Contre toute attente, les marchés financiers se sont rétablis de belle façon en 2012. Dans un contexte marqué par plus d’incertitudes, plus de motifs d’inquiétudes que de bonnes nouvelles, nous avons assisté durant l’année et en particulier durant l'été à une remontée de forte ampleur des marchés actions et une hausse conséquente de la performance des marchés obligataires souverains comme ceux du crédit. Les fonds investis en emprunts d’Etat ont monté de 10%, les fonds de crédit de qualité sont montés de 12% et le haut rendement de 25%. Les actions n’ont finalement monté que de 20%, avec un rattrapage certain pour les actions de la zone euro, les convertibles de 12%, l’or et les matières premières de 10%. Pourtant, à la même époque l’année dernière, je me rappelle les tentations exprimées par un grand nombre d’investisseurs de réduire leur exposition en actions et en emprunts long terme. L’aversion aux risques était forte, encore marquée par la forte consolidation de l'été, par les risques de défaut de la dette des pays méditerranée et les craintes de hausse potentielle de l’inflation, compte tenu du levier financier colossal des banques centrales. Comment ne pas voir dans l’action des banques centrales une des premières raisons de pareil mouvement. Après avoir réduit les taux directeurs à un bas niveau et pour longtemps (deux ans au moins), les banques centrales ont également mis sous administration les taux long et en particulier les marchés les plus larges et les pays les mieux portant des économies du G8 (Rappelons qu’en France, le taux des emprunts souverains à 10 ans a baissé de 30%, en moins d’un an, passant de 3,25 % à 1,95%). Par ailleurs, les marchés ont bénéficié des efforts d’assainissement des finances publiques des gouvernements occidentaux. D’une ampleur telle qu’ils ont contribué à enclencher chez les investisseurs des anticipations de récession tant de l’activité que des prix au moins au sein du G8. Enfin, les efforts d'épargne des ménages comme des entreprises en pareille situation ont alimenté encore plus la liquidité à placer sur des marchés déjà fort liquides. De quels risques et opportunités 2013 sera t elle le témoin ? Nous pourrions taire cette interrogation ! Comme dans pareils cas après de forts mouvements, notre comportement d’investisseur nous pousse à ne pas siffler trop tôt la fin de la partie. Si l’on observe les différentes stratégies de fin d’année, nous constatons une plus forte exposition aux actifs risqués de la part des investisseurs. Une diversification plus fine et risquée se porte désormais vers les actions et les fonds de crédit plus exotiques et volatiles. Je doute toutefois qu’aucun ne se soit pas rendu compte de la situation historique des performances de ces actifs. Les taux sont au plus bas depuis ... toujours, comme les performances des produits de taux sont au plus haut d’ailleurs. La performance des actions avoisine nos meilleures années. Mais, dans pareilles euphories, force est de constater qu’un grand nombre d’investisseurs appliquent une règle tactique bien connue qui s’apparente aux jeux des chaises musicales, ne pas sortir trop tôt d’un marché financier !!! Reste à envisager les raisons qui pousseraient les investisseurs à plus de prudence. Le premier déclencheur d’une prise de profit sur les marchés viendra d’un nouveau plus bas sur les taux long associé à un équilibre de plus en plus délicat à conserver entre la performance des actions et celle des taux. Si ces derniers continuent de baisser, on peut décemment anticiper que les actions finiront par en prendre ombrage... un niveau d’intérêt réel fortement négatif à long terme illustrant une récession forte voire une dépression, et annonçant à terme le décrochage des niveaux de profits actuels maintenus par les entreprises à force de réduction des frais généraux et de rationalisation de leur processus de production et de distribution. Je fixe ce niveau des taux long à moins de 1% pour la dette souveraine allemande et 1,5% pour son homologue français. De plus, plus proche de nous, la dégradation de la notation de la dette espagnole pourrait créer un nouvel environnement de paniques propices à de nouveaux écartements de marges. Les taux des pays sains partant dans un premier temps à la baisse, fuite devant la qualité oblige. Pour dans un second temps, marquée les esprits par l’ampleur de la récession qu’ils annonceraient. Enfin, la crainte d’une remontée de l’inflation outre atlantique, appuyée par une dépréciation du dollar est un troisième déclencheur probable. Nous n’en sommes pas encore là. Mais compte tenu de la masse des liquidités en circulation, et des niveaux de l’endettement des pays du G7, il suffirait que que les banques centrales cessent de neutraliser leurs injections monétaires. Personne à ce stade n’a relevé ce fait lors la dernière intervention du Fed en complément de son programme d’achat de plus 45 milliards de dollars par mois, la semaine dernière. Toutefois, en finissant par une note d’optimisme, gageons que le pire n’est jamais sur. Il se pourrait que les marchés financiers se stabilisent un temps sur leurs niveaux actuels. La voix de la raison reste que l’année sera positive, mais moins lucrative. Les performances obligataires étant attendues entre 2 et 6% pour les emprunts souverains et le crédit de bonne qualité et de 13% seulement pour le crédit à haut rendement. Nous attendons pour les actions une progression aussi limitée de l’ordre de 6 à 10%, avec un accessit pour les actions zone Euro. Dans un univers de faibles volatilités, bien sur, le profil de gestion équilibrée pourrait au moins atteindre ses objectifs médians (5% de performance pour 4 à 8% de risque). Jean-Christophe Cotta Allocation & Sélection