
La Société Générale face aux juges dans son litige libyen
Beaucoup de zones d’ombre risquent de continuer à planer sur le contentieux opposant la Libyan Investment Authority (LIA) à la Société Générale. Le procès qui s’ouvre aujourd’hui devant la Haute cour de justice de Londres se déroulera dans un quasi-huis clos alors que le fonds souverain libyen réclame 2,1 milliards de dollars (1,9 milliard d’euros) à la banque française pour de supposés faits de corruption. Trois responsables de la Société Générale, dont l’identité n’est pas révélée, seront auditionnés à l’abri des regards, précise Bloomberg. Un moyen sans doute de protéger la qualité de leur témoignage, alors que les Etats-Unis mènent eux aussi des enquêtes sur des transactions entre la Société Générale et diverses entités et individus libyens, dont la LIA. En outre, l’identité de 50 Libyens cités dans l’affaire sera gardée secrète pour protéger leurs familles restées au pays, toujours en proie à la guerre civile.
Si l’issue de son procès reste incertaine, la banque de La Défense espère certainement bénéficier de la même clémence que Goldman Sachs. Il y a six mois, la banque américaine a été blanchie par la Haute cour de justice de Londres qui a estimé que le fonds souverain libyen avait pris ses paris en toute connaissance de cause.
De son côté, la Société Générale a été assignée en mars 2014 par la LIA «au titre des conditions dans lesquelles celle-ci a souscrit certains investissements auprès du groupe», indique son document de référence 2017. Alors que Goldman Sachs était accusé de simple trafic d’influence, «la LIA soutient que Société Générale et d’autres parties ayant participé à la conclusion des investissements se seraient notamment rendues coupables de corruption. Société Générale réfute ces accusations et toute demande tendant à remettre en cause la licéité de ces investissements», poursuit la banque, qui ne fait aujourd’hui aucun commentaire sur l’affaire.
La LIA reproche à la Société Générale d’avoir versé 58 millions de dollars à l’homme d’affaires libyen Walid Al-Giahmi via une société panaméenne. La somme aurait notamment servi à corrompre ses salariés via des pots-de-vin.
Comme Goldman Sachs ou les hedge funds Millennium Global Investments et Och-Ziff, la banque française avait décroché en 2008 un ticket dans le tout jeune fonds souverain libyen, créé par l’ancien dictateur Mouammar Kadhafi. Doté de 30 milliards de dollars à son démarrage grâce à l’argent du pétrole, il a vu nombre de ses investissements réduits à zéro par la crise financière.
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Inondations au Pendjab : les agriculteurs indiens face à une crise sans précédent
Gurdaspur - La saison s’annonçait prometteuse mais les inondations causées par les fortes pluies de la mousson ont dévasté les champs dans le nord de l’Inde, où récoltes et bétail tué en décomposition dégagent une odeur nauséabonde. L’Etat du Pendjab, considéré comme le grenier à blé du pays, a connu cette année des niveaux de précipitations supérieurs de 34% à la moyenne, selon les services de météorologie. Leur bilan est sans précédent: au moins 52 morts, plus de 400.000 habitants sinistrés. Et des dégâts considérables des deux côtés de la frontière qui sépare les Pendjab indien et pakistanais. «Les cultures ont été entièrement détruites», a constaté le ministre indien de l’Agriculture, Shivraj Singh Chouhan, lors d’une récente visite. Le Premier ministre Narendra Modi a annoncé une aide d’urgence de 150 millions d’euros. «Il s’agit des plus graves inondations que nous traversons depuis des décennies», a insisté le chef de l’exécutif du Pendjab, Bhagwant Mann. Un sentiment partagé par les anciens. «La dernière fois que nous avons connu des inondations aussi dévastatrices, c'était en 1988", se souvient Balkar Singh, 70 ans, dans son petit village de Shehzada, à une trentaine de kilomètres de la grande ville d’Amritsar. Les pluies diluviennes de la mousson ont transformé ses rizières en marais et ouvert d'énormes fissures dans les murs de sa maison. Investissements noyés Les inondations et les glissements de terrain sont fréquents de juin à septembre en Inde. Les scientifiques assurent que le changement climatique, combiné au développement mal planifié des infrastructures, a augmenté leur fréquence, leur gravité et leur impact. Coincé entre le fleuve Ravi et la frontière du Pakistan, le village de Toor n’a pas échappé au déluge. Récoltes détruites, bétail noyé et maisons démolies, il n’est plus qu’un champ de ruines. «L’eau a déferlé après minuit le 26 août», témoigne un agriculteur, Surjan Lal. «Son niveau a atteint au moins trois mètres en quelques minutes», poursuit-il. «On s’est retrouvés sur les toits pendant près d’une semaine, impuissants, à regarder l’eau tout emporter, du bétail à nos lits.» Dans le village voisin de Lassia, collé au Pakistan, Rakesh Kumar compte ses pertes. «En plus de celles dont je suis propriétaire, j’ai pris d’autres terres en bail et je me suis lourdement endetté cette année», explique cet agriculteur âgé de 37 ans. «Tous mes investissements sont partis avec l’eau des inondations...» Et comme si ça ne suffisait pas, il y a peu de chance pour que le blé qu’il a planté dans ses champs pour l’hiver lui rapporte grand-chose. «Il faudrait d’abord que toute cette boue sèche», fulmine-t-il, «ce n’est qu’après que les machines pourront évacuer le limon». Et encore, acheminer ces engins sur place relève du défi logistique. Pour ceux qui ne possèdent pas leur terre comme Mandeep Kaur, 50 ans, la situation s’annonce encore plus délicate. Menaces sur le basmati «On gagnait notre vie en travaillant pour les grands propriétaires mais ils sont tous partis», constate l’ouvrière agricole. Sa maison a été entièrement détruite par les eaux, elle est désormais contrainte de dormir sur un matelas posé sous une bâche dans la cour. Le Pendjab est le principal fournisseur du riz et du blé livrés dans le cadre des programmes alimentaires d’urgence réservés aux Indiens les plus modestes. Quelque 800 millions mangent grâce à eux, soit plus de la moitié de la population du pays le plus peuplé de la planète. Les experts estiment que les pertes attendues cette année ne menacent pas encore ces programmes, qui disposent d’importants stocks. «La baisse des récoltes dans le Pendjab indien et pakistanais va lourdement peser sur les prix et les exportations de riz basmati», alerte toutefois Avinash Kishore, de l’Institut international de recherche sur la politique agricole de New Delhi. A l’heure où la hausse des droits de douane imposés à l’Inde par les Etats-Unis a rendu son riz basmati bien moins compétitif, les inondations risquent de lui porter un nouveau coup. Pour les producteurs du Pendjab, la route du redressement s’annonce d’autant plus difficile que les autorités locales se sont retirées d’un programme d’assurance fédérale jugé trop cher. Alors Balkar Singh a bien du mal à rester optimiste. «J’ai toujours de l’eau jusqu’au genou dans ma ferme», rappelle l’agriculteur, «je ne sais pas trop ce que l’avenir nous réserve». Arunabh SAIKIA © Agence France-Presse -
Équateur : Daniel Noboa décrète l’état d’urgence face à la grogne contre la fin des subventions au diesel
Quito - Le président d'Équateur Daniel Noboa a décrété mardi l'état d’urgence dans sept des 24 provinces du pays où des manifestants bloquent des routes pour protester contre la suppression des subventions sur le diesel. Les anciens présidents Lenin Moreno (2017-2021) et Guillermo Lasso (2021-2023) n’avaient pu mettre en place cette mesure qui avait déclenché en leur temps déjà de violents mouvements de protestation menés par la principale organisation indigène du pays, la Conaie. Entre 1997 et 2005, la Conaie avait déjà participé à des révoltes qui avaient abouti à la chute de trois présidents. Avec la signature d’un décret vendredi, le prix du diesel est passé de 1,80 à 2,80 dollars par gallon (3,8 litres). Lundi, des conducteurs de camions ont bloqué plusieurs routes, dégagées quelques heures plus tard après l’intervention de la police. Aucun blessé n’a jusqu’ici été signalé. Mardi, la circulation sur la route Panaméricaine Nord, à l’entrée de Quito, a été bloquée par des pierres et des monticules de terre. Le président Noboa a donc décidé de «déclarer l'état d’urgence dans les provinces de Carchi, Imbabura, Pichincha, Azuay, Bolivar, Cotopaxi et Santo Domingo, en raison de graves perturbations internes», selon le décret signé mardi pour une durée de 60 jours. Le gouvernement fait valoir que ces blocages «ont provoqué des complications dans la chaîne d’approvisionnement alimentaire» et affectent la «libre circulation des personnes, entraînant la paralysie de plusieurs secteurs touchant l'économie». Cette mesure suspend la liberté de réunion dans les sept provinces et autorise les forces de police et militaires à «empêcher et démanteler les rassemblements dans les espaces publics où des menaces à la sécurité citoyenne sont identifiées». Marlon Vargas, président de la Conaie, a exigé mardi l’abrogation du décret qui supprime la subvention au diesel, car «cela nuit aux secteurs appauvris, au peuple équatorien». Le monde universitaire se joint à la protestation et une manifestation est prévue mardi à Quito. © Agence France-Presse -
Évacuation massive au Machu Picchu : 1.400 touristes déplacés face aux manifestations
Lima - Quelque 1.400 touristes ont été évacués dans la nuit de lundi à mardi de la zone du Machu Picchu, célèbre site archéologique du Pérou, en raison d’une manifestation, a annoncé le gouvernement, précisant que 900 autres restaient bloqués. «Nous avons pu évacuer environ 1.400 touristes», a déclaré la ministre du Tourisme, Desilú León, à la radio RPP, ajoutant que 900 autres restaient bloqués dans la zone. Les autorités n’ont pas précisé le nombre d'étrangers affectés parmi les touristes. Le service ferroviaire menant à la citadelle inca a été interrompu lundi, après que des manifestants ont bloqué les voies. L’intervention de la police dans la nuit a permis l'évacuation des touristes avant qu’un nouveau blocage soit mis en place mardi. Le principal accès à la citadelle de pierre se fait par train depuis Cusco, l’ancienne capitale de l’empire inca, située à 110 km. Les manifestants exigent qu’une nouvelle entreprise prenne en charge le transport en bus entre la gare et le site archéologique, après l’expiration d’une concession de 30 ans. Inscrit au patrimoine mondial de l’humanité depuis 1983, le Machu Picchu accueille en moyenne 4.500 visiteurs par jour, dont un grand nombre d'étrangers, selon des chiffres officiels. Les manifestants ont disposé des rochers et des troncs d’arbres sur plusieurs tronçons de la voie ferrée, selon une source policière citée par l’AFP. La manifestation est organisée par le Front de défense des intérêts de Machu Picchu, qui a annoncé dimanche dans un communiqué une grève illimitée jusqu'à ce que la nouvelle société de transport terrestre commence à fonctionner. Bien que sa concession a expiré, la compagnie Consettur Machupicchu a indiqué lundi à l’AFP qu’elle continuait d’opérer, sans fournir plus de détails. La ministre Desilú León a annoncé pour les prochaines heures une «réunion avec les autorités locales et les syndicats» afin de «trouver une solution aux manifestations». © Agence France-Presse