Ghadir Abu Leil-Cooper, head of EMEA et gérante du fonds Baring MENA qui est lancé ce lundi, a précisé que cet OEIC irlandais focalisé sur le Moyen-Orient et Afrique du Nord (lire nos articles des 4 et 17 mars) aura un portefeuille concentré de 20 à 50 lignes et qu’il s’agit bien entendu d’un produit risqué puisqu’il sera investi en actions de marchés «frontière», où existent des risques à la fois de marché, de conjoncture et politiques.Malgré le très fort tropisme de l'équipe marchés émergents pour la Turquie, où Barings surpondère nettement les banques et considère qu’avec le faible niveau des taux la population peut même envisager de contracter des prêts hypothécaires, la poche turque du fonds MENA est plafonnée à 25 % «pour ne pas en faire un autre fonds Turquie», précise la gérante. Par ailleurs, il n’y aura pas de valeurs israéliennes dans le portefeuille, puisque l’Etat hébreu quitte dans un mois les indices des pays émergents.D’une manière générale, Ghadir Abu Leil-Cooper souligne que les pays de la région MENA ont comme atouts d'être riches en ressources naturelles, qu’ils bénéficient d’une population jeune, croissante (l'équivalent de deux Egypte sur les 20 prochaines années) et sous-endettée.Un risque bien doséCes pays devraient connaître une «vraie» croissance, ils disposent de liquidités avec le pétrole et sont gouvernés par des dirigeants qui ont tout intérêt à créer des emplois face à l’expansion démographique, pour préserver leur régime. Cela se traduit par une ouverture progressive des marchés financiers aux investisseurs occidentaux, et l’on vient d’ailleurs d’enregistrer le lancement d’un premier ETF sur les actions saoudiennes. On constate aussi un fort développement des programmes d’infrastructures. Les pays sont solvables, si l’on considère les ressources des fonds souverains (ces derniers pèsent d’ailleurs 9 % de l’encours total de 28,9 milliards de livres de Baring, qui gère 12,5 milliards de livres sur les marchés émergents). Actuellement, «après que beaucoup de valeurs ont été massacrées après l’affaire de Dubaï, les valorisations dans la région ne sont peut-être plus très, très bon marché, mais elles restent raisonnables voire carrément bon marché, notamment parce que nous sommes nettement plus optimistes que le consensus en matière de croissance des bénéfices», poursuit Ghadir Abu Leil-Cooper. Et «Barings s’est, cette fois encore, positionné à temps» avec sa stratégie GARP (growth at reasonable price) qui est censé lui éviter d’acheter des valeurs trop chères.Dans cette optique, le gestionnaire britannique étudie actuellement la possibilité de confier à son équipe marchés émergents la gestion d’un fonds BRIC et d’un fonds Inde.