Blocage. L’institution avait été prévoyante. Selon ses derniers chiffres, diffusés en février, la Banque centrale de Russie (CBR) disposait de 630 milliards de dollars de réserves, destinées à soutenir le rouble en cas de turbulences sur les marchés. Las, les sanctions prises par les pays occidentaux devraient neutraliser une part importante de ces fonds. D’une part, pour puiser dans les 311 milliards de titres, très liquides – l’essentiel est noté A ou mieux –, la banque centrale doit s’appuyer sur un réseau de banques correspondantes à l’étranger, qui vendront les titres puis transféreront l’argent à l’institution. La déconnexion de la Russie du système Swift va bloquer ces transactions. Quant aux réserves de changes, les banques centrales de l’Eurosystème (qui détiennent environ un quart de ces réserves) ont d’ores et déjà annoncé un gel des comptes de la CBR. Un tiers du total reste toutefois détenu par la CBR et la Banque populaire de Chine. Reste l’or, dont l’entièreté est détenue dans des coffres russes, selon le rapport annuel de la CBR. Cela complique la mise en place de sanctions visant cet actif, mais aussi le processus de vente : les banques centrales entreposent en général une partie de leur or à Londres ou New York, les deux piliers du marché mondial pour le métal précieux. Il reste toutefois possible à la Russie de vendre ailleurs son or, quitte à subir une décote, mais il sera difficile de l’échanger en larges quantités.