Toute l’actualité du secteur du luxe, poids lourd de la Bourse parisienne et européenne, et de ses acteurs français (LVMH, Hermès, Kering, L’Oréal, Chanel) ou étrangers (Estée Lauder, Richemont, Swatch). Nos analyses de l’industrie et de ses évolutions (modes de consommation, zones géographiques).
Revirement ! Treize heures avant l’AG de MBWS, ce matin à Paris, l’Adam a accepté de soutenir la recapitalisation du groupe de spiritueux (l’offre principale) par Cofepp, son premier actionnaire, après avoir obtenu une dilution limitée des minoritaires. Cofepp s’est engagé à ne pas exercer plus de 30% des BSA émis dans le cadre de l’option principale, alors qu’il aurait pu monter jusqu’à 47%. Par ailleurs, la durée d’exercice des BSA de long terme est allongée, de 27 à 42 mois, afin que les minoritaires puissent «constater les premiers résultats de la stratégie» de Cofepp avant d’exercer leurs bons.
MBWS a publié hier soir sur son site le compte rendu des travaux, non finalisés, du cabinet Ledouble, expert indépendant mandaté le 10 janvier dernier. A l’issue de 68 pages de rapport, le cabinet conclut que le prix de l’augmentation de capital réservée à la Cofepp de 4 euros par action «extériorise une prime par rapport à la valorisation multicritère de l’action ; il n’est atteint que dans le haut de la fourchette de valorisation actuelle du groupe intégrant une revalorisation volontariste de l’ensemble de ses actifs».
Swatch Group a achevé jeudi son programme de rachats d’actions pour près d’un milliard de francs suisses. Il proposera à ses actionnaires, à la prochaine assemblée générale, le 23 mai, d’utiliser ces titres rachetés pour réduire le capital de la société. Ils pourront «utiliser les 1.399.000 actions au porteur et les 7.125.500 actions nominatives du programme de rachat d’actions, ainsi que les 505.000 actions au porteur du programme de rachat d’actions de 2008», a fait savoir l’horloger de luxe. Swatch Group a racheté des actions au porteur et des actions nominatives pour un peu plus de 959 millions de francs (851,4 millions d’euros). Sa capitalisation boursière est d’environ 16,74 milliards de francs.
L’Autorité française de la concurrence a annoncé vendredi avoir mené jeudi des opérations de visite et saisie inopinées auprès d’entreprises suspectées d’avoir mis en en oeuvre des pratiques anticoncurrentielles dans le secteur de la distribution de montres de luxe. Elle ajoute qu’à ce stade, «ces interventions ne préjugent bien évidemment pas de la culpabilité des entreprises concernées par les pratiques présumées, que seule une instruction au fond permettra le cas échéant d'établir». Le régulateur précise qu’il ne fera aucun autre commentaire «ni sur l’identité des entreprises visitées ni sur les pratiques visées».
Alès Groupe a annoncé ce matin avoir trouvé un accord avec ses partenaires obligataires et bancaires afin qu’ils ne demandent pas l’exigibilité de leurs créances jusqu’au 29 mars 2019. Le groupe de produits de beauté «poursuit ses discussions avec ses partenaires bancaires et obligataires» afin de trouver une solution de restructuration de sa dette, qui comprend notamment 60 millions d’Euro PP. La vente l’an dernier de la marque Caron a rapporté 28 millions d’euros mais n’a pas suffi à régler la situation. Un adossement du groupe n’est pas exclu par la famille Alès, actionnaire majoritaire de la société.
La marque de cosmétiques française va acquérir la marque de beauté Elemis pour 900 millions de dollars (784 millions d’euros), alors qu’elle cherche à renforcer sa présence au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, selon Bloomberg. Elle va acquérir Elemis auprès de Steiner Leisure, enregistrée aux Bahamas, ainsi que à Elemis, enregistrée au Royaume-Uni. L’Occitane est déjà implantée dans 90 pays, avec 3.285 points de vente, dont 1.555 gérés en direct par le groupe. La firme a annoncé 1,3 milliard d’euros de chiffre d’affaires, et 141 millions d’euros de résultat d’exploitation pour sa dernière année fiscale. Cotée en Bourse à Hong Kong depuis 2010, son cours a gagné 6,6% cette année, pour atteindre une valorisation de 2,53 milliards d’euros.
Alors que l’Adam, mandaté par des actionnaires institutionnels et des petits porteurs de Marie Brizard Wine & Spirit (MBWS), demandait à l’AMF de nommer un expert indépendant afin de « vérifier le caractère équitable des modalités des augmentations de capital prévues », le groupe de spiritueux a annoncé hier dans la nuit la nomination d’un expert indépendant. Le cabinet Ledouble est chargé de rendre une attestation d’équité sur l’augmentation de capital réservée à Cofepp et la création d’un comité ad hoc composé d’administrateurs indépendants « chargé d’interagir avec l’expert indépendant et de rendre un avis au conseil d’administration ».
L’AMF devrait faire cette demande avant d’éventuellement accorder à la Cofepp une dérogation à lancer une OPA sur le groupe de spiritueux MBWS, estime Colette Neuville.
Chanel a annoncé lundi une prise de participation dans une manufacture horlogère suisse, Kenissi. Le groupe de luxe ne précise pas à quelle hauteur il entre au capital de Kenissi, ni le montant de l’investissement. Lors du salon international horloger Baselworld, à Bâle en mars prochain, Chanel présentera une nouvelle création équipée du mouvement automatique créé par la manufacture suisse Kenissi. En septembre dernier, la maison de luxe avait annoncé avoir pris une participation minoritaire dans la société horlogère Journe, marque genevoise dont la production très haut de gamme est limitée à 900 montres par an. La maison Chanel a réalisé en 2017 un chiffre d’affaires de 9,6 milliards de dollars.
LVMH a annoncé ce matin avoir conclu un accord en vue de l’acquisition du groupe Belmond, un opérateur hôtelier de luxe basé à Londres et coté à New York, confirmant une information du Wall Street Journal.
L’honorable maison Chanel veut l’être encore davantage. Elle va bannir les peaux exotiques de ses collections mode et maroquinerie. Adieu crocodile, alligator et lézard tant il est vrai que leurs filières d’approvisionnement laissent à désirer en matière d’éthique. La raison est à chercher du côté de la pression des associations de défense des animaux et sans doute, plus prosaïquement, du côté d’une clientèle toujours plus sensible à cette cause. De quoi inspirer d’autres maisons du luxe, comme Gucci chez Kering ou Louis Vuitton chez LVMH. Nul doute que les analystes ESG apprécieraient.
La politique de rémunération des dirigeants d’EssilorLuxottica n’a été adoptée qu’à 61,42% ce matin en assemblée générale. Un désaveu, avec une très large opposition des minoritaires, qui devrait nécessiter des explications du conseil. Le groupe a également déclaré qu’il rechercherait un nouveau directeur général l’an prochain comme prévu. La nomination de Francesco Milleri, actuel patron de Luxottica, n’est donc plus à l’ordre du jour.
Le groupe de prêt-à-porter SMCP ouvre ses deux premiers magasins Maje et Sandro au Mexique dans le centre commercial Artz Pedregal, en partenariat avec Retail Fashion Group, filiale de Grupo Sordo Madaleno. SMCP s’était installé au Mexique dès 2015, à travers l’ouverture de corners.
Kering a annoncé ce matin un ensemble de nouvelles initiatives pour développer sa stratégie numérique, y compris l’internalisation des activités d’e-commerce actuellement gérées avec la société commune avec Yoox Net-à-Porter. «Après un partenariat fructueux de sept ans avec YNAP qui a atteint ses objectifs, ces activités e-commerce seront transférées à Kering au premier semestre 2020», a expliqué le groupe de luxe. Cette société commune avait été créée en 2012 et était détenue à 51% par Kering et 49% par Yoox, devenue YNAP après que le suisse Richemont a apporté en 2015 Net-à-Porter, en échange d’une participation de 50% dans le nouvel ensemble. Cette société commune devait gérer les boutiques en ligne de plusieurs marques du groupe Kering, telles que Yves Saint Laurent ou Balenciaga.