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Les partenariats avec des grands groupes dopent les fintechs

Maximilien Nayaradou, Directeur général de Finance Innovation
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Quels sont selon vous les principaux vecteurs de croissance de l’activité des fintechs ?
La dynamique actuelle est en effet extrêmement forte, avec un bond du chiffre d’affaires des cent premiers acteurs français du secteur des fintechs à 1,9 milliard d’euros en 2022, après 1,1 milliard en 2021, selon notre enquête. En outre, il est très satisfaisant de constater que leurs perspectives de croissance restent élevées : plus de 80% d’entre eux tablent sur une croissance supérieure à 30% en 2023 comme en 2024. Finance Innovation est présent depuis plus de dix ans auprès de ces entreprises et nous avons connu plusieurs phases. Au début des années 2010 et jusqu’en 2015, les chiffres d’affaires comme les levées de fonds restaient modestes. Puis depuis 2015, les levées de fonds se sont multipliées pour atteindre, malgré une baisse en 2022, un cumul de près de 6,2 milliards à la fin de l’année dernière. Nous entrons dans une période nouvelle, de croissance soutenue de l’activité des fintechs, tirée en partie par l’appétit des grands groupes bancaires et d’assurance, souhaitant nouer des partenariats avec ces acteurs innovants, afin d’être accompagnés dans leurs projets de digitalisation, qui se sont accélérés depuis la crise du covid. En conséquence, près des trois quarts des fintechs indiquent évoluer dans un univers BtoB au sens large (BtoB, BtoBtoC, BtoBtoB). Outre le paiement et l’assurtech, les services aux acteurs de la finance sont montés en puissance. Le maintien des taux d’intérêt élevés, même s’il contribue à diminuer les levées de fonds, devrait, par exemple, bénéficier à des offres de digitalisation de l’affacturage ou de financement du BFR d’entreprises qui ont peu accès aux financements bancaires, voire aussi au crowdfunding qui redevient plus compétitif, soit aux fintechs offrant des offres de financement complémentaires aux banques.

Dans ce secteur des fintechs, quels sont les principaux atouts de la place financière de Paris ?
La place financière de Paris bénéficie historiquement de la qualité de ses nombreux ingénieurs, ses actuaires, et se distingue ainsi par une solide activité en R&D. Nous avons par exemple traditionnellement une forte expertise en big data et en data mining. Si auparavant beaucoup des diplômés rejoignaient la place de Londres, nous avons gagné en attractivité. La bonne adaptabilité de notre cadre réglementaire aux métiers des fintechs est un atout qui séduit les entreprises de pays voisins. La présence aussi de grands établissements dans la banque, l’assurance ou la gestion d’actifs ouvre la perspective pour les fintechs de signer des contrats importants. Et ce terrain s’avère favorable aux ambitions à l’international de nos acteurs locaux : plus de la moitié d’entre eux disent avoir mis en place une couverture internationale.

Cependant le premier défi identifié par les fintechs françaises est la « pénurie de talents ». Comment peuvent-elles y faire face ?
Les difficultés de recrutement dans la tech, plus généralement, datent déjà de plusieurs années et se sont effectivement accentuées. Nous nous félicitons de voir de grands noms internationaux des nouvelles technologies choisir d’implanter des activités en France. Mais les startups sont alors en concurrence avec eux pour recruter. Elles ont pour elles une capacité à offrir une plus grande flexibilité en termes de conditions de travail. Et c’est ainsi d’ailleurs que si 80% des fintechs étaient purement franciliennes, il y a 3-4 ans, beaucoup d’entre elles développent des back offices (en particulier en R&D, KYC ou compliance) en région.

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