Depuis plusieurs années, les groupes de protection sociale n’ont fait que fusionner entres elles. Humanis a commencé en 2011 à se rapprocher de Vauban et Aprionis, puis de Novalis Taitbout en 2012. Mornay et D&O se sont réunis pour former Klesia en 2012. Quant à AG2R-La Mondiale, qui a déjà absorbé Isica et Premalliance, il entame une fusion avec Réunica. Ces rapprochements s’accompagnent ainsi d’union entre les filiales du groupes, à savoir des caisses de retraite complémentaires, des institutions de prévoyance ou encore de la gestion d’actifs. L’ensemble de ces groupes de protection sociale sont soumis à des contraintes croissantes : d’une part liées à la diminution des encours gérés dans le cadre des régimes de retraite complémentaire Agirc-Arrco, et d’autre part liées à la réglementation (Solvabilité II, Ucits, AIFM. L’impératif pour eux est donc de rationaliser la gestion d’actifs. Le contrôle des coûts «Notre objectif est de consolider la structure de gestion qui doit faire face à de multiples contraintes réglementaires : Emir, Fatca, AIFM, Solvabilité 2..., précise Jean-Louis Charles, directeur des investissements du groupe AG2R-La Mondiale, chargé également d’Agicam. Nous sortons de deux années de fusion avec l’autre filiale de gestion du groupe, à savoir La Mondiale Gestion d’actifs.» L’objectif de la fusion était significativement de maîtriser les coûts. «Cette fusion nous a permis de renforcer la mutualisation et de pouvoir prendre en charge des coûts d’exploitation en hausse du fait de la réglementation. La direction financière assure la gestion obligataire en direct, la société de gestion (Agicam) s’occupe essentiellement de la gestion actions, des fonds de la retraite complémentaire et de l'épargne salariale», indique Jean-Louis Charles. Agicam gère ainsi près de 17 milliards d’euros sur un total de 70 milliards d’euros du groupe. Utilisation des fonctions support des groupes Comme AG2R-La Mondiale, Agrica Epargne n’emploie que des gérants et utilise les fonctions supports du groupe. «Nous gérons l’ensemble des actifs de diversification du groupe Agrica ainsi que les réserves du régime Agirc-Arrco et l'épargne salariale pour un total d’encours sous gestion de 2,2 milliards d’euros, le groupe prenant en charge la gestion du portefeuille assurantiel», explique Jean-Claude Guimiot, directeur général d’Agrica Epargne. Afin de garder un effectif réduit, la société de gestion fonctionne essentiellement par le biais d’une sélection de fonds tout en participant à la définition de l’allocation d’actifs. «Agrica nous a confié un mandat de conseil en allocation qui porte sur l’intégralité des actifs, à savoir 6 milliards d’euros, et nous intervenons en amont pour toutes les opérations financières, indique Jean-Claude Guimiot. Contrairement à Agrica, le Groupe Pro BTP confie 75% (12,3 milliards d’euros) de ses encours à sa filiale de gestion, à savoir Pro BTP Finance. Cette dernière est spécialisée sur les actions et les obligations de la zone euro et depuis peu a ouvert sa gestion aux actifs américains et asiatiques, tandis que le groupe ne s’occupe que des actifs réels : immobilier pierre et papier, infrastructures, capital-investissement. Dans la conquête des clients externes Afin de palier à ces contraintes, certains groupes de protection sociale comme Médéric/Malakoff par le biais de Fédéris Gestion d’actifs, développe une autre stratégie, à savoir la gestion pour compte de tiers. «Nous gérons 26 milliards d’euros dont 2 milliards pour compte de tiers, indique Anne Courrier, directrice générale de Fédéris Gestion d’actifs. Nous travaillons essentiellement pour des mutuelles, des institutions de prévoyance et des sociétés d’assurance. Depuis un peu moins de deux ans, nous avons mis en place une démarche pro-active de conquête de clients externes en constituant une équipe commerciale composée de trois personnes.» Le groupe mise également sur les partenariats. «Nous avons conclu un premier partenariat avec Kepler afin de concevoir et gérer des fonds de prêts à l'économie, investis en placements privés, nous avons également lancé un fonds ISR sur les convertibles avec UBI et un fonds ISR sur les small et mid cap avec Oddo Asset Management, énumère Anne Courrier Chaque acteur apporte son expertise, nous la nôtre, il faut être complémentaire et bien s’entendre sur le partage des rôles et des marges.» Une notion de performance relative Si la rationalisation menée par ces groupes s’accompagne souvent par le renforcement de leur expertise en matière d’ISR et de financement de l'économie française, la recherche de la meilleure performance possible est toujours présente, mais reste difficile à mettre en oeuvre. En effet, les fonds des groupes de protection sociale ne sont pas tous soumis aux même contraintes, ce qui ne permet pas de comparer les performances aisément. «La culture institutionnelle est une culture du risque, précise Jean-Claude Guimiot. Les institutionnels définissent une allocation d’actifs en prenant en compte l’ensemble des marchés financiers et leurs perspectives en y associant des objectifs en matière de risque, mais aussi de gestion actif/passif.» Un équilibre doit donc être trouvé entre les contraintes réglementaires et la performance, car celle-ci remplit plusieurs objectifs. «Nous voulons délivrer de la performance et le faire savoir. Nous figurons régulièrement dans des palmarès et des prix, se félicite Jean-Louis Charles. Cela offre une certaine reconnaissance à nos gérants et nous permet ainsi de conserver des talents.» D’autres comme Médéric/ Malakoff n’hésite pas à mettre ses équipes en concurrence avec des sociétés de gestion externes afin de les stimuler...et les comparer.