
La gestion indicielle a poursuivi sa croissance en 2022

Les politiques monétaires et les événements macro-économiques ont beau avoir déréglé les marchés en 2022, ils n’ont pas empêché la gestion indicielle de continuer à croître. Certes, les produits de gestion indicielle (fonds indiciels et ETF) sont repassés sous la barre des 10.000 milliards de dollars d’encours dans le monde, atteinte fin 2021, à 9.171 milliards de dollars d’encours fin 2022. Mais la baisse de 10% d’encours observée par BlackRock tient principalement à l’effet de marché négatif.
La croissance organique du marché est de 8%. «La croissance ne s’infléchit pas, nous constatons même des accélérations. L’année 2022 a été record sur de nombreux plans», indique Arnaud Gihan. Le responsable français d’iShares, l’activité de gestion indicielle de BlackRock, s’est exprimé lors d’un point presse mardi 7 février.
La gestion indicielle a collecté 867 milliards de dollars net en 2022, dont 220 milliards sur les produits iShares, alors que les fonds mutuels ont décollecté plus de 1.000 milliards de dollars. Il s’agit de la deuxième meilleure collecte jamais enregistrée, la palme revenant à l’année 2021 avec 1.290 milliards de dollars d’entrées nettes sur le segment. «Toutes les corrélations ont été cassées l’an dernier. Il a été difficile de trouver refuge et dans le même temps, les marchés ont eu à nouveau besoin de liquidités. Il a fallu trouver de nouveaux moteurs de diversification et aller plus loin avec des paris plus granulaires», explique Arnaud Gihan.
Parmi les thèmes privilégiés en 2022, la durabilité et les obligations crédit ont eu le vent en poupe. «La part de collecte de la gestion indicielle durable en Europe était d’environ 60% sur l’ensemble de la collecte du segment, en ligne avec l’accélération observée depuis le Covid. En 2022, en Europe, les flux de collecte des ETF durables d’iShares ont dépassé pour la première fois ceux des ETF non durables», décrypte Arnaud Gihan.
«Sur l’obligataire, le retour des rendements était attendu, poursuit le professionnel. La collecte nette à l’échelle mondiale sur la gestion indicielle obligataire s’est élevée à 266 milliards de dollars (dont 125 milliards pour iShares), un chiffre proche du record historique de 2021. Les encours des ETF obligatairesdevraient atteindre 5.000 milliards de dollars dans le monde d’ici 2030.»
D’autres thèmes ont été porteurs comme la tech, les dividendes, les actions internationales, les bons du Trésor américain et les actions chinoises. D’autres segments ont vécu une année de décollecte comme les actions européennes, la dette émergente, les matières premières ainsi que les obligations indexées sur l’inflation.
4.500 milliards de dollars d’encours sur l’indiciel d’ici 2027
Des records, la gestion indicielle s’apprête encore à en battre dans les années à venir. Dans la région Europe, Moyen-Orient et Afrique (EMEA), elle devrait atteindre 4.500 milliards de dollars d’encours à horizon 2027. La firme table sur une croissance annuelle moyenne de 10% par an de la gestion indicielle dans la région EMEA.
«Les fonds indiciels et les ETF ont jusqu’ici évolué côte à côte mais les ETF vont dépasser les fonds indiciels d’ici 2027. En Europe, les encours des ETF vont doubler de 1.300 milliards à 2.600 milliards de dollars d’ici 2027», commente Bettina Mazzocchi, directrice iShares et Wealth de BlackRock pour la France, la Belgique et le Luxembourg. Les plateformes de courtage et de banque en ligne, grâce à l’essor des plans d’épargne en ETF automatisés, devraient constituer un vecteur important de cette croissance en Europe. Les encours des ETF sur les canaux digitaux devraient y atteindre 500 milliards de dollars contre 200 milliards actuellement. A titre d’exemple, selon les projections de BlackRock, un particulier allemand sur quatre sera investi dans un plan d’épargne en ETF en 2026 et les versements dans ces plans représenteront près de la moitié des transactions boursières locales.
La France à la traîne
Et la France dans tout ça ? Les ETF pèsent 150 milliards d’euros dans l’Hexagone. Si le marché français suit les tendances européennes, il est moins avancé que son voisin allemand. Les gérants d’actifs restent les plus gros consommateurs d’ETF tandis que l’achat d’ETF par les particuliers demeure modeste. «Nous sommes là où étaient d’autres marchés européens il y a quelques années», concède Bettina Mazzochi.
D’après l’AMF, seuls 6% des investisseurs particuliers déclaraient détenir un ETF en 2022 en France. C’est moins que ceux revendiquant un investissement en cryptos ou dans le private equity. Néanmoins, la responsable observe des éléments encourageants. «La vitesse d’adoption des ETF est deux fois supérieure à celles des autres instruments financiers en France sur les cinq dernières années. Plus d’un détenteur particulier d’ETF sur deux en France ne connaissait pas les ETF il y a trois ans. Il y a donc beaucoup de nouveaux convertis», souligne-t-elle. L’an dernier, 250.000 particuliers français déclaraient avoir fait une ou plusieurs transactions sur les ETF, soit une hausse de 15% par rapport à 2021.
L’autre relais de croissance en France, c’est évidemment l’incontournable assurance-vie. Quelque 39% des contrats d’assurance-vie proposent actuellement un ETF dans leurs portefeuilles et 354 ETF sont disponibles tous contrats confondus, précise Bettina Mazzocchi.
Enfin, si la part des ETF dans la gestion de patrimoine en Europe devrait se situer entre 25% et 30% en 2027, la France part de très loin. Cela est dû en partie à la prépondérance des rétrocessions dans la vente de fonds aux particuliers – dont l’interdiction est envisagée à l’échelle européenne – au sein du modèle des conseillers en investissement et de gestion en patrimoine français.
«Aux Etats-Unis, les ETF représentent jusqu’à 50% de l’allocation d’un portefeuille en gestion de patrimoine. En Europe, ce taux est de 20 à 25%. En France, nous sommes en-dessous de 5%. La question des rétrocessions est liée à ce taux de pénétration. Mais nous ne nous positionnons ni pour ni contre les rétrocessions. BlackRock n’en verse pas sur les ETF. Il est cependant essentiel que les rétrocessions n’influencent pas les devoirs fiduciaires des intermédiaires et que les clients aient accès à un conseil de qualité et à une allocation cohérente», analyse Bettina Mazzocchi. Pour elle, «un monde où la part d’ETF dans la gestion de patrimoine en France serait plus élevée, indépendamment du futur chemin que prendra la réglementation, est tout à fait envisageable».
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