Alors que les investisseurs institutionnels français se détournent du capital investissement (voir NewsManagers du 14/10/2010 et l’Agefi du 28/04/2011), les gérants (ou general partners, GP) des fonds de private equity sont confrontés à un environnement plus difficile pour les levés de fonds. «Les gérants doivent être conscients qu’ils auront un tiers de moins d’investissements, en nombre et en volume, qu’avant la crise», a prévenu Stéphane Grillmaier, partner chez MVision, lors d’une table ronde organisée par L’Afic (Association française des investisseurs en capital) jeudi 28 avril à l’occasion de sa conférence annuelle dédiée au capital investissement. La pression réglementaire a fait fuir une bonne partie des investisseurs institutionnels français, les LP, confrontés aux exigences de Bâle III et Solvabilité II. De fait, les GP doivent aujourd’hui accepter qu’il y a une nouvelle donne. «Leur clientèle change», constate Thierry Timsit, directeur général chez Astorg Partners. «Moins de banques, moins d’assurances, mais plus de family offices et de fonds de pension, notamment en provenance d’Asie-Pacifique, où les acteurs échappent aux reglementations européennes», ajoute-t-il. Avant la crise de 2008, les institutionnels représentaient en France encore 40 % des levées de fonds, contre 17 % après la crise. Aux GP de s’adapter aux demandes de ces nouveaux investisseurs, «et leur fournir des données brutes qu’ils réclament sur les sociétés afin de comprendre d’où vient la performance. Nous devons faire des efforts pour leur garantir une transparence accrue», insiste Thierry Timsit. Surtout que les places seront chères. «Ayant évité de lancer des levées de fonds en 2009 et 2010, les GP ne peuvent plus attendre trop longtemps et se lanceront au même moment dans la course», note Louis Tricano, directeur adjoint et responsable des relations investisseurs chez 3i. Les fonds disposant de bonnes équipes et d’un solide track record devraient s’imposer. A ce titre, «il y aura toujours des fonds pour les équipes solides et des thèmes porteurs», conclut Louis Tricano.