L’habitat représente le grand souci mis en avant par l’épidémie et Berlin porte le sujet à son paroxysme politique. Une pétition est en train d’y circuler pour organiser un référendum populaire sur un thème peu commun : l’objectif est d’exproprier les entreprises immobilières gérant plus de 3.000 appartements ! Cette nationalisation, concernant 120.000 logements au total, permettrait, selon ses défenseurs, de réduire la pression sur la hausse des loyers. Le débat est enflammé, sur la réalité du motif d’intérêt général qui doit justifier une expropriation, sur l’endettement de la capitale si elle doit indemniser les foncières... Ces questions n’ont rien de superflu alors que les Berlinois sont favorables à 54 %, selon un sondage, à la pétition, laquelle compte 130.000 signataires . Il en faut 175.000 dans les deux mois pour déclencher la votation. Déjà, les habitants de la ville meurtrie par le Mur avaient montré leur sensibilité politique à fleur de peau et obtenu un plafonnement des loyers, invalidé en ce début d’année par la Cour constitutionnelle. En 2004, ils s’étaient opposés à la construction de logements qu’ils trouvaient trop près de l’aéroport de Tempelhof, comme le rappelle Der Spiegel. C’est ce qui s’appelle s’attaquer aux problèmes sociaux à leur racine, mais les investisseurs n’ont pas l’air convaincu et font valoir un problème d’atteinte au droit de propriété…