En annonçant en fin de semaine dernière que son portefeuille d’actifs avait généré, entre avril et juin, 2.069 milliards de yens de pertes (21 milliards d’euros), le fonds de gestion des retraites publiques japonaises (ou GPIF) a relancé dans l’Archipel le débat sur ses stratégies de placement. Le gigantesque fonds qui contrôle au total 1.090 milliards d’euros d’actifs, soit presque l'équivalent du PIB espagnol, réfléchit à de nouvelles options d’investissement pour augmenter ses gains et tenter de faire face au vieillissement accéléré de la population nippone. Dépendant du ministère de la Santé et du Travail, le GPIF reçoit ses consignes d’investissement du gouvernement et a donc traditionnellement privilégié une approche plus prudente que ses équivalents occidentaux, tels le californien Calpers ou le hollandais ABP, qui osent, eux, des placements dans l’immobilier, dans des « hedge funds » ou d’autres actifs risqués mais potentiellement très rentables. Adepte d’une politique parfois jugée peu sophistiquée, le fonds japonais répartit ses investissements selon des ratios prédéterminés, dans quatre catégories d’actifs qui sont directement touchées par les mouvements sur la place de Tokyo et sur les grandes bourses occidentales. Entre avril et juin, ses actions étrangères, qui représentent 11,14 % de son portefeuille d’investissement, ont ainsi reculé de 7,55 % tandis que ses titres japonais, qui pèsent aussi 11,14 % de son portefeuille, plongeaient de 9,83 %. Malmenées aussi par la crise européenne, ses obligations étrangères, équivalentes à 8,86 % de ses investissements globaux, ont reculé, elles, de 3,46 %. En revanche, ses obligations d’Etat nippones qui occupent 64,92 % des placements du GPIF ont progressé de 1,04 % et permis au total à l’organisme de n’encaisser qu’une perte de 1,85 %. Face à ces mauvais résultats, plusieurs voix pressent le fonds de se lancer rapidement dans des investissements plus rémunérateurs afin de pouvoir tenir ses engagements. Percevant depuis 2009 des contributions inférieures aux paiements qu’il doit effectuer, le GPIF doit « vendre » chaque année une petite part de ses actifs afin de libérer les liquidités nécessaires au paiement des pensions. En avril dernier, le fonds avait ainsi indiqué aux marchés qu’il allait, au fil de l’année fiscale, amputer ses actifs d’environ 8.800 milliards de yens pour combler ce « trou ». Et ce différentiel devrait continuer de croître avec une population nippone dont 24 % des habitants ont désormais plus de 65 ans. En 2060, ces retraités représenteront 40 % de la population et dépendront des cotisations d’un nombre réduit d’actifs. Conscient de ces défis, le GIPF, emmené par Takahiro Mitani, un ancien cadre de la Banque du Japon, tente depuis cet été une percée sur les marchés actions de quelques pays émergents. En juin, le fonds avait ainsi sélectionné six gérants d’actifs pour commencer à investir quelques dizaines de milliards de yens, soit moins d’un milliard d’euros.