Le plaidoyer pour un accord cadre avec l’UE prononcé jeudi à Berne par Yves Mirabaud, président de l’Association de Banques Privées Suisses (ABPS) et associé gérant senior du groupe bancaire Mirabaud, dépasse le champ des intérêts de la gestion de fortune et même du secteur bancaire, rapporte L’Agefi suisse. «L’accord cadre est nécessaire pour la poursuite d’une relation apaisée et constructive avec l’UE. Il ne diminue en rien la capacité de la Suisse à refuser d’adapter son droit aux évolutions européennes, mais canalise au contraire les réactions d’irritation que cela pourrait susciter chez notre principal partenaire commercial» a-t-il déclaré lors de la conférence de presse annuelle commune de l’ABPS et de l’Association de Banques Suisses de Gestion (ABG). Le banquier genevois estime qu’«il faut se concentrer sur les conséquences immédiates d’un rejet de l’accord cadre. Sans lui la voie bilatérale se délitera progressivement et l’économie suisse en souffrira».En clair: «sans accord, les relations avec l’UE continueront à se détériorer comme une route mal entretenue». Dans son argumentation, Yves Mirabaud a rappelé que «grâce aux accords bilatéraux, les investissements directs de l’UE en Suisse, par création de filiales ou par acquisitions, ont presque décuplé de 2001 à 2017, passant de 90 à 824 milliards. Les accords bilatéraux avec l’UE ont en outre permis à la Suisse de prospérer, avec seulement deux trimestres de croissance négative depuis leur conclusion, et cela malgré une crise financière majeure».Dans ce contexte, l’accord institutionnel est une condition préalable inévitable pour permettre d’améliorer l’accès au marché pour les banques de gestion de fortune. Yves Mirabaud a relevéque «les négociations individuelles avec les différents pays membres de l’UE piétinent et que les procédures d’équivalence (pour les fonds, les produits dérivés et les Bourses) sont de plus en plus politisées et restrictives. De ce fait, les banques suisses sont forcées de développer leurs activités à l’étranger, ce qui a pour conséquence la disparition d’une grande partie de la valeur ajoutée, des recettes fiscales et des emplois en Suisse»Il a cependant révélé que l’Association suisse des banquiers (ASB) Swissbanking, avec le soutien de l’ensemble des groupes de banques, «travaille à un autre modèle d’accord, fondé sur une démarche volontaire de chaque établissement. Les banques voulant servir activement leurs clients sis dans l’UE seraient soumises aux règles et procédures européennes, les autres non. A long terme, la Suisse et l’UE devraient cependant pouvoir s’entendre sur une reconnaissance mutuelle de leurs règles respectives en matière de services financiers, comme elles l’ont fait pour toutes sortes de marchandises.»