A chaque année sa thématique. Pour 2015, le club de Prospective (*) de l’Association française des investisseurs institutionnels (AF2i) qui s’est tenu hier à Paris dans les locaux de SMABTP s’est donné pour objectif de regarder les classes d’actifs traditionnelles, ou certains de leurs segments, «avec un œil neuf ou critique». La rupture est nette avec les sujets de l’an dernier, où il était question des nouvelles pistes d’investissements comme les infrastructures, les gestions factorielles, thématiques ou les techniques de rebalancement. Pour autant, le sujet de cette année peut être qualifié de bien dans « l’air du temps ». Dans son discours d’introduction, Jean Eyraud, le président de l’AF2i a égrené les différents obstacles auxquels étaient confrontés les investisseurs institutionnels. Outre des taux faméliques, les défis sont « réglementaires ou prudentiels, économiques, techniques ou encore simplement comportementaux », a-t-il indiqué. « Les contraintes réglementaires du type Solvabilité 2 ou Bâle 3, la volatilité des marchés ou des performances, la baisse de la liquidité sur les marchés de taux sont des freins puissants à l’accroissement de certains actifs dits risqués, a recensé Jean Eyraud, tout en notant que simultanément, les investisseurs sont contraints de chercher de bonnes solutions pour conserver une capacité de dégager des revenus réguliers. « Ce sont tous ses obstacles qu’il faut prendre en compte et en même temps essayer de contourner ou au moins essayer de réduire », a ajouté le président de l’AF2i. Pour illustrer ses propos, notamment ceux concernant les classes d’actifs traditionnelles, l’AF2i avait invité, entre autres spécialistes, Anita Barcewski, responsable des actions européennes pour les actions compagnies d’assurances du groupe AXA, AXA IM. Cette dernière a vanté l’intérêt d’une gestion de long terme qui fait de ses équipes de gestion «non pas des gérants mais des investisseurs». Elle a également expliqué que l’objectif premier de sa gestion était avant tout une protection du capital de ses clients investi à l’origine. Par ailleurs, sans avoir recours à des produits dérivés, a indiqué la responsable, l’important est d’investir dans des sociétés qui ont une base d’actifs et, comme le stipule Warren Buffett, auquel elle a beaucoup fait référence, qui distribue des dividendes. «Sans dividendes, l’entreprise vaut zéro» a t-elle déclaré, non sans préciser que ces derniers devaient être tenables. En outre, la responsable a insisté sur le fait qu’en regardant les entreprises cotées sous l’angle de leur qualité sur le long terme, elle évite les sociétés systémiques. Elle se tient aussi à l'écart des banques «car difficilement créatrices de valeur », a t-elle expliqué. Anita Barcewski a précisé que l’important était de favoriser les entreprises dont le management avait une vision, affichant une croissance solide et supérieure au marché, présentant une gestion interne rigoureuse et bénéficiant d’une position compétitive dominante. Dans ce cadre, la responsable a indiqué que sa vocation était alors d’accompagner le développement de ces sociétés et de bien identifier les facteurs de réévaluation auxquels elles sont sensibles ainsi que leur valeur ajoutée. «Pour cela il est nécessaire d’identifier les tendances de long terme de l’économie», a t-elle insisté. Pour conclure, Anita Barcewski a décrit la composition de son portefeuille - très concentré – en distinguant les thèmes cœur d’investissement et les autres thématiques. Dans la première catégorie figurent la croissance durable, l’exposition à la consommation émergente, la santé et la longévité et enfin l’optimisation des coûts. Dans le second figurent la digitalisation de l’économie, l’amélioration de la structure de marché et les opportunités de reprise en Europe. Cela étant, au cours d’une courte séance consacrée aux questions dans l’assemblée, Philippe Desfossés, directeur de l’ERAFP, a interrogé la responsable sur l’absence d’un thème important s’il en est, portant sur la transition énergétique. Ce qu’a reconnu Anita Barcewski, assurant néanmoins que pour ce type d’idée, la porte n'était pas fermée… (*) «Stratégies institutionnelles : pour un autre regard «