Nos articles d’actualité et d’analyse sur le financement des entreprises par dette obligataire (marché primaire, DCM, obligations hybrides) ou bancaire.
Licornes. Malgré un ralentissement des levées de fonds au second semestre 2022, la French Tech a battu un nouveau record en levant 13,49 milliards d’euros au cours de l’année passée, soit une hausse de 17 % par rapport à 2021, selon le bilan annuel du baromètre EY. Désormais composé de 27 entreprises, le club des licornes a accueilli 8 nouveau membres sur la période : Qonto, Exotec Solutions, Payfit, Ankorstore, Spendesk, Ecovadis, NW Group et Younited. Les services internet et les logiciels ont porté le marché avec chacun 2,9 milliards levés en 2022. La France fait ainsi mieux que l’Allemagne, qui a vu le montant des levées de fonds baisser de 38 % sur l’année, à environ 10 milliards d’euros, et affiche une meilleure dynamique que le Royaume-Uni où le financement des start-up a reculé de 15 % à 27,5 milliards. Le tour de table le plus notable de 2022 en Europe a été celui du britannique The Access Group pour 1,2 milliard d’euros.
Le groupe d’analyse des produits pharmaceutiques, alimentaires et de l’environnement Eurofins Scientific a annoncé mardi avoir levé 600 millions d’euros via une émission d’obligations hybrides. La transaction a été sursouscrite plus de 2,7 fois, a précisé le groupe français dans un communiqué. Ces obligations hybrides porteront un coupon annuel à taux fixe de 6,75% durant les cinq premières années et demie, soit jusqu’au 24 juillet 2028, le groupe ayant ensuite la possibilité de les rembourser.
Les 470 millions d’euros d’obligation convertibles émises en novembre dernier n’ont pas été épargnées par la réduction des objectifs financiers de l’entreprise.
Confiance. Bel a dévoilé le lancement d’un second Schuldschein, après celui de 2013. Ce placement privé de droit allemand s’inscrit dans le modèle de développement du groupe visant à conjuguer performances financière et extra-financière : le financement est lié, pour les maturités de plus de 3 ans, à trois objectifs : réduction des émissions de gaz à effet de serre, développement de diagnostics carbone et plans d’action auprès des producteurs de lait, contribution à une alimentation plus saine sur ses marques cœur à destination des enfants et des familles. Le montant du Schuldschein multidevise s’élève à 315 millions d’euros : 195 millions en euros, 120 millions en dollars, avec des tranches de 3 à 12 ans. Bel se prévaut d’une large sursouscription (taille initiale envisagée de 200 millions) et de conditions financières attractives. L’opération a été arrangée par Crédit Agricole CIB, Commerzbank, HSBC Trinkaus et la Société Générale.
Souveraineté. Le fonds Lac1 géré par Bpifrance entre, à hauteur de plus de 5 %, au capital d’Elis, spécialiste de la location-entretien d’articles textiles et d’hygiène, en vue de soutenir son développement. Le fonds souverain à la française rassemble une quarantaine d’investisseurs, français et internationaux. Lancé en mai 2020 avec 4,2 milliards d’euros, il a vocation à « accompagner sur le long terme des multinationales françaises cotées performantes qui souhaitent stabiliser leur capital en s’appuyant sur Bpifrance ».
L’entreprise d’ingénierie Spie a annoncé mardi le lancement d’une émission d’obligations remboursables en numéraire et en actions nouvelles et existantes, ou Ornane, indexées à des critères de développement durable à échéance 2028 pour un montant nominal de 400 millions d’euros. A la Bourse de Paris, l’action Spie recule de 4,1%, à 24,14 euros.
Le régime de pension australien AustralianSuper a établi un partenariat avec le gérant américain Churchill Asset Management en dette privée. Le fonds de pension alloue 250 millions de dollars (235,8 millions d’euros) au gérant pour une stratégie de dette senior et unitranche pour financer des leveraged buyouts (LBO, rachat à effet de levier) d’entreprises américaines de taille moyenne. L’allocation initiale pourra augmenter avec le temps. AustralianSuper a déjà engagé plus de 4,5 milliards de dollars dans la classe d’actifs dette privée et a l’ambition de tripler son exposition dans les prochaines années à travers un assortiment de prêts directs réalisés par son équipe interne et d’investissements dans les fonds de gérants.
Le groupe japonais Sumitomo Mitsui Financial Group (SMFG) prévoit d'étendre son alliance avec l’américain Jefferies Financial Group à l’Europe et à l’Asie dans le but de renforcer son activité de banque d’investissement mondiale. Le deuxième plus important établissement de crédit nippon, qui a acquis l’an dernier une participation proche de 5% au capital de Jefferies, serait également intéressé par un renforcement de son investissement afin de faire de la banque américaine une société affiliée pouvant être mise en équivalence dans son bilan, a précisé à Bloomberg Jun Ohta, directeur général de SMFG. Ce renforcement serait soumis à l’accord préalable de la Fed de New York.
Les sociétés de gestion de fonds traditionnels et alternatifs doivent revoir «de toute urgence» leurs directives internes sur l'évaluation des actifs illiquides, a prévenu l’autorité suédoise des marchés financiers Finansinspektionen. Cette dernière a également identifié divers risques dans l'évaluation de certaines classes d’actifs. Le régulateur suédois a réalisé une étude approfondie sur la robustesse des processus d'évaluation des actifs peu liquides de onze gestionnaires de fonds. L’examen a porté sur la manière dont les gestionnaires évaluent les obligations d’entreprises, les actions non cotées, les produits structurés et les crédits dans des conditions normales et de stress. Cette étude s’inscrit dans le cadre des travaux de l’Esma, le régulateur européen. Le constat de l’étude est que «les directives internes d'évaluation de certains gestionnaires ne sont pas claires ou ne contiennent pas toutes les informations requises par la directive AIFM». «Cela pose problème. L’équipe d’évaluation doit disposer d’instructions claires pour son travail. Les fonctions de contrôle doivent également pouvoir examiner la manière dont l'évaluation a été effectuée», estime Catrin Hådén, responsable adjointe du département de supervision des comportements au sein de Finansinspektionen. Selon Finansinspektionen, il s’agit d’un problème sur lequel le secteur en général doit travailler davantage et que les sociétés devraient pouvoir résoudre d’elles-mêmes en étant plus prudentes. «Il ne semble pas qu’il s’agisse d’une question d’ignorance, mais plutôt que les gestionnaires n’ont pas donné la priorité à la vérification de la cohérence des différentes procédures entre elles ou avec la réglementation», ajoute Catrin Hådén. Le régulateur suédois poursuivra son analyse et envisagera des mesures appropriées pour s’assurer que les opérateurs se conforment aux exigences réglementaires.