Si le Brexit et les tensions commerciales dominent l’actualité, des dirigeants de l’Union européenne mettent en garde contre un autre risque potentiel pour la région et l'économie mondiale dans son ensemble: l’importance croissante de nouveaux acteurs financiers systémiques encore peu encadrés.L'évolution des règles de fonctionnement des marchés financiers et celle des stratégies d’investissement ont favorisé l'émergence de nouveaux géants financiers ces dernières années, parmi lesquels figurent la chambre de compensation LCH, basée à Londres, et des gestionnaires d’actifs tels que l’américain BlackRock. Pour certains dirigeants de l’UE, leur montée en puissance n’a pas été accompagnée par un resserrement progressif de leur supervision, d’où des risques accrus pour la stabilité financière.Dans desdocuments distincts que Reuters a pu consulter, l’UE évoque donc la nécessité de nouvelles règles pour réduire ces risques.L’un d’eux, rédigé par la présidence roumaine de l’UE en vue de la réunion des ministres des Finances qui doit avoir lieu en fin de semaine à Bucarest, propose d'étudier des mesures permettant de prévenir une éventuelle remise en cause de la stabilité financière par le secteur de la gestion d’actifs et des chambres de compensation. Ces dangers sont aussi évoqués dans un document du Conseil européen du risque systémique (CERS), que préside Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne (BCE).Le document confidentiel qui doit être présenté à Bucarest énumère les risques pesant sur la stabilité financière, dont le «shadow banking», ou finance de l’ombre, une appellation qui englobe les gestionnaires d’actifs et les fonds d’investissement.Les tensions commerciales et le Brexit figurent en tête de cette liste et celle-ci inclut aussi les risques liés au financement des banques et à la dette. Les principaux motifs d’inquiétude liés au «shadow banking» sont la taille et la complexité de ces activités peu régulées, le niveau élevé d’effet de levier de certains fonds, la faiblesse de la surveillance des risques et le manque de transparence.BlackRock, le numéro un mondial de la gestion de fonds, gère quelque 6.000 milliards de dollars (5.330 milliards d’euros), ce qui en fait un acteur plus gros que certaines grandes banques internationales. Malgré sa taille, il est soumis à des contraintes réglementaires et à une supervision moins sévères que celles en vigueur dans le secteur bancaire. Les pays de l’UE devraient exprimer leur préoccupation à ce sujet lors de la réunion des ministres des Finances du G20 à Washington les 11 et 12 avril en appelant leurs partenaires à répondre, si nécessaire, aux «vulnérabilités financières émergentes» liées à ces acteurs financiers.