Le discours tenu par Jean-Claude Trichet à l’occasion de la dernière réunion mensuelle du comité de politique monétaire de la BCE laisse présager qu’une nouvelle hausse des taux directeurs de 25 points de base interviendra le 7 juillet prochain. Une telle décision portera alors le refi en zone euro à 1,50 %, un niveau que les économistes interrogés par bfinance situent inchangé à horizon fin septembre. « L’inflation restera élevée dans les prochains mois et devrait rapidement reprendre une tendance haussière. Le pétrole et les produits alimentaires continueront d’alimenter la hausse générale des prix, mais à un rythme plus modéré », estime Clemente De Lucia, économiste à BNP-Paribas. « Il est de plus en plus évident que les entreprises transfèrent le récent renchérissement des matières premières sur les prix finaux. L’inflation pourrait ainsi augmenter davantage et finir par dépasser le seuil de 3 %, avant de ralentir l’an prochain », ajoute l'économiste. En conséquence, le panel table sur une nouvelle hausse du refi en fin d’année. Celle-ci n’interviendra pas sous la présidence de Jean-Claude Trichet si elle venait à se concrétiser après le 1er novembre, date de prise de fonction de l’italien Mario Draghi, actuel gouverneur de la banque d’Italie et ancien vice-président de Goldman Sachs. Celui-ci devrait poursuivre la ligne anti-inflationniste de la BCE à laquelle n’a jamais dérogé son prédécesseur. De son côté, la Fed a prolongé le statu quo monétaire à l’issue du FOMC de juin, ne semblant pas encline à retirer ou rajouter de stimulus monétaire alors que son deuxième programme d’assouplissement quantitatif a pris fin le 30 juin. Les taux longs américains n’ont d’ailleurs pas réagi, les marchés financiers ayant largement eu l’occasion d’anticiper l’arrêt des rachats de titres par la banque centrale américaine. « La Fed reconnaît l’affaiblissement récent de la croissance mais sans paraître préoccupée outre-mesure, continuant de l’attribuer à des facteurs temporaires. Elle s’attend à ce que le taux de chômage reprenne le chemin de la baisse, mais elle a aussi sensiblement raboté ses prévisions de croissance pour 2011 et 2012 », indique Hélène Baudchon, économiste au Crédit Agricole. « Il faudrait une détérioration sensible de l’environnement pour que la Fed réinjecte du stimulus. Par exemple, que le rebond attendu au second semestre ne se matérialise pas et/ou que la crise grecque en vienne à menacer la stabilité financière mondiale », ajoute-t-elle. Crise grecque La probabilité de voir cette dernière hypothèse se matérialiser s’est légèrement estompée après que le Parlement grec ait validé le plan d’austérité budgétaire élaborée en collaboration avec les bailleurs de fonds internationaux du pays (Commission européenne, BCE et FMI) ,qui prévoit des économies de 28,4 milliards d’euros et 50 milliards d’euros de privatisations à horizon 2015. Cette étape était indispensable au déblocage de la dernière tranche de 12 milliards d’euros du prêt de 110 milliards accordé par l’Union européenne et le FMI en mai 2010. « Ensuite, ce sera à l’Europe de préciser, tout début juillet, les modalités de la nouvelle aide financière apportée à la Grèce, qui devrait inclure une participation « volontaire » du secteur privé tout en prenant soin de ne pas déclencher un évènement de crédit. La dernière étape de ratification par les parlements nationaux comporte aussi des risques avec des opinions publiques parfois hostiles à utiliser l’argent des contribuables pour aider la Grèce », indique la recherche économique du Crédit Agricole. Suite au vote du Parlement grec, le taux à 10 ans de la Grèce a poursuivi son reflux entamé mi-juin pour s'établir à 16,28 %. Les échéances courtes, considérées comme les plus critiques, ont également réagi positivement tout comme les rendements des titres souverains des autres pays périphériques (Irlande, Espagne, Portugal, Italie). Cette réduction temporaire de l’aversion au risque a eu l’effet inverse sur les taux allemands, le 10 ans ayant augmenté tout au long de la dernière semaine de juin en se maintenant toutefois à un niveau inférieur à 3 %. Toutefois, par rapport au mois dernier, le consensus a révisé à la baisse ses anticipations de progression des taux allemands : de 40 pb pour le deux ans, de 35 pb pour le cinq ans et de 24 pb pour le dix ans à horizon fin septembre et de respectivement 25 pb, 18pb et 14 pb d’ici la fin de l’année. La monnaie unique s’est également renchérie après le vote du Parlement grec et s'échangeait contre 1,44 dollar le 29 juin. Son évolution semble prise en tenaille entre les rebondissements de la crise grecque et les craintes sur la croissance mondiale d’un côté ; les anticipations de hausse de taux en zone euro de l’autre. Du coup, le consensus fait à peine évoluer sa position ce mois-ci, anticipant une parité euro-dollar à 1,43 jusqu'à la fin de l’année.