
Picard Surgelés sert un festin à Lion Capital

L’exubérance actuelle du marché de la dette à haut rendement, surabondante et relativement bon marché, fait ressurgir des comportements qui rappellent ceux d’avant la crise de 2007. Picard Surgelés va en profiter pour servir à Lion Capital, son actionnaire depuis octobre 2010, un copieux dividende de 602 millions d’euros. La somme dépasse les fonds propres apportés par le fonds d’investissement lors du montage du LBO, le troisième après ceux de Candover en 2001 et de BC Partners en 2004.
Lion Capital avait financé à crédit 975 millions des 1,5 milliard d’euros de la transaction, dont 300 millions avaient été levés sur le marché. La structure de dette avait ensuite été ajustée en 2013 grâce à une émission high yield à taux variables de 480 millions d’euros à échéance 2019 afin de rembourser une partie du crédit senior.
Cette remontée de dividende par de la dette (dividend recap) va considérablement dégrader le profil de crédit de Picard. Dès l’annonce du projet hier, Fitch a placé sous perspective négative sa grille de notation et attribué une note CCC+ aux obligations à émettre. L’agence souligne que l’opération va faire bondir de 88% la dette du distributeur de produits surgelés, portant son ratio de levier à fin mars 2015, date de clôture de l’exercice en cours, à 7,9 fois contre 5,2 fois un an auparavant. Même si le levier pourrait se réduire de 1,1 à 1,2 points d’ici à 2018, Fitch juge la stratégie financière de Lion «agressive» et illustrant un «un faible engagement en capital» du fonds. A fin septembre 2014, Picard comptait 919 magasins, essentiellement en France. Son chiffre d’affaires semestriel s’élevait à 575,3 millions d’euros, en hausse de 2,2%, avec un Ebitda de 62,6 millions (+7,5%).
Au total, l’opération, pour laquelle les rencontres avec les investisseurs ont débuté hier à Londres, prévoit l’émission de 425 millions d’euros à 5 ans, avec des pénalités de remboursement au cours de la première année et demie. Parallèlement, Picard va augmenter de 345 millions d’euros sa ligne existante d’obligations à taux variables émises en 2013 pour la porter à 825 millions. Enfin, un prêt in fine de 19,4 millions complétera le dispositif. Une partie de la nouvelle dette servira à rembourser les 185 millions d’euros restants des obligations à échéance 2018.
Cette remontée de dividende pourrait présager une vente à moyen terme de Picard, voire une introduction en Bourse, alors que des rumeurs circulent depuis plusieurs mois.
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