La CARMF qui gère l’ensemble des régimes obligatoires de retraite et de prévoyance des médecins libéraux a tenu son assemblée générale samedi 27 octobre 2018 à Paris. La caisse qui pâtit d’une dégradation de son rapport cotisants/retraités dû au vieillissement de ses assurés (123.167 cotisants et 96.225 prestataires), a toutefois fait apparaître en 2017 un résultat net encore positif de 102 millions d’euros pour ses trois régimes (complémentaire, ASV et invalidité-décès) grâce à un résultat financier de 182 millions d’euros portant l’ensemble de ses ressources à 2,1 milliards d’euros contre 2 milliards d’euros de charges. Afin de faire face à ce choc démographique, la Caisse a alimenté des réserves à partir de 1996 grâce à un surcotisation. Mais la CARMF présente un déficit technique depuis trois ans. Elle est ainsi entrée dans une phase de désinvestissement de son portefeuille d’actifs, à hauteur de 200 millions d’euros pour 2018. Un montant appelé à croître dans les années à venir avec davantage de pensions à régler. « Nous avons profité de la forte hausse des marchés boursiers en janvier 2018 pour nous alléger sur les actions. Notre portefeuille comporte 45% d’actions, 35% d’obligations et 20% d’immobilier pour 6,5 milliards d’euros d’encours à fin 2017», indique Michel Manteau, responsable du service gestion de portefeuille, à Instit Invest. La caisse des médecins est également très concernée par le décret (décret n° 2017-887 du 9 mai 2017) sur les placements des caisses de retraite de certaines professions libérales présentant un déficit technique qui pourrait l’obliger à adosser ses réserves à des actifs garantis et sûrs. « Cette décision emporte l’avenir. C’est pourquoi nous attendons très prochainement la décision du Conseil d’État notamment au sujet de l’adossement et de la performance à attendre des réserves du régime complémentaire », précise Michel Manteau. En cas d’application de ce décret, la Caisse devrait ramener le poids des actions à 30% de ses encours pour augmenter la part des obligations. « L’insuffisance de rendement attendue pourrait nous coûter 1,8 milliard d’euros d’ici à 2035 et exiger une hausse des cotisations de 6% », déplore Michel Manteau qui verrait dans cette décision une incohérence avec la loi Pacte qui pousse les investisseurs à soutenir l’économie. Par ailleurs, la Caisse reste très attentive au futur projet de réforme des retraites. « Nous ne pouvons pas accepter l’idée d’un régime universel de base concernant les assurés gagnant jusqu’à 3 plafonds de la Sécurité sociale, car il couvrirait 95% de la population des médecins libéraux, un régime complémentaire ne serait donc quasiment plus alimenté en cotisations », affirme le responsable du portefeuille. La Caisse milite pour un régime universel de base couvrant jusqu’à un plafond de la Sécurité sociale. TV