
Coinbase contraint de freiner sa croissance

La plus grande Bourse de cryptomonnaies aux Etats-Unis a indiqué qu’elle allait «ralentir les embauches», alors que la volonté affichée en début d’année était initialement de tripler la taille de l’entreprise.
La note publiée mardi matin à destination des employés par Emilie Choi, présidente et cheffe des opérations chez Coinbase, intervient en pleine baisse du marché des cryptomonnaies, qui a perdu près de 44% depuis le début de l’année, passant de 2.200 milliards de dollars de capitalisation à 1.250 milliards de dollars, dont une perte de 600 milliards la semaine dernière. Des scénarios anticipés, selon Coinbase : «Les ralentissements du marché peuvent être effrayants. […] Mais nous prévoyons tous les scénarios de marché et nous commençons à mettre certains plans en pratique.»
«Not your keys, not your coins»
Cette note confirme les difficultés de Coinbase depuis le début de l’année. La semaine dernière, la société cotée au Nasdaq avait présenté des résultats nettement en baisse pour le premier trimestre de l’année, avec un revenu net de 1,17 milliard de dollars, contre 1,60 milliard il y a un an. Son volume de transactions était également en baisse sur un an, passant de 335 milliards de dollars à 309 milliards de dollars. Dans le même temps, l’entreprise annonçait également avoir perdu plus de deux millions d’utilisateurs actifs sur la même période. Autre baisse remarquable : le cours de son action, qui a chuté de plus de 75% depuis janvier.
Dans la foulée, Coinbase avait provoqué un mini tollé au sein de la sphère crypto en transmettant un document au gendarme de la Bourse américain, la Securities and Exchange Commission (SEC), dans lequel il était expliqué qu’en cas de faillite les cryptomonnaies détenues sur la plateforme par ses clients pourraient servir à rembourser les créanciers. Son PDG, Brian Armstrong, avait alors réagi en assurant que son entreprise «ne courait aucun risque de faillite», précisant que le document incluait «un nouveau facteur de risques basé sur une exigence de la SEC concernant les sociétés publiques qui détiennent des actifs cryptographiques pour des tiers». Ces déclarations n’étaient pas vraiment de nature à rassurer et donnaient l’occasion aux puristes de l’écosystème de mettre en avant l’adage «not your keys, not your coins», qui stipule que tant que vous ne possédez pas vos propres clés privées, vous n’êtes pas réellement propriétaire de vos cryptomonnaies.
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Munich - Acheter une voiture chinoise sur les Terres de Volkswagen, BMW et Mercedes? «Et pourquoi pas?», sourit la designeuse allemande Tayo Osobu, 59 ans, déambulant dans la vieille ville de Munich, devenue vitrine géante du salon automobile. Venue de Francfort, elle découvre les plus de 700 exposants, dont 14 constructeurs chinois contre 10 européens, qui tentent de séduire le public avec des modèles high-tech dans toutes les gammes de prix. Sur la Ludwigstrasse, deux mondes se font face. D’un côté, le géant chinois BYD, dont les ventes en Europe ont bondi de 250% au premier semestre, expose ses modèles phares, dont l’un, une citadine électrique, se vend à partir de 20.000 euros. De l’autre, Volkswagen, numéro 1 européen en crise, tente de défendre son territoire malgré la chute des livraisons et un plan social historique. Tayo est impressionnée par les finitions des coutures à l’intérieur d’une voiture BYD. Sur la sécurité, aucun doute: «si elles sont vendues ici, c’est qu’elles respectent les normes européennes», répond-t-elle sans hésiter. Qualité au «même niveau» Les marques chinoises maîtrisent une grande partie de leur chaîne de valeur, des batteries électriques aux logiciels embarqués. De plus, elles bénéficient d’une main d'œuvre moins chère et d’économies d'échelle grâce au marché chinois gigantesque. Et fini la réputation de la mauvaise qualité. «Ce qui a changé en cinq ans, c’est qu'à prix inférieur, les Chinois sont désormais au même niveau sur la technologie et la qualité à bien des égards», résume l’expert du secteur Stefan Bratzel. Pour contenir cette offensive, la Commission européenne a ajouté l’an dernier une surtaxe pouvant atteindre 35% sur certaines marques chinoises, en plus des 10% de droits de douane existants. Objectifs visés: protéger l’emploi sur le Vieux continent, limiter la dépendance technologique et préserver l’image des constructeurs européens. Mais BYD contournera bientôt la mesure: sa première usine européenne en Hongrie doit démarrer sa production dès cet hiver. Il est encore «trop tôt» pour parler d’invasion, estime M. Bratzel. Les marques chinoises doivent encore établir «une relation de confiance» avec le public européen, développer des réseaux de concessionnaires et de service après-vente, explique-t-il. Des acheteurs potentiels le disent aussi: «Si on conduit une voiture chinoise, dans quel garage va-t-on en cas de problème?», s’interroge Pamina Lohrmann, allemande de 22 ans, devant le stand Volkswagen où est exposé un ancien modèle de l’iconique Polo. «J’ai grandi avec les marques allemandes, elles me parlent plus», confie cette jeune propriétaire d’une Opel décapotable, dont la famille roule plutôt en «BMW, Porsche ou Mercedes». «Image de marque» L’image des véhicules reste un point faible, mais déjà une certaine clientèle, jeune et technophile, se montre plus ouverte. Cette dernière est convoitée par la marque premium XPeng, lancée en Chine en 2014 : «Nous visons la première vague d’enthousiastes de la technologie», explique son président Brian Gu sur le salon. Loin de baisser les bras, les constructeurs allemands continuent de «renforcer leur image de marque européenne» avec «un héritage» échappant encore aux entrants chinois, explique Matthias Schmidt, un autre expert. Volkswagen a ainsi rebaptisé son futur modèle électrique d’entrée de gamme «ID.Polo», attendu en 2026 autour de 25.000 euros, pour capitaliser sur la notoriété de sa citadine. Et les Européens imitent les Chinois sur l’intégration du numérique, comme le nouveau système d’affichage par projecteur de BMW, et dans la course à la recharge rapide. Ils adoptent aussi les batteries lithium-fer-phosphate (LFP), moins coûteuses, et intègrent de plus en plus de pièces standards chinoises, afin de réduire les coûts et de combler l'écart technologique, note M. Schmidt. «Ce qui compte, c’est que les fonctionnalités et le prix soient convaincants», note Martin Koppenborg, consultant automobile de 65 ans, bravant la pluie sur un stand de BYD, visiblement séduit. Léa PERNELLE © Agence France-Presse