Mirova veut être un acteur de la transition énergétique dans les émergents. L’affilié de Natixis Investment Managers dédiée à la finance à impact va acquérir 100 % de SunFunder, une société de gestion de dette privée qui finance des projets liés aux énergies renouvelables en Afrique et en Asie. Créée il y a dix ans sous la forme d’une plateforme de financement participatif, SunFunder avait pour principal objectif de proposer des solutions de financement pour le secteur énergétique solaire décentralisé en Afrique «afin d’avoir un impact à la croisée des chemins entre changement climatique et inégalités», selon la boutique. Depuis, la société a lancé une série de véhicules de financement mixte - mêlant capitaux publics et privés -, et a financé plus de 165 millions de dollars d’investissements dans 58 entreprises déployant des énergies propres, principalement en Afrique et en Asie. Avec cette petite opération, dont le prix est resté confidentiel, Mirova n’est clairement pas dans une course à la taille d’actifs, mais dans l’acquisition d’une expertise pointue. Elle fait même d’une pierre deux coups en se renforçant à la fois dans les actifs réels et dans les marchés émergents. Mirova gère pour mémoire 27 milliards d’euros d’encours, dont 2,2 milliards d’euros en infrastructures de transition énergétique et 500 millions d’euros en capital naturel. SunFunder doit d’ailleurs devenir le noyau dur de l’activité dans les émergents de Mirova, qui va y intégrer son bureau de Singapour créé en 2021, ainsi que ses activités en Amérique latine issues d’une première acquisition, celle d’Althelia il y a quatre ans. Cette plateforme réunira les 38 collaborateurs de SunFunder, qui rejoindront tous Mirova, répartis entre Londres, Paris et Nairobi. «Nous aurons une capacité d’action sur trois continents, ce qui est assez unique dans le paysage de sociétés de gestion de notre taille», se félicite Philippe Zaouati, directeur général de Mirova, dans une interview à NewsManagers. La marque sera par ailleurs conservée, a assuré Philippe Zaouati. Lancement d’un fonds de 500 millions de dollars SunFunder trouve de son côté avec Mirova les moyens d’accélérer son développement en touchant une base de clients bien plus large. «Nous avions l’ambition d’accroître notre impact mais nous avions conscience que nous ne pouvions pas passer l’étape suivante tout seul», a raconté Audrey Desiderato, co-fondatrice de SunFunder. Une volonté qui s’inscrit dans un contexte plus global. «Il y a une grande transition écologique qui s’opère dans les émergents et on a besoin d’accélérer cette transition avec l’aide des énergies renouvelables», souligne-t-elle. Le rapprochement devrait rapidement porter ses premiers fruits, puisque Mirova et SunFunder a commencé à lever un fonds de financement en dettes de l’énergie solaire doté d’une capacité d’investissement de 500 millions de dollars. Ce fonds ciblera environ 70 projets répartis en Afrique, en Asie et en Amérique latine. Il doit réunir investisseurs publics (à hauteur de 20-30 %) et investisseurs privés de type compagnies d’assurance, fonds de pension, institutions privées partout dans le monde. Le premier closing pourrait avoir lieu d’ici à la fin de cette année. «Les besoins en investissement étant en très forte croissance et les tickets moyens d’investissement devenant de plus en plus gros, nous devons proposer un véhicule de financement en dette qui permette un véritable passage à l’échelle des solutions d’impact jusqu’alors déployées par SunFunder », commente Philippe Zaouati. «Pour s’attaquer en profondeur aux défis posés par la lutte contre le réchauffement climatique et la réduction des inégalités sociales, avoir une empreinte locale dans les pays émergents est indispensable», conclut-il.