Les difficultés de DüsselHyp ont été aggravées par des appels de marge

La banque allemande secourue mi-mars aurait fait face à des demandes de couverture de contrats swap de la part de la Bourse de dérivés Eurex.
Julien Beauvieux

La mise en résolution de la «bad bank» autrichienne Heta n’était pas la seule épine dans le pied de Düsseldorfer Hypothekenbank (DüsselHyp). Secourue par Berlin, DüsselHyp aurait en effet fait face, en parallèle des dépréciations liées à Heta, à des appels de marge émanant d’Eurex, la principale Bourse de dérivés européenne, selon des sources relayées par Bloomberg.

Le 15 mars, Berlin a apporté sa garantie, via son fonds de protection, aux 348 millions d’euros de dette de Heta détenus par DüsselHyp, finalement rachetée le jour suivant au fonds Lone Star. Incapable d’absorber sereinement la résolution de Heta, qui avait notamment conduit Deutsche Pfandbriefbank à provisionner 120 millions d’euros, l'établissement de crédit aurait finalement succombé face aux demandes de la filiale de Deutsche Börse, qui visaient à couvrir avec des apports de liquidité la variation de prix de contrats dérivés.

Selon le rapport semestriel de DüsselHyp, le montant notionnel de ses contrats de swaps de taux atteignait au 30 juin 13,3 milliards d’euros, auquel s’ajoutent 500 millions de swaps de devises. Un total notionnel dont la valeur de marché (en net) était de -800 millions d’euros à fin juin, précise la banque, qui pourrait avoir été victime de la forte baisse des taux et de son effet négatif sur les couvertures à la hausse.

«Le portefeuille de dérivés est plus important que les actifs totaux, ce qui est assez significatif et inhabituel pour une banque au modèle économique si classique», souligne Patrick Rioual, un analyste crédit chez Fitch cité par Bloomberg. Spécialiste du financement des entités publiques et parapubliques, ainsi que du marché immobilier, DüsselHyp a enregistré une perte de 25,9 millions d’euros au premier semestre 2014, après -59,6 et -86 millions en 2013 et 2012. A fin juin, ses fonds propres CET1 totalisaient 233 millions d’euros.

Bien que DüsselHyp soit un «cas isolé» pour les autorités allemandes, ces dernières ont lancé dès le sauvetage de la banque une revue du secteur financier. La Bundesbank a ainsi annoncé ce mardi que les assureurs allemands ont une exposition de 1,5 milliard d’euros à Heta. Compte tenu des 5,5 milliards d’euros comptabilisés dans les livres des banques allemandes, ainsi que du prêt de 2,4 milliards pour lequel BayernLB et Heta se livrent bataille en justice, l’exposition totale approche les 10 milliards d’euros.

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