L’actualité des grandes banques centrales de la planète, celles de la zone euro (BCE), des Etats-Unis (Fed), du Royaume-Uni (BoE), du Japon (BoJ). Nos analyses et éclairages sur les politiques monétaires mises en œuvre par ces autorités au cœur de l’économie mondiale.
Blocage. L’institution avait été prévoyante. Selon ses derniers chiffres, diffusés en février, la Banque centrale de Russie (CBR) disposait de 630 milliards de dollars de réserves, destinées à soutenir le rouble en cas de turbulences sur les marchés. Las, les sanctions prises par les pays occidentaux devraient neutraliser une part importante de ces fonds. D’une part, pour puiser dans les 311 milliards de titres, très liquides – l’essentiel est noté A ou mieux –, la banque centrale doit s’appuyer sur un réseau de banques correspondantes à l’étranger, qui vendront les titres puis transféreront l’argent à l’institution. La déconnexion de la Russie du système Swift va bloquer ces transactions. Quant aux réserves de changes, les banques centrales de l’Eurosystème (qui détiennent environ un quart de ces réserves) ont d’ores et déjà annoncé un gel des comptes de la CBR. Un tiers du total reste toutefois détenu par la CBR et la Banque populaire de Chine. Reste l’or, dont l’entièreté est détenue dans des coffres russes, selon le rapport annuel de la CBR. Cela complique la mise en place de sanctions visant cet actif, mais aussi le processus de vente : les banques centrales entreposent en général une partie de leur or à Londres ou New York, les deux piliers du marché mondial pour le métal précieux. Il reste toutefois possible à la Russie de vendre ailleurs son or, quitte à subir une décote, mais il sera difficile de l’échanger en larges quantités.
La Banque du Canada enclenche à son tour sa normalisation monétaire. Elle a, comme prévu, annoncé mercredi un relèvement de son taux directeur de 25 points de base (pb) à 0,50%, sa première hausse depuis octobre 2018, et dit s’attendre à une augmentation encore malgré les incertitudes liées à la crise ukrainienne. Dans sa déclaration de politique monétaire, la banque centrale souligne que l’invasion de l’Ukraine par la Russie constitue une «nouvelle source majeure d’incertitude», en notant que les prix du pétrole et d’autres matières premières ont enregistré une forte hausse tandis que de nouvelles perturbations dans l’approvisionnement pourraient peser sur la croissance mondiale. L’inflation au Canada a atteint 5,1% en janvier, soit un sommet de 30 ans.
La Banque du Canada enclenche à son tour sa normalisation monétaire. Elle a, comme prévu, annoncé mercredi un relèvement de son taux directeur de 25 points de base (pb) à 0,50%, sa première hausse depuis octobre 2018, et dit s’attendre à une augmentation encore malgré les incertitudes liées à la crise ukrainienne.
La Banque populaire de Chine (PBoC) ajustera la force, le rythme et l’orientation de sa politique monétaire selon les besoins, a-t-elle déclaré lundi dans un message sur son compte officiel Wechat.
Les swaps euro-dollar à 3 mois, qui permettent aux entreprises de couvrir leur taux sur les changes, ont chuté de 26 points de base (pb) à -49,5 pb. De la même manière, les swaps yen-dollar 3 mois ont vu leur écart chuté de 29 pb à -64. Cela reste dans les deux cas moins que cet automne, mais cela confirme la forte demande des marchés monétaires partout dans le monde pour les encours et les couvertures en dollars depuis jeudi et l’invasion russe en Ukraine.
D’aucuns reconnaîtront ici une adaptation de la citation célèbre du philosophe Friedrich Nietzsche qui vient nous rappeler un principe fondamental qu’il convient aussi d’appliquer en finance : douter de ses propres convictions.
Les gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE) se rencontraient jeudi midi à Paris pour une «réunion informelle» devant aborder un «large éventail de sujets» afin de préparer la réunion de politique monétaire du 10 mars. Aucune décision n’était prévue et ne peut a priori être envisagée, même si l’invasion de l’Ukraine par la Russie dans la nuit fait naître la perspective d’une nouvelle hausse des coûts de l’énergie, de tensions dans le secteur financier et d’une baisse des échanges commerciaux en zone euro. L’offensive russe, qui a déjà eu pour conséquence de porter le cours du pétrole Brent à plus de 105 dollars/baril, risque de touvher l’inflation et la croissance du bloc européen.
Le gouverneur de la Banque d’Angleterre (BoE), Andrew Bailey, a déclaré mercredi devant le Parlement britannique qu’il existait «très clairement» un risque que l’inflation, qui atteint son plus haut niveau depuis 30 ans, s’ancre dans l'économie britannique si un cycle de hausse des prix continue de faire grimper les salaires. L’inflation britannique a atteint son plus haut depuis 1992 en janvier à 5,5% et la BoE s’attend à ce qu’elle culmine à environ 7,25% en avril lorsqu’une augmentation de 54% des tarifs réglementés de l'énergie domestique entrera en vigueur. Le banquier central a précisé qu’il y avait aussi des risques que l’inflation soit inférieure aux prévisions de la BoE au cours des trois prochaines années, exhortant les investisseurs à ne pas se laisser emporter par les paris sur les futures hausses des taux d’intérêt.
Le gouverneur de la Banque d’Angleterre (BoE), Andrew Bailey, a déclaré mercredi devant le Parlement britannique qu’il existait «très clairement» un risque que l’inflation, qui atteint son plus haut niveau depuis 30 ans, s’ancre dans l'économie britannique si un cycle de hausse des prix continue de faire grimper les salaires. «Il y a très clairement un risque à la hausse. Le risque … vient des effets de second tour», a-t-il déclaré.
Les marchés actions européens ont rechuté lundi dans un climat extrêmement tendu entre la Russie, d’une part, et l’Ukraine et ses alliés occidentaux, d’autre part.