitation de Sébastien Lecornu à Matignon
Paris - La France insoumise a refusé l’invitation du nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu, qui reçoit mercredi à Matignon les responsables de gauche dans le cadre de ses consultations en vue de préparer le budget 2026, a indiqué mardi la cheffe des députés LFI Mathilde Panot. Mme Panot a indiqué avoir reçu un coup de téléphone lundi soir de Matignon pour inviter LFI mercredi matin, et précisé que son groupe ne s’y rendrait pas, comme cela avait déjà été le cas lorsque François Bayrou avait voulu les consulter. «Les Insoumis n’ont absolument rien à négocier avec les macronistes (...) qui n’ont aucune légitimité pour continuer une politique dont personne ne veut», a déclaré la présidente des députés Insoumis en conférence de presse. Elle a fustigé un coup de fil «tardif, vers 21H00», déplorant un «sens du timing (...) extrêmement méprisant». Depuis sa nomination le 9 septembre, Sébastien Lecornu a commencé ses consultations avec d’abord les partis de son «socle commun» (bloc central et LR), puis les syndicats et organisations patronales. Mardi après-midi, il reçoit des représentants de la galaxie centriste: le groupe parlementaire Liot (Libertés, indépendants et outre-mer et territoires) à 16H00, le Parti radical à 17H15, le Parti radical de gauche (PRG) à 18H15 et le parti Utiles (proche de Liot) à 19H30. Mercredi, les responsables du Parti socialiste, des Écologistes et du Parti communiste seront reçus dans la matinée. Le RN de Marine Le Pen et Jordan Bardella sera également reçu le même jour, de même que Place publique, la formation social-démocrate de Raphaël Glucksmann, a fait savoir Matignon sans préciser les horaires de ces entretiens. Viendra enfin jeudi le tour d’Eric Ciotti et son Union des droites pour la République (UDR). © Agence France-Presse