L’actualité des grandes banques centrales de la planète, celles de la zone euro (BCE), des Etats-Unis (Fed), du Royaume-Uni (BoE), du Japon (BoJ). Nos analyses et éclairages sur les politiques monétaires mises en œuvre par ces autorités au cœur de l’économie mondiale.
Des positions importantes ont été constituées la semaine passée sur le marché à terme de l’eurodollar, certains opérateurs semblant anticiper une demande potentielle excessive de dollars en fin d’année. Le volume des contrats futures expirant en décembre 2021 a grimpé en flèche jeudi. Les contrats à terme sur eurodollar sont un pari sur la direction du taux de financement garanti à court terme (SOFR) que les banques mondiales utilisent pour fixer le prix des produits dérivés et des prêts libellés en dollars. Les opérateurs les utilisent également pour spéculer sur l’orientation de la politique monétaire américaine. Les intérêts ouverts sur le contrat de décembre 2021 ont atteint le montant le plus élevé depuis au moins décembre 2011 (1,5 milliard), selon Refinitiv. Le volume jeudi soir était de 654.872 contrats, dont un énorme bloc de 200.000. Depuis plusieurs mois, la courbe des futures est inversée, ce qui est inhabituel et semble signaler un stress potentiel de financement. En fin d’année, il y a une forte augmentation de la demande de dollars de la part des banques et des entreprises pour leurs opérations de bilan. Cette augmentation des intérêts intervient aussi à une semaine du symposium de Jackson Hole.
Les investisseurs attendent une clarification de Jerome Powell sur la normalisation de la politique monétaire américaine. Le variant Delta pourrait déjouer ses plans.
La banque centrale norvégienne prévoit toujours de relever son principal taux directeur le mois prochain alors que l'économie continue à se débarrasser des effets de la pandémie de Covid-19, a-t-elle annoncé jeudi, en respectant un calendrier établi plus tôt cette année. Le comité de politique monétaire de la Norges Bank a maintenu jeudi le taux à un niveau record de 0%, comme prévu par les économistes. La Norvège pourrait être la première économie développée du G10 à sortir des mesures de relance d’urgence liées à la pandémie, devant la Nouvelle-Zélande, qui a retardé mercredi une hausse attendue en raison d’une nouvelle épidémie de Covid. La Norges Bank annoncera sa prochaine décision sur ses taux et ses prévisions le 23 septembre.
La banque centrale de Nouvelle-Zélande a retardé mercredi un resserrement monétaire anticipé par le marché. Ses membres ont changé d’avis, estimant une telle décision prématurée après que le pays a décrété un nouveau confinement suite à la découverte de plusieurs cas de Covid-19 pour la première fois depuis six mois. La Banque de réserve de Nouvelle-Zélande (RBNZ) a maintenu le taux de son principal taux directeur à un plus-bas historique de 0,25% malgré la surchauffe de l'économie. Une hausse des taux aurait fait de la RBNZ la première banque centrale du G10 à le faire depuis le début de la crise sanitaire. La banque maintient néanmoins son intention de relever ses taux avant la fin de l’année. Ses projections montrent que ses membres anticipent toujours un taux directeur à 0,5% d’ici la fin 2021, 1,5% mi-2022 et 2% fin 2023. Le marché évalue à 60% la probabilité d’une hausse de 0,5% en octobre. Le dollar néo-zélandais a poursuivi son repli après la décision pour atteindre un plus-bas de neuf mois à 0,68%, avant de se reprendre dans la perspective d’une hausse des taux toujours anticipée.
Le président de la Réserve fédérale (Fed) de Saint Louis, James Bullard, s’est déclaré lundi favorable à l’arrêt des rachats obligataires de la Fed en mars prochain. D’ici là, le dirigeant souhaite que la banque centrale réduise le rythme de ses achats d’obligations du Trésor à 60 milliards de dollars (50,9 milliards d’euros) par mois et de titres hypothécaires à 30 milliards de dollars. De son côté, le président de la Fed de Dallas, Robert Kaplan, souhaite poursuivre les rachats jusqu’en mai prochain, tout en réduisant les achats de titres du Trésor de 10 milliards de dollars à compter d’octobre et ceux de titres hypothécaires de 5 milliards de dollars.
Le gouverneur de la banque centrale du Liban, Riad Salamé, a déclaré samedi que personne ne gouvernait le pays et a défendu sa décision de suspendre les subventions sur les carburants qui ont épuisé les réserves de devises, affirmant que le gouvernement pouvait résoudre le problème en modifiant le cadre législatif actuel. Pour continuer à fournir un soutien aux carburants et aux importations de première nécessité, la banque centrale libanaise a affirmé qu’elle avait besoin d’une législation pour permettre l’utilisation de la réserve obligatoire, une partie des dépôts qui doit être préservée en vertu de la loi.
La Banque centrale européenne (BCE) devra resserrer sa politique monétaire si elle a besoin de contrer les pressions inflationnistes et ne peut pas être découragée par les coûts de financement des États de la zone euro, a déclaré Jens Weidmann au journal Welt am Sonntag. Le président de la Bundesbank et membre du conseil des gouverneurs de la BCE a rappelé que le rôle de la banque centrale n’est pas de s’occuper de la solvabilité des Etats de la zone euro mais d’agir en ligne avec son mandat sur la stabilité des prix dans le cas où les perspectives d’inflation augmenteraient de façon soutenue. Une inflation plus élevée qu’il n’exclut pas. Dès que la BCE le décidera, elle devra d’abord mettre fin au PEPP, puis à l’APP avant de pouvoir relever les taux, a-t-il affirmé.
Les Etats-Unis ont créé plus d'emplois qu'attendu en juillet. De quoi affermir le scénario d'un prochain durcissement de la politique monétaire de la Réserve fédérale.
Les Etats-Unis ont créé davantage d’emplois que prévu en juillet, en dépit de l’augmentation des cas de Covid-19 due à la propagation du variant Delta, des difficultés d’approvisionnement dans certains secteurs, comme l’automobile, et d’un manque de main-d’oeuvre disponible.
La Banque d’Angleterre (BoE) a, comme attendu, laissé sa politique monétaire inchangée jeudi, malgré la hausse de l’inflation, et donné des indications sur le retrait progressif de son soutien à l'économie. Elle a indiqué qu’elle commencera à réduire le montant d’actifs achetés lorsque le taux directeur aura atteint 0,5%, «si cela est approprié compte tenu des circonstances économiques», en cessant de réinvestir les obligations d'État britanniques arrivant à échéance. Le maintien du taux directeur à 0,1% a été adopté à l’unanimité mais un membre du comité (Michael Saunders) sur huit a voté pour la réduction du programme d’achats de titres d’Etat. La BoE a par ailleurs revu en hausse ses prévisions d’inflation à 4% fin 2021 ou début 2022 (2,5% jusqu’à présent) tout en continuant de juger cette flambée des prix temporaire. Elle a confirmé sa prévision de croissance économique de 7,25% pour cette année et relevé celle pour 2022 à 6% contre une précédente estimation de 5,75%.
La livre turque s’est dépréciée jusqu’à plus de 1% jeudi, l’une pires performances parmi les devises émergentes, à 8,56 face au dollar. La monnaie turque est sous pression après que le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau réclamé une baisse des taux malgré la forte hausse de l’inflation. Cette dernière a surpris en juillet à 18,95%. La banque centrale turque doit se réunir jeudi 12 août. Les opérateurs anticipent un maintien du principal taux directeur à 19%, son gouverneur s‘étant engagé à maintenir les taux au-dessus de l’inflation. Mais les déclarations du président turc brouillent cette perspective. Des taux réels négatifs seraient défavorables à la livre turque au moment où la Fed pourrait s’engager dans une normalisation de sa politique monétaire.
La banque centrale australienne (RBA) a surpris les marchés mardi en confirmant sa décision prise en juillet de réduire son programme d’achat d’obligations à partir de septembre de 5 milliards de dollars australiens par semaine à 4 milliards. Les opérateurs s’attendaient à un montant d’achats plus élevé voire stable alors que l’économie australienne est affectée par le variant Delta. Mais la RBA s’attend à ce que le coup porté à l'économie soit temporaire, son gouverneur ayant souligné la reprise forte de l’économie depuis 2020. La RBA a par ailleurs maintenu son taux directeur à 0,1% pour sa huitième réunion consécutive, une décision largement attendue. Elle a réitéré que les taux d’intérêt ne seront pas relevés tant que l’inflation ne se situera pas durablement dans sa fourchette cible de 2 à 3 %, un objectif qui ne sera probablement pas atteint avant 2024. Le dollar australien s’est apprécié de 0,4% face au dollar américain après cette annonce.
La politique monétaire des Etats-Unis est trop accommodante au regard de la croissance rapide, de la forte inflation et du «début d’une bulle dans l’immobilier», a prévenu vendredi le président de la Réserve fédérale de Saint-Louis, James Bullard. Il a invité la banque centrale américaine (Fed) à se prononcer, lors de sa réunion de septembre, sur un plan visant à réduire progressivement ses 120 milliards de dollars (101 milliards d’euros) d’achats mensuels d’obligations prévus jusqu'à fin mars 2022. «L’ensemble de la communauté des banques centrales est en mode accommodant depuis longtemps. Si les données se retournent contre nous, nous devrions peut-être agir rapidement et cela peut être perturbateur», a-t-il plaidé.
Pierre Wunsch, membre du Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE), a déclaré vendredi qu’il n'était pas à l’aise avec les nouvelles orientations de l’institution de maintenir des taux bas pour plusieurs années. Il est, avec l’allemand Jens Weidmann, l’un des deux seuls gouverneurs de la BCE à s'être opposé à la décision prise jeudi de retarder toute hausse des taux tant que l’inflation n’aura pas atteint l’objectif de 2%. «Mon désaccord ne devrait pas être dramatisé», a déclaré le gouverneur de la Banque de Belgique à CNBC, ajoutant toutefois que la BCE s'était liée les mains pour les années à venir et que son indépendance vis-à-vis des gouvernements pourrait être remise en question.