Dans une note d’analyse publiée le 19 juillet, Novethic réalise un tour d’horizon des démarches d’impact investing. « L’objectif de cette nouvelle étude est d’identifier les meilleures pratiques d’investissement à impact dans un contexte foisonnant », indique Harald Condé Piquer, l’auteur de l’étude chez Novethic. Cette nouvelle classe d’actifs appartenant au champ de l’investissement responsable voit en effet les initiatives fleurir en France et à l’étranger de la part des investisseurs (fonds de pension, assurances, sociétés de gestion), des banques et des banques de développement. L’impact investing se fonde sur l’intention explicite des investisseurs de générer un impact social ou environnemental et l’engagement de mesurer et reporter cet impact. Cette démarche sociale s’accompagne d’un objectif de rendement. Novethic estime qu’environ deux tiers des investisseurs attendent des niveaux de rendements proches des niveaux classiques alors qu’un tiers vise des rendements financiers inférieurs, privilégiant l’impact. Parmi les investisseurs institutionnels français engagés dans l’impact investing figurent la Caisse des Dépôts, Bpifrance, Crédit Mutuel Arkéa, CNP Assurances, l’ERAFP, AG2R La Mondiale, Mirova, le Crédit Coopératif, Natixis. Certains assureurs ont lancé des fonds dédiés à l’impact investing, comme Axa avec un fonds lancé en 2013 de 150 millions d’euros et Aviva France avec un fonds de 30 millions d’euros investis dans l’économie sociale et solidaire. Dans sa note d’analyse, Novethic s’intéresse également au fonds NovESS lancé par la Caisse des Dépôts en collaboration avec BNP Paribas Cardif, le Crédit Coopératif, l’ERAFP, l’IRCANTEC, l’UMR et la MNT et qui a pour objectif d’atteindre les 100 millions d’euros d’investissement, après un premier closing de 60 millions d’euros. 700 millions d’euros d’impact investing estimés en France Mais, principale difficulté dans ce « contexte foisonnant », la définition précise des critères de l’impact investing. « En France, nous n’avons pas de définition officielle de l’investissement à impact social », reconnaît Dominique Blanc, directeur de la recherche chez Novethic. « On peut estimer les encours de l’impact investing en France à 700 millions d’euros et plus largement les fonds d’ISR de conviction, reposant sur une approche thématique ou une démarche best-in universe, à 25 milliards d’euros », précise-t-il. Le Club Afic Impact, réunissant des sociétés de gestion développant des fonds de capital risque à impact, mesure quant à lui les actifs sous gestion de ses membres à 1,26 milliard d’euros. Au niveau mondial, selon une étude de marché du Global Sustainable Investment Alliance (GSIA), citée par Novethic, l’impact investing atteint 248 milliards d’euros, « ce qui reste la stratégie la moins répandue mais qui connaît la plus forte progression relative (+146% entre 2014 et 2016) parmi l’ensemble des démarches d’investissement responsable (23.000 milliards d’euros d’encours en 2016) », souligne l’étude. Seulement, cette progression s’explique par la prise en compte des greens bonds et des social bonds. Or, Novethic ne les classe pas à ce stade dans l’impact investing car leur mesure d’impact reste limitée. « Il s’agit plutôt d’investissements thématiques, ciblant des actifs liés au développement durable de manière plus souple que l’impact investing », affirme Harald Condé Piquer. Risque « d’impact washing » En effet, pour Novethic, le principal défi posé aux investisseurs est la mesure précise des impacts positifs sociaux et environnementaux générés par ces investissements, et qui reste encore à être « renforcée et crédibilisée ». Les investisseurs font face « à la difficulté de démontrer le lien entre leurs placements financiers et des bénéfices sociaux ou environnementaux tels que le nombre d’emplois d’insertion créés, de micro-entrepreneurs financés, de personnes ayant eu accès à des produits de base ou encore les tonnes de déchets et de CO2 évitées », relève Harald Condé Piquer. Sans une définition et une mesure crédible des impacts des portefeuilles, le risque « d’impact washing » pourrait voir le jour. Un enjeu important avec l’arrivée des principaux investisseurs institutionnels et la possible extension de l’impact investing aux entreprises cotées.