Le département dédié aux produits structurés de Natixis Asset Management (NAM) a pour objectif de créer des produits attrayants en terme de performance, malgré la donne des marchés qui ne va pas forcément dans ce même sens. Et ce, même si la situation s’est un peu améliorée ces derniers mois. En cause l'évolution de deux éléments qui dès la «fabrication» du fonds vont déterminer l’intérêt du produit : le niveau des taux d’intérêt et la volatilité sur les marchés. Le premier fixe en effet le montant des sommes à mobiliser dès la souscription sur une obligation «zéro coupon» afin d’assurer la restitution au terme du capital investi – net de frais – tandis que la volatilité détermine le coût de l’option qui sera directement à l’origine de la performance du fonds. Or, depuis plusieurs mois, les taux évoluent à des niveaux très bas – avec, pour exemple, une OAT 6 ans, à 2,60 % - nécessitant l’affectation d’une part prépondérante du capital investi sur l’obligation de façon à garantir son versement à l'échéance. Quant à la volatilité, bien que revenue à des niveaux plus normaux ces derniers mois, elle reste élevée et renchérit de facto le coût de l’option. La technique pour les concepteurs de fonds à capital garanti consiste à indexer la performance du panier de référence (un ou plusieurs indices, un ensemble d’actions…) à concurrence de 50 % ou 60 % par exemple et/ou à espacer les points d’observation de l'évolution dudit panier pour le calcul du gain final - chaque trimestre, chaque semestre, etc - ce qui aura pour effet de lisser la performance dans un scénario de hausse des marchés.Cela dit, les sociétés de gestion ont la possibilité de concocter des produits mieux adaptés à la situation du moment. Pour schématiser, il existe deux natures de fonds à capital garanti. Le premier regroupe des fonds à stratégie directionnelle plus performants dans un scénario de reprise des marchés tandis que le second regroupe des fonds suivant une stratégie de rendement, plus en phase avec des marchés sans réelle tendance. «Chez NAM, par exemple, en 2009, compte tenu du comportement des marchés, l'établissement a privilégié la commercialisation de fonds à stratégie directionnelle après la forte baisse des mois de février-mars, avant de revenir également vers des fonds affichant une stratégie de rendement en fin d’année», explique Samir Nait Bachir, responsable de la gestion «produits structurés et fonds d’actionnariat». Cependant, ce dernier doit aussi composer avec ses clients naturels : les réseaux des Caisses d’Epargne et celui des Banques Populaires – dont les sensibilités en matière d’appétence au risque peuvent différer. Aussi le pôle conçoit-t-il aussi deux types de produits pour laisser le choix de la souscription aux réseaux chargés de leurs commercialisation… Les établissements commercialisant des fonds à capital garanti admettront facilement qu’il sera difficile de les rendre attrayants en termes de résultats compte tenu des conditions actuelles des marchés, il n’en demeure pas moins que des solutions existent pour rendre l’ensemble plus performant. Sans faire de miracles pour autant puisqu’il sera nécessaire d’accepter une protection partielle du capital. Dans ce cadre, des produits d’assurances de portefeuille par exemple n’assurent que 80 % ou 90 % par exemple de la mise du souscripteur mais permettent aux gérants de disposer d’une marge plus importante pour améliorer la performance du fonds. En l’occurrence, il s’agit d’une «poche» qui sera gérée activement – et non pas de façon passive comme c’est le cas pour les fonds à capital garanti classique dont les résultats dépendent de l'évolution d’un indice. En fonction de la situation des marchés, le pilote du fonds expose plus ou moins largement son portefeuille aux actions. Par l’intermédiaire de Natixis Interépargne et de l'épargne salariale, NAM commercialise depuis quelques mois Impact ISR Protection 90, un FCPE de cette nature qui offre à tout moment une protection de 90 % de la plus haute valeur liquidative. Quant à la poche dynamique, elle peut atteindre au maximum 40 % de l’actif du fonds. Enfin, ces fonds disposent d’une souplesse de fonctionnement que les fonds à formule « classiques » ne possèdent pas en pouvant être souscrits (et aussi vendus) à tout moment - et non pas uniquement au cours de périodes de commercialisation définies... et courtes.Si ces produits devraient trouver preneurs, il est probable aussi que leur succès se fera au sein, notamment, de la gestion privée des banques à côté d’autres fonds qui ne comportent pas de garantie en capital, mais prévoient des sorties anticipées sous conditions – une hausse ou une baisse limitée de l’indice de référence - avec un rendement à la clé. Exemple : Hologram 2 chez NAM actuellement en cours de commercialisation qui permet d’espérer un rendement actuariel compris entre 6,02 % et 6,72 % et protège le capital qu'à concurrence d’une baisse des marchés d’actions de plus de 50 % par rapport à son niveau d’origine à l'échéance du fonds fixée dans six ans. «Sachant qu’il est de plus en plus difficile de vendre des fonds investis en actions, y compris auprès de clientèle avertie, ces fonds ont de l’avenir, explique Christophe Da Silva, responsable de l’ingénierie produits chez NAM. Mais comme Samir Nait Bachir, ce dernier est convaincu que leur succès passe aussi par le développement de solutions patrimoniales d’ensemble. «Dans ce cadre, conclut Samir Nait Bachir, des fonds d’assurances de portefeuille avec une garantie partielle figureraient avec des fonds de gestion flexible en mesure de s’adapter à l'évolution des marchés et enfin des fonds thématiques – investis via des indices dans le secteur de l'énergie durable, des secteurs cycliques, sur des zones géographiques différentes, etc, avec, cette fois, un objectif de performance affichée.»