En créant le fonds CCR Actions Engagement Durable, CCR Asset Management (groupe UBS) a voulu se démarquer des produits d’investissement socialement responsables existant déjà sur le marché, et notamment des fonds «best in class» qui dominent l’offre en France.Cette méthode, qui consiste à sélectionner les entreprises les mieux notées selon des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), «ne fait pas avancer les choses», estime Eric Bleines, responsable du pôle actions de CCR AM. «Ce n’est qu’un constat, qui repose en outre sur des notes d’agences fondées sur des analyses quantitatives. Cela ne nous satisfait pas», poursuit Eric Bleines, qui préfère «avoir une dynamique positive et être responsable». C’est pour cette raison que CCR AM a opté, dans le cadre de son nouveau fonds, pour une pratique «d’engagement», qui passe par un dialogue avec les entreprises pour les faire progresser, en l’occurrence dans le domaine de la gouvernance. Concrètement, le processus d’investissement de CRR Actions Engagement Durable, qui est en fait l’ancien Centrale Actions Europe, commence par une analyse financière de l’univers d’investissement composé de 1.200 sociétés de la zone euro, toutes capitalisations confondues. Pour cette étape, la gérante, Bénédicte Bazi, met en œuvre l’approche value qui caractérise CCR AM et qui consiste à identifier les sociétés sous-évaluées, à analyser l’origine de leur décote et à rechercher les moteurs d’une revalorisation future. Elle aboutit ainsi à une sélection de 100 valeurs. Un premier filtre extra financier conduit à l’exclusion des entreprises ne respectant pas les conventions de l’ONU et celles travaillant dans le tabac et l’alcool. Dans un second temps, CCR AM analyse les sociétés principalement sous l’angle de la gouvernance, mais aussi ceux de l’environnement et du social et écarte les plus mauvais élèves.Enfin, la construction du portefeuille est régie par des principes financiers. Bénédicte Bazi a aujourd’hui 37 titres dans le fonds, dont à terme 8 à 10 feront l’objet d’un «engagement». Aujourd’hui, CCR AM se concentre sur deux entreprises, Alcatel et Wienerberger. Pour encourager les sociétés à se réformer, Eric Bleines compte sur l’effet dissuasif d’une éventuelle mauvaise publicité. «Nous allons rendre compte régulièrement de nos actions et des efforts ou non accomplis par les sociétés», explique-t-il. «Et si nous n’arrivons à rien, nous vendrons». Mais, vu que les critères financiers président à la construction de portefeuille, une société avec laquelle CCR AM a entamé un dialogue pourra aussi être cédée parce que son cours a monté et qu’elle n’est plus «value». Dès lors, on peut se demander quel est l’intérêt pour l’entreprise de faire des efforts, s’il n’y a pas de récompense ? Eric Bleines répond que ce n’est pas parce qu’une société ne sera plus en portefeuille que CCR AM arrêtera tout dialogue. Aujourd’hui, le fonds représente 12 millions d’euros, un encours hérité de Centrale Actions Europe, dont 30 % des actifs ont été vendus pour répondre aux nouveaux critères. L’objectif pour Eric Bleines est de passer rapidement la barre des 35 millions d’euros afin d'être éligible pour certains investisseurs ayant des contraintes de ratios d’emprise.