Inquiétude. L’insondable politique économique de la Turquie rend les investisseurs nerveux. Les CDS (credit default swaps, qui permettent de couvrir un risque de défaut) ont atteint un plus haut depuis 2003 mi-juin, atteignant presque 900 points de base. Malgré l’inflation dont le rythme de croissance s’accélère (73,5 %, contre 48,7 % en janvier), les fondamentaux du pays sont plutôt bons : la dette publique ne pèse que 42 % du PIB, le déficit budgétaire se résorbe (-2,7 % en 2021 contre -3,5 % l’année précédente) et les revenus atteignent le niveau record de 318 milliards de livres turques (17,4 milliards d’euros). Pas de quoi rassurer les marchés. Certes, l’environnement macroéconomique n’est pas porteur pour les actifs turcs : l’envolée des taux américains, la politique de la Réserve fédérale et la possibilité de plus en plus probable d’une récession aux Etats-Unis renforcent l’aversion au risque, tout en diminuant l’attrait des taux émergents. Une large part du rebond des CDS est néanmoins attribuable à la politique monétaire locale. La livre turque a ainsi perdu presque 25 % cette année face au dollar, la pire performance parmi les devises émergentes. Pour soutenir la monnaie, la banque centrale a doublé le ratio de réserves obligatoires pour les prêts, à 20 %. Le Trésor étudie aussi la possibilité de vendre des obligations en devises pour attirer les investisseurs locaux, qui soutiendraient ainsi la livre. Les marchés s’inquiètent de la soutenabilité d’une telle politique.