PRUDENCE Le fossé est abyssal entre des fonds obligataires ayant collecté 112 milliards de dollars depuis le début de l’année et leurs concurrents sur les marchés actions ayant accusé 90 milliards de rachats, selon Bank of America ML et EPFR. Prudents face au contexte macro-économique et géopolitique incertain et de faible inflation, les investisseurs ont continué d’empiler leurs actifs dans l’obligataire. Un mouvement confirmé par le dernier SPDR Bond Compass, un relevé des compteurs trimestriel de la détention et des flux de titres obligataires réalisé à partir des données de l’activité de conservation de State Street (18 % des actifs mondiaux). « La forte demande pour les dettes souveraines, à fin mars, témoigne de cette frilosité », note Antoine Lesné, responsable de la recherche et de la stratégie EMEA chez SPDR ETF. Totalement à l’opposé du relevé de fin décembre, les bons du Trésor américain sont les principaux bénéficiaires de cette fuite vers la qualité sur la partie courte de la courbe (3-5 ans). L’appétit est moindre pour les obligations core européennes, vu leur faible rendement, au profit des dettes périphériques. L’Italie offre un spread de près de 260 points de base (pb) et l’Espagne de 105 pb. Malgré ce regain d’intérêt, la dette italienne reste nettement sous-détenue par les investisseurs. Les dettes en euro les plus détenues sont celles de la France et de l’Espagne. Toujours parmi les produits de spread, l’obligataire corporate américain investment grade enregistre des flux massifs, le marché étant à son maximum d’exposition sur cinq ans. Autre enseignement de ce relevé, la dynamique de flux sur la dette émergente redevient légèrement positive. « Ce que nous confirme le retour des investisseurs sur les fonds actifs après les ETFs en fin d’année », indique Antoine Lesné. Un signal fort de la confiance des investisseurs dans la classe d’actifs, comme en 2016 et 2017.