Nos articles d’actualité et d’analyse sur les économies et marchés (croissance, politique monétaire, indices boursiers) des pays dits émergents, soit la Chine, l’Inde, le Brésil, la Russie, l’Afrique du Sud, et des pays en voie de développement.
La banque centrale de Turquie a surpris les marchés jeudi en abaissant son principal taux directeur de 100 points de base (pb) à 13%, malgré une inflation de 80%. Aucun économiste ne s’y attendait car l’institution n’avait envoyé aucun signal indiquant qu’un tel mouvement était envisagé. Dans le sillage de cette annonce, la livre turque a chuté de 1% face au dollar. La banque centrale avait maintenu son taux directeur à 14% au cours des sept derniers mois après l’avoir réduit de 500 pb. Ce mouvement n’est toutefois pas étonnant alors que le président turc Recep Tayyip Erdogan veut stimuler la croissance en fournissant un crédit bon marché aux entreprises et aux ménages, tandis que les entreprises exportatrices deviennent plus compétitives du fait de la chute de la monnaie. Pour le président turc, ce sont les taux élevés qui provoquent l’inflation. Le problème est que les taux réels sont très négatifs et que cette politique a accéléré la crise du coût de la vie pour les ménages turcs.
Le Sri Lanka, qui a fait défaut en mai, va demander au Japon, l’un de ses principaux créanciers, d’inviter les principaux prêteurs publics de l'île, dont la Chine et l’Inde, à des pourparlers sur la restructuration de la dette bilatérale, a déclaré jeudi son président Ranil Wickremesinghe à Reuters. Ce dernier, qui se rendra au Japon le mois prochain, prévoit de s’entretenir avec le Premier ministre Fumio Kishida. Le pays est également en négociation avec le Fonds monétaire international pour un ensemble de prêts compris entre 2 et 3 milliards de dollars, a précisé le président sri lankais. La dette bilatérale totale du pays était estimée à 6,2 milliards de dollars fin 2020 par le FMI.
La Russie envisage d’acheter les devises de pays «amis» comme la Chine, l’Inde et la Turquie dans son fonds souverains, le National Wealth Fund (NWF), a annoncé vendredi la banque centrale. Jusqu’à peu elle achetait des dollars ou des euros, ce qui est désormais impossible en raison des sanctions. Dans un rapport sur sa politique monétaire pour 2023-2025, l’institution a déclaré que diverses options sur la manière de reconstituer le NWF étaient en discussion. Des experts ont exprimé leurs inquiétudes quant à l’insuffisance de liquidités de ces devises et quant aux risques associés. Alexei Zabotkin, premier vice-gouverneur de la banque centrale, a souligné que la liquidité des échanges yuan-rouble s’était approchée des niveaux de la paire euro-rouble à la Bourse de Moscou. Au premier semestre 2022, les transactions quotidiennes moyennes du yuan ont été multipliées par plus de 12, selon la bourse.
Près d’une dizaine de pays ont déjà fait défaut depuis deux ans, conséquence d’une dette insoutenable dans un contexte économique difficile. Mais aussi de situations spécifiques.
Les créanciers privés internationaux de l’Ukraine ont accepté sa demande de gel des paiements sur ses 20 milliards de dollars d’obligations en monnaie forte, selon un communiqué publié mercredi. Avec cette décision, le pays va éviter le défaut de paiement. Les intérêts et les remboursements de capital gelés sur 13 obligations s’élèvent à 5 milliards de dollars. BlackRock, Fidelity International font partie des principaux détenteurs de dette de l’Ukraine. Les créanciers représentant trois-quarts du montant de dette ont validé la demande de l’Ukraine. Les modifications dans les obligations indexées au PIB ont également été approuvés. Outre les créanciers privés, les prêteurs bilatéraux et le Club de Paris ont suspendu les paiements sur la dette ukrainienne jusqu’à la fin 2023.
L’inflation a atteint 13,7% en juillet en Hongrie sur un an, établissant un nouveau plus haut depuis 24 ans. Ce chiffre est supérieur aux attentes des économistes. Le plus inquiétant est que l’inflation sous-jacente dépasse l’inflation totale à 16,7%, signifiant que les pressions inflationnistes sont fortes et amplement diffusées dans l’économie. Cela laisse peu de répit à la banque centrale hongroise qui a été jusque-là la plus agressive en Europe, malgré une tentative de pause. Elle a déjà relevé de 800 points de base (pb) ses taux cette année, s’ajoutant aux 200 pb de hausse en 2021, portant le taux de base à 10,75%. Celui-ci pourrait atteindre 13% d’ici à la fin de l’année.
Les sorties de capitaux des pays émergents ont atteint 9,8 milliards de dollars (9,6 milliards d’euros) en juillet, cinquième mois consécutif de décollecte, selon des données de l’Institute of International Finance. Les sorties se sont concentrées sur la dette émergente et la Chine, qui totalise 6 milliards de dollars de flux négatifs. La force du dollar, soutenu par la Fed, explique la dynamique récente des mouvements de capitaux. Les flux sur les prochains mois seront davantage liés aux niveaux d’inflation dans les pays émergents et aux perspectives de l'économie chinoise. L’appétit du marché pour les nouvelles émissions de dette sera aussi déterminant - à l’exception des exportateurs de pétrole, les émissions nettes demeurent négatives ces derniers mois.
Pour son baptême du feu, Ales Michl, le nouveau gouverneur de la banque centrale tchèque, a mis en pause le resserrement monétaire commencé il y a près d’un an. L’institution a ainsi maintenu à 7% son principal taux directeur jeudi, comme attendu par les économistes. Le nouveau conseil, refondu à l’occasion de la désignation du nouveau gouverneur, a estimé que les taux avaient atteint un sommet après une série de neuf hausses pour un total de 625 points de base. Ales Michl avait été le seul membre à voter systématiquement contre ces relèvements. Toutefois, la banque centrale a laissé la porte ouverte à de nouveaux resserrements monétaires si les risques inflationnistes augmentaient dans les mois à venir. La lutte contre l’inflation reste une priorité. Elle devrait atteindre un niveau de 20% dans le pays, contre 17% actuellement.
Les pays développés n’ont pas respecté leur engagement de 2009 de mobiliser 100 milliards de dollars par an pour aider les pays en développement à lutter contre le changement climatique, a déclaré vendredi l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Ils ont versé seulement 83,3 milliards de dollars en 2020, précise le communiqué sans détailler les données par pays. L’Union européenne (UE) a été le plus gros contributeur ces dernières années. L’OCDE utilise les données des Nations unies avec un décalage de deux ans, mais les pays concernés ont déjà signalé que l’objectif ne serait pas atteint avant 2023. Les économies en développement ne peuvent réduire leurs émissions de CO2 sans le soutien des pays riches, émetteurs de la majorité des gaz à effet de serre. Sachant que ces 100 milliards ne représentent qu’une infime partie des besoins réels.
La banque centrale du Pakistan décourage les transactions interbancaires en raison d’une grave pénurie de dollars, rapporte Bloomberg. La roupie a affiché sa pire chute depuis 1998, perdant presque 28% face au billet vert depuis le début de l’année, alors que la balance commerciale du pays s’est dégradée avec la hausse des prix de l’énergie. Le manque de réserves de changes -qui couvrent moins de deux mois d’importations- pèse aussi sur la devise. Les banques sont donc appelées à utiliser leurs propres flux de dollars, comme les transferts de fonds, pour payer les importations, et doivent demander l’autorisation de la banque centrale pour emprunter en dollars.
La banque centrale de Russie (CBR) a baissé son taux directeur de 9,5 % à 8 % vendredi, indiquant envisager de nouvelles baisses au second semestre. Selon l’institution, « le ralentissement économique sera plus long et peut-être moins profond » qu’anticipé au début de la guerre en Ukraine, les mesures de relance budgétaire et la hausse de la production pétrolière ayant atténué l’impact des sanctions. L’excédent de la balance courante devrait ainsi atteindre le chiffre record de 243 milliards de dollars cette année. Par ailleurs, l’inflation a ralenti, atteignant 15,4 % mi-juillet contre près de 18 % en avril.
La banque centrale d’Afrique du Sud (SARB) a annoncé hier relever de 75 points de base (pb) son taux de repo, à 5,5%. Le consensus tablait sur une hausse de 50 pb. L’institution a remarqué que l’économie n’était pas encore remise de l’épidémie de Covid, et s’attend à une contraction de 1,1 point de PIB au second trimestre, suivie par une croissance de 0,7 et 0,4% au troisième et quatrième trimestres. Selon les projections de la SARB, l’inflation devrait progresser de 6,5% sur l’année, après avoir atteint le niveau record de 7,4% en juin, au-delà de la cible de 4,5% visée par la banque centrale.
Le Parlement sri-lankais a élu mercredi Ranil Wickremesinghe pour succéder à Gotabaya Rajapaksa, le précédent président poussé à la fuite, jusqu’à la fin du mandat de ce dernier en novembre 2024. Soutenu par le SLPP, le parti du clan Rajapaksa, le nouveau président est un vétéran de la politique sri-lankaise, ayant été six fois premier ministre. Pro-occidental et favorable au libre-échange, il devra s’atteler aux difficiles négociations avec le Fonds monétaire international (FMI) et les créanciers étrangers sur un possible plan de renflouement du pays, en faillite sur sa dette de 46 milliards d’euros depuis avril. Il devra aussi résoudre la profonde crise sociale et économique de l’Etat insulaire, en pénurie de nourriture, d’essence et de médicaments.
La banque centrale de Hongrie accentue son tour de vis monétaire alors que la forte dépréciation du forint, la devise hongroise, complique sa lutte contre une inflation de près de 11%. L’institution monétaire a relevé jeudi son taux de dépôt à une semaine de 200 points de base (pb), à 9,75%. Celui-ci avait été relevé de 50 pb la semaine passée, au niveau du taux de base qui avait été rehaussé de 185 pb quelques jours plus tôt. La Hongrie affiche désormais les taux d’intérêts les plus élevés en Europe. Le forint a atteint mercredi un plus bas historique de 416 face à l’euro. Le pays est non seulement confronté à l’envolée de l’inflation mais aussi au risque de récession qui affecte les actifs risqués.
La banque centrale de Hongrie accentue son tour de vis monétaire alors que la forte dépréciation du forint, la devise hongroise, complique sa lutte contre une inflation de près de 11%.
Le taux d’inflation en Turquie s’est encore accéléré, pour le treizième mois consécutif, pour atteindre 78,6% en juin en rythme annuel, soit le niveau le plus élevé depuis septembre 1998 selon l’Institut statistique turc (TIK). Ce chiffre, qui a dépassé une nouvelle fois les attentes du marché (78,3%), contraste avec les 17,5% de la période correspondante de l’année précédente, alors que la livre turque a encore plongé au cours du mois dernier et que les taux d’intérêt réels restent largement négatifs. L’inflation annuelle turque avait approché 70% en avril et 73,5% en mai. Les prix ont particulièrement bondi dans les transports (123,4% après 107,6% en mai), le logement et les services publics (75,1% après 63,5%), dans un contexte de hausse des coûts de l’énergie (151,3% après 121,1%). Les prix ont également augmenté fortement pour les aliments et les boissons non alcoolisées (93,9% après 91,6%), ainsi que pour l’ameublement et les articles ménagers (81,1% après 82,1%). Sur une base mensuelle, les prix à la consommation ont bondi de 5%, en accélération par rapport à la hausse de 3% le mois précédent.
Le taux d’inflation en Turquie s’est encore accéléré, pour le treizième mois consécutif, pour atteindre 78,6% en juin en rythme annuel, soit le niveau le plus élevé depuis septembre 1998 selon l’Institut statistique turc (TIK).
Le nouveau président argentin a le sens des priorités : malgré une inflation annuelle à plus de 50 %, la réforme la plus urgente concernant la monnaie est l’introduction d’une nouvelle « famille de billets » – en clair, redessiner les billets avec de nouvelles têtes. Changer le design du peso est presque un rite de passage, puisque les trois prédécesseurs d’Alberto Fernández se sont prêtés au jeu. Macri, qui précédait Fernández, avait ainsi remplacé les figures de l’histoire argentine par des animaux locaux ; retour, avec son successeur, aux généraux et aux révolutionnaires. En attendant, l’érosion de la devise est tellement forte