Le collège de l’AMF veut de lourdes sanctions dans le dossier Riber

Le gendarme boursier requiert plus de 6,5 millions d’euros de pénalités pécunaires pour divers manquements liés à la PME du Val d’Oise.
Antoine Duroyon

Riber ou l’histoire d’une lutte sourde pour le pouvoir entre actionnaires. Cette PME du Val d’Oise, spécialisée dans les équipements pour l’industrie des semi-conducteurs, a fait l’objet d’une enquête de l’AMF dont les conclusions ont été étudiées vendredi par la commission des sanctions. Les faits incriminés se sont déroulés entre novembre 2010 et mars 2012. La société est détenue à 29% par Noël Goutard et son fonds NG Investments, l’ancien patron à poigne de Valeo, qui s’oppose à un entrepreneur savoyard, Bernard Raboutet, et à son beau-frère Jacques Kielwasser.

Le dossier est protéiforme - il mêle transmission et utilisation d’informations privilégiées, non-déclaration ou déclaration tardive de franchissements de seuil, défaut de signalement d’opérations suspectes - et met onze parties en cause.

L’AMF reproche à Noël Goutard et Jacques Kielwasser, ainsi qu’aux sociétés qu’ils contrôlent, d’avoir profité fin 2010 d’informations non publiques sur deux commandes en Asie pour acquérir des titres sur le marché. Bernard Raboutet est inquiété pour les avoir transmises. Noël Goutard était alors président du conseil de surveillance de Riber, tandis que Bernard Raboutet en était membre. Pour sa défense, Noël Goutard fait valoir l’absence de caractère atypique de ces acquisitions et indique avoir voulu se renforcer pour déjouer un concert occulte visant une prise de contrôle rampante. L’AMF reconnaît l’existence de ce concert non déclaré, formé à l'époque par Bernard Raboutet, Jacques Kielwasser et un membre du directoire Michel Picault.

Le gendarme boursier dénonce l’absence de déclaration ou la déclaration tardive de franchissement de seuil par les époux Raboutet et la société de Noël Goutard, ainsi que le défaut de lancement d’une offre obligatoire, les concertistes détenant alors plus de 30% du capital. Par ricochet, l’affaire touche également UBS France, le banquier privé d’une des parties. Son dispositif de détection des opérations suspectes est pointé du doigt. Un de ses anciens conseillers pour l’entité wealth management est également mis en cause.

Les réquisitions de la représentante du collège sont particulièrement lourdes : au minimum près de 160.000 euros pour Noël Goutard et sa société, 360.000 euros pour UBS France et 50.000 euros pour son ex-conseiller, 1,8 million pour Jacques Kielwasser et sa société, 1,2 million pour Michel Picault et enfin 3 millions d’euros au total pour Bernard Raboutet, son épouse, et les sociétés sous contrôle.

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