
FDJ, l’Etat petit joueur

N’en jetez plus, la coupe est pleine. La privatisation de la Française des Jeux, la première de l’ère Macron et la première opération du genre dans notre pays depuis près de quinze ans, s’annonce comme un grand succès populaire. Si l’heure n’est plus au démarchage agressif dans les réseaux bancaires, l’Etat, lui, n’a pas ménagé sa peine pour que la poule aux œufs d’or des buralistes fasse un tabac auprès des particuliers. Rabais à l’entrée, distribution d’actions gratuites pour les souscripteurs fidèles, promesse d’un dividende sûr et attrayant, rien n’a été laissé au hasard, jusqu’aux annonces tonitruantes qui ont permis de suivre, jour après jour, le remplissage d’un carnet d’ordres devenu aussi épais que le portefeuille d’un gagnant du gros lot.
La mise sur le marché des titres FDJ, sans augmentation de capital destinée à financer un projet de croissance, n’en constitue pas moins une simple opération patrimoniale, réalisée à des multiples de prix plutôt avantageux pour le vendeur. On est loin des mouvements de privatisations de 1986 et 1993, qui visaient à créer un capitalisme populaire, en associant les Français au développement des entreprises par le biais de la Bourse. De krachs en désillusions – France Télécom et EDF ont laissé des souvenirs cuisants –, le tout pimenté d’une fiscalité punitive assimilant l’épargnant à un spéculateur, on sait ce qu’il est advenu de cette ambition. Le particulier a délaissé peu à peu les actions.
Ce n’est pas une raison pour renoncer au projet politique qui fondait la grande vague des années 1980 et 1990. Entre « flat tax » et loi Pacte, les réformes du début du quinquennat allaient d’ailleurs dans le sens d’une réconciliation entre les Français et la Bourse. Mais il faudra bien plus qu’une FDJ cotée ou une hypothétique privatisation d’ADP pour transformer un succès populaire en lame de fond, et vaincre les résistances tenaces de l’investisseur individuel. Et l’on se prend à songer au rendez-vous manqué de la réforme des retraites, si tant est que celle-ci survive à la confusion du gouvernement et aux mouvements sociaux du mois de décembre. Le nouveau régime aurait pu constituer un formidable levier d’investissement en actions en instaurant une couche raisonnable de retraite par capitalisation, pourquoi pas obligatoire. Les pouvoirs publics se sont empressés d’escamoter le débat, optant au préalable pour la solution limitée du plan d’épargne retraite, un fonds de pension facultatif qui ne dit pas son nom, dans un pays où ce terme déclenche des poussées d’urticaire chez ceux-là mêmes qui en tolèrent l’existence pour les fonctionnaires. L’épargne des Français et le financement de nos entreprises méritent pourtant mieux que des succès sans lendemain.
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