L’actualité des grandes banques centrales de la planète, celles de la zone euro (BCE), des Etats-Unis (Fed), du Royaume-Uni (BoE), du Japon (BoJ). Nos analyses et éclairages sur les politiques monétaires mises en œuvre par ces autorités au cœur de l’économie mondiale.
Suite à sa réunion de politique monétaire, conclue hier, la banque centrale japonaise (BoJ) a confirmé maintenir à -0,1% ses taux à court terme, comme attendu par le marché. Par ailleurs, la BoJ s’est engagée à poursuivre sa politique de contrôle des taux, en maintenant le rendement du souverain à 10 ans entre -25 et 25 points de base. L’institution remarque toutefois que les pressions sur les prix se renforcent, et a relevé ses prévisions d’inflation cœur pour l’année se terminant en mars 2023 à 2,3% contre 1,9% précédemment. Par ailleurs, les prévisions de croissance pour l’exercice en cours ont été abaissées de 0,5 point, à 2,4%. Le yen a baissé suite à ces annonces, à plus de 138 yens/dollar.
La Fed et la BCE pensent pouvoir endiguer l'inflation sans trop affecter le niveau de l'activité. Un optimisme que ne partage pas Vincent Chaigneau, directeur de la recherche de Generali Investments. Découvrez son analyse.
Le gouverneur de la Banque d’Angleterre (BoE), Andrew Bailey, a annoncé mardi que l’institution pourrait commencer à réduire les obligations d’Etat détenues à son bilan de 50 à 100 milliards de livres sterling en un an. Elle devrait mêler des reventes d’emprunts d’Etat britanniques et l’arrêt des réinvestissements des titres arrivant à maturité. La BoE a déjà cessé en mai de réinvestir les remontées des obligations d’entreprise arrivant à échéance (20 milliards sur un total de 867 milliards). La banque centrale donnera des détails sur les ventes « actives » d’emprunts d’Etat britanniques de l’APF (Asset Purchase Facility) lors de sa réunion monétaire du 4 août, rendez-vous qui devrait, selon les marchés, acter une nouvelle hausse du taux directeur de 50 points de base (de 1,25% à 1,75%). Les taux à 10 ans (Gilts) ont grimpé de plus de 8 pb à 2,18% après ces annonces.
Les responsables de la Banque centrale européenne (BCE) envisageraient de relever les taux de 50 points de base (pb) pour freiner l’inflation, ont déclaré à Reuters des sources informées des discussions. Cette entorse à sa «forward guidance», alors que ses gouverneurs ont maintes fois répété que la première hausse ne serait que de 25 pb, pourrait se comprendre face au retard par rapport à d’autres banques centrales comme la Fed. Mais il impliquerait que le Conseil soit tombé d’accord sur un outil antifragmentation crédible et efficace pour éviter un écartement anormal des taux souverains. Une équation pas si évidente cette semaine, alors que l’Italie doit régler une nouvelle crise politique majeure et que la Russie doit reprendre via Nord Stream 1 l’approvisionnement en gaz de l’Allemagne qui pourrait entrer rapidement en récession sinon. Les rumeurs autour de cette hausse de taux ont soutenu mardi l’euro-dollar, remonté à 1,024, et fait remonter les taux euro : le Bund à 1,27% ; l’OAT à 1,84% et le BTP à 3,42%.
La Banque populaire de Chine (PBoC) a injecté, lundi pour la première fois depuis juin, des liquidités supplémentaires dans le système financier chinois alors qu’un boycott des paiements hypothécaires sur les constructions retardées affaiblit les promoteurs et qu’une nouvelle flambée de coronavirus ravive le sentiment de crise. Selon son communiqué, la PBoC a augmenté la taille de ses opérations quotidiennes de trésorerie à court terme, sous la forme d’opérations de prise en pension (reverse repo) à 7 jours, de 3 à 12 milliards de yuans (1,8 milliard de dollars). Soit une injection nette de 9 milliards de yuans, la première depuis le 30 juin. Le taux de «reverse repo» à 7 jours, bien qu’augmenté à 2,1% la semaine dernière, reste inférieur au taux de référence, ce qui limite l’intérêt de l’opération. La décision de la PBoC, qui ne souhaite plus trop assouplir sa politique monétaire, répondrait également à un besoin de liquidités ponctuel, afin de couvrir le paiement d’impôts des entreprises.
Les taux souverains diminuaient vendredi matin, jusqu’à 1,07% pour le Bund allemand à 10 ans, qui avait pourtant dépassé 1,92% le 16 juin, et 1,61% pour l’OAT française à 10 ans. L’ambiance de récession globalisée continue de jouer un rôle important dans cette recherche d’actifs sûrs. Jeudi, la Commission européenne (CE) a réduit ses prévisions de croissance en zone euro, de 2,7% à 2,6% pour 2022 et de 2,3% à 1,4% pour 2023, principalement en raison de l’impact de la guerre en Ukraine sur l’inflation européenne qui atteindra au minimum 7,6% sur l’ensemble de l’année.
Les ministres des Finances et les banquiers centraux veulent avancer sur ce projet, crucial pour la souveraineté monétaire. Les banques redoutent des effets négatifs sur leur modèle économique.
Le remplaçant de l’Eonia, qui représente le taux de rémunération des dépôts au jour le jour, navigue toujours autour de -0,58% en dépit de la remontée de la plupart des taux d’intérêt. L’explication en est purement technique.
L’euro-dollar a frôlé la parité en chutant encore à 1,0077 vendredi matin à 9h30 (1,0145 à 13h), soit un plus bas de près de vingt ans. Sur la semaine, la monnaie unique aura perdu près de 3% avec les inquiétudes grandissantes autour de l’arrêt des approvisionnements de gaz russe – au-delà des grèves du début de semaine dans les champs norvégiens -, et plus globalement des craintes de récession, également aux Etats-Unis, qui attirent les flux sur le billet vert comme «valeur refuge».
La banque centrale de Hongrie accentue son tour de vis monétaire alors que la forte dépréciation du forint, la devise hongroise, complique sa lutte contre une inflation de près de 11%. L’institution monétaire a relevé jeudi son taux de dépôt à une semaine de 200 points de base (pb), à 9,75%. Celui-ci avait été relevé de 50 pb la semaine passée, au niveau du taux de base qui avait été rehaussé de 185 pb quelques jours plus tôt. La Hongrie affiche désormais les taux d’intérêts les plus élevés en Europe. Le forint a atteint mercredi un plus bas historique de 416 face à l’euro. Le pays est non seulement confronté à l’envolée de l’inflation mais aussi au risque de récession qui affecte les actifs risqués.