« Les pays émergents vont rester la principale source de croissance mondiale. Mais cette thèse est désormais connue et la surperformance de ces marchés par rapport au monde développé va ralentir voire disparaître. Parallèlement, les divergences entre secteurs et zones géographiques au sein de l’univers émergent s’accroissent », analyse Kristof Bulkai, gérant de Thames River Capital, une société qui fait partie du groupe F&C. Pour prendre en compte cette nouvelle donne, et continuer à obtenir de la performance sur les marchés émergents, une approche « longue » ne suffit plus, estime-t-il. C’est pour cette raison que Thames River va lancer en juin un fonds long/short sur les marchés émergents, conforme à la directive Ucits III, qui permettra donc aussi de prendre des positions vendeuses sur les thèmes ou zones géographiques sur lesquels les gérants, Kristof Bulkai et Hugo Rogers, seront négatifs. Le duo gère déjà ensemble le fonds Thames River Water & Agriculture. « L’émergence d’une classe moyenne en Chine et en Inde profite à de nombreuses entreprises, du côté des biens de consommation, de la santé, des secteurs sur lesquels nous sommes positifs », explique Kristof Bulkai. « Mais certaines pâtissent de cette nouvelle tendance. En effet, avec l’augmentation du niveau de vie, les salariés commencent à réclamer de meilleures conditions de travail. Or toutes les sociétés ne parviennent pas à répercuter ces hausses de coûts au consommateur final. C’est notamment le cas du secteur de l’assemblage », illustre-t-il. Kristof Bulkai compte aussi jouer les communications mobiles, un secteur qui est détesté par le marché. Il est notamment optimiste sur ce secteur compte tenu du développement de la télévision par Internet, qui va devoir passer par des investissements en fibre optique. Dans le même temps, les smartphones et les iPad conduisent à un développement de la demande pour des données. Au total, le fonds sera composé d’une cinquantaine de positions, courtes et longues, et ciblera une performance nette de frais dans les 15-20 %. Le fonds, de droit irlandais, aura une capacité de 3 à 5 milliards de dollars. Avec ce produit, Thames River compte rebâtir une offre de fonds « marchés émergents » qu’elle avait autrefois au travers de sa joint venture Nevsky qui n’a pas été incluse dans la transaction avec F&C. Cette gamme se compose d’ailleurs aussi d’un hedge fund long/short sur les émergents qui a été récemment repris à Nevsky.