Le vert en ce moment est tendance. Moins par les sapins coupés à l’approche des fêtes de Noël que par la COP 21 qui en a fait la couleur des énergies propres. On sait d’ailleurs, depuis le début de la semaine, que ces dernières vont profiter d’un investissement doublé dans les cinq ans à venir, comme s’y sont engagés pas moins de vingt pays, dont la France et les Etats-Unis. Bien dans le timing, l’organisation internationale Portfolio Decarbonization Coalition (PDC), qui accompagne les efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre par le biais de l’engagement des investisseurs institutionnels, a, pour sa part, annoncé des résultats meilleurs que prévu. L’organisation supervise la décarbonation de 230 milliards de dollars d’actifs sous gestion, contre une centaine de milliards de dollars espérés à l’origine. Ont-ils également voulu faire preuve de solidarité ? Toujours est-il que les comptes des sociétés de gestion françaises s’affichent également en vert en bas de tableau, en ayant fortement redressé tant leur chiffre d’affaires que leur rentabilité en 2014, selon un rapport de l’Autorité des marchés financiers (AMF). Le phénomène dépassant largement les frontières, la gestion d’actifs devient stratégique pour les banques, et l’on peut imaginer que les dossiers des sociétés de gestion à vendre vont être épluchés par beaucoup. Encore faut-il qu’on en trouve d’intéressants, a tempéré Laurent Mignon, le patron de Natixis. Si tel n’est pas le cas, la filiale de gestion d’actifs de BPCE - qui a mis la main il y a peu de temps sur DNCA Finance – utilisera un trésor de guerre d’environ 800 millions d’euros pour un programme de rachat d’actions. A l’évidence, Oddo & Cie a été plus prompt en matière de croissance externe. L’établissement français a fait part de son intention de lancer une contre-offre publique d’achat volontaire et conditionnelle sur le Groupe BHF Kleinwort Benson. La boutique française n’est cependant pas la seule à s’intéresser au holding financier européen qui exerce principalement ses activités dans la banque privée et la gestion. La SocGen a négocié avec la société de gestion parisienne un engagement ferme portant sur le rachat de Kleinwort Benson Wealth Management. Autrement dit, l’activité de banque privée au Royaume-Uni et dans les îles Anglo-Normandes de BHF KB. Que le monde de l’asset management profite d’une période qui lui est favorable est une chose. Qu’il en oublie toutes les règles de prudence en est une autre, semblent rappeler certaines institutions financières. Ainsi, cette semaine, dans un rapport, le Financial Policy Committee (FPC), un comité de politique financière dont le rôle est de contribuer à l’objectif de stabilité de la Banque d’Angleterre et de contrôler les risques systémiques, s’est prononcé en faveur des stress tests dans la gestion d’actifs. Et pour se donner plus de poids, le FPC a indiqué qu’il soutenait les conclusions du Conseil de stabilité financière (FSB) sur le sujet. En France, le régulateur ne se désintéresse sans doute pas du sujet, mais il s’est surtout préoccupé cette semaine d’asseoir son autorité. La SocGen en fait les frais, qui n’aurait pas respecté ses obligations de déclarations de transactions entre début 2008 et juin 2010, et n’aurait pas mis en œuvre un dispositif de conformité efficace. Pour cela, le Collège de l’AMF requiert une amende de deux millions d’euros. A suivre donc. Mais le rôle de l’AMF n’est pas seulement celui d’un gendarme de la Bourse. Investie d’une mission éducative, l’Autorité a aussi publié cette semaine, pour la première fois, un état des lieux des pratiques en matière de stratégie et communication actionnariale des sociétés cotées. En Suisse cette fois, c’est la justice qui s’est mise en avant ces derniers jours. Elle a jugé l’informaticien français d’HSBC, Hervé Falciani, coupable de service de renseignements économiques. Bien qu’acquitté des autres préventions, l’homme est condamné à 5 ans de prison. La France n’extradant pas ses ressortissants, l’ancien salarié d’HSBC Private Bank France échappe aux geôles helvètes. Sans le moindre rapport avec une décision de justice cette fois, un cadre a repris sa liberté cette semaine après neuf ans passés dans la plus importante société de gestion dans le monde par les encours gérés. Eric Wohleber va quitter BlackRock France, qui a entamé une vaste réorganisation de sa direction à Paris. Entre autres changements, la société de gestion accueille notamment Jean-François Cirelli et Stéphane Lapiquonne pour diriger ses activités en France, mais aussi en Belgique et au Luxembourg. Enfin, pour conclure, il y a quelques jours, on a appris qu’un hedge fund américain avait procédé à des saisies d’actifs argentins en France au cours des derniers mois, après avoir pris la tête d’un groupe d’investisseurs demandant le remboursement de 1,7 milliard de dollars. Ces saisies touchent notamment BNP Paribas, intervenu sur les marchés internationaux pour le compte de la province de Buenos Aires en juin. Le hedge fund s’appelle Elliott. Mais c’est aussi ce que l’on nomme pudiquement un fonds vautour. Décidément, les temps changent. A l’approche de Noël, on se souviendra que la Walt Disney Company avait connu un grand succès dans les années 70 avec un Elliott. Mais c’était un dragon. Inoffensif de surcroit. Et devinez quelle était sa couleur : vert !