Qu’est ce qui incite à investir dans les fonds durables ? Pas la surperformance, en tout cas, les fonds verts ayant vu leurs rendements s’effriter face à leurs compétiteurs incolores cette année. En revanche, selon la revue Economics Letters, l’humeur des investisseurs jouerait un rôle non négligeable. Certes, la bonne humeur prédispose à des investissements altruistes et durables. Mais la dépression motive encore davantage : le sentiment d’inquiétude et la baisse de l’appétit au risque favorisent les placements ESG, jugés moins risqués. Au vu de l’actualité récente, les fonds verts ont encore de beaux jours devant eux.
Risques. L’analyse des risques ESG (environnement, social, gouvernance) doit être approfondie par les entreprises. C’est du moins l’enseignement mis en relief par une enquête conduite auprès de 600 entreprises multinationales par le cabinet d’avocats Hogan Lovells sur les défis de l’ESG. Ces critères de responsabilité ont du mal à s’intégrer aux politiques de conformité, à susciter l’engagement de l’ensemble des parties prenantes du groupe. Les entreprises peinent à identifier une approche englobant toutes les questions en jeu, et notamment les obligations éthiques existantes telles que la lutte contre la corruption. Ainsi, plus des trois quarts des responsables de la conformité interrogés déclarent que l’ESG n’est pas intégré dans les pratiques de risque existantes, que leur entreprise manque de compétences sur les sujets ESG voire, chez plus de la moitié, déplorent un manque d’engagement.
C’est le montant déployé à ce jour conjointement par Bpifrance et la Banque des Territoires dans le cadre du plan Climat lancé par ces acteurs en 2020, avec un objectif total de 40 milliards d’investissement d’ici à 2024. Les volumes investis se répartissent pour moitié entre les deux acteurs, en financement des entreprises et des collectivités locales, pour près de 10 milliards, et pour le reste en financements de projets d’énergie renouvelable et de l’innovation.
L’investissement à impact social ne devrait pas souffrir de la pause dans l’élaboration d’une taxonomie spécifique, tandis que la Commission œuvre au socle des droits sociaux.
Le fonds de pension finlandais des entrepreneurs, Veritas, qui dispose d’un portefeuille d’investissements de 4,1 milliards d’euros au 30 juin 2022, mise 20 millions d’euros dans le fonds UI-Aktia Sustainable Corporate Bond. Le véhicule est Article 9 au sens SFDR (Sustainable Finance Disclosure Regulation) et investit uniquement dans des obligations vertes, sociales, responsables ou liées à la durabilité. Chaque obligation doit financer des investissements qui ont un impact positif net sur la société et l’environnement. Le fonds d’Aktia sélectionne en priorité des titres investment grade, complétés par une diversification de 20% du fonds dans le high yield et une poche de titre non notés jusqu’à 3%. Les secteurs les plus représentés sont les services financiers et les services collectifs, ainsi que les obligations vertes.
Vivek Ramaswamy, un activiste conservateur devenu investisseur, demande publiquement à Chevron de pomper davantage d’énergies fossiles sur les dix prochaines années, rapporte le Wall Street Journal. L’homme d’affaires, qui a lancé un ETF sur l’énergie il y a un mois (Strive Asset Management), fait partie des plus grands critiques de l’investissement ESG (environnemental, social et gouvernance). Il a jeté son dévolu sur Chevron, estimant que le groupe devrait ralentir son plan de transition vers les énergies fossiles, qui, selon lui, est en partie motivé par les pressions d’actionnaires comme BlackRock. Dans une lettre envoyée mardi aux dirigeants de Chevron, Vivek Ramaswamy écrit qu’il veut «vous libérer des contraintes imposées sur Chevron par ses actionnaires promoteurs de l’ESG».
Certains Etats bannissent les investissements socialement responsables des fonds de pension publics locaux, accusés de nuire à l’industrie des énergies fossiles. Décryptage.
Le groupe de transport maritime CMA CGM, qui a publié vendredi soir un bénéfice net record de 14,8 milliards d’euros au premier semestre 2022, a annoncé dimanche qu’il allait consacrer 1,5 milliard d’euros sur 5 ans à un fonds énergie en vue d’accélérer la décarbonation de l’ensemble de ses activités, notamment pour favoriser l’émergence d’unités de production de fuel alternatifs pour ses navires. Ce fonds, qui sera mis en place dès le mois d’octobre, «permettra de soutenir une plateforme mondiale d’innovations développée avec de grandes entreprises, des PME, des startups, des acteurs académiques et scientifiques», précise dans son communiqué le groupe français qui s’est engagé à atteindre la neutralité nette carbone à l’horizon 2050. CMA CGM se tient également prêt à contribuer au «fonds vert» proposé par l'État français pour soutenir des projets conjoints.
Le fonds de pension public de Corée du Sud, National Pension Service (NPS), investit dans la plateforme crédit durable de Blackstone pour renforcer ses stratégies ESG, indique «The Korea Economic Daily». La plateforme créée en janvier pour compléter les stratégies en private equity de Blackstone, prévoit d’investir 100 milliards de dollars, en crédit (investment Grade ou non, titres préférentiels et convertibles), dans les énergies renouvelables et la transition énergétique (installations solaires pour les particuliers, rénovation énergétique, centrales et stockage d’énergies renouvelables, transports décarbonés, infrastructures d’énergie, sustainability linked loans, financements verts). La plateforme qui compte 30 collaborateurs en Amérique du Nord et Europe, est dirigée par Robert Horn et peut s’appuyer sur les équipes d’opération de portefeuille de Blackstone.
Le fonds californien annonce quatre nouvelles avancées avec un objectif intermédiaire, un changement de processus d’investissement, une nouvelle allocation et l’adoption de scénarios climatiques.
Swiss Life Asset Managers vient d’obtenir le label ISR (investissement socialement responsable) pour sept fonds de la gamme Multi Asset. Il s’agit des fonds suivants: • Swiss Life Funds (F) Multi Asset Moderate ; • Swiss Life Funds (F) Multi Asset Balanced ; • Swiss Life Funds (F) Multi Asset Growth ; • Swiss Life Funds (F) Multi Asset Tempo ; • Swiss Life Funds (LUX) Multi Asset Moderate ; • Swiss Life Funds (LUX) Multi Asset Balanced ; • Swiss Life Funds (LUX) Multi Asset Growth. Les fonds de la gamme Multi Asset sont investis au minimum à 90% dans des organismes de placement collectif (OPC) ayant le label ISR public ou disposant d’un label européen reconnu. Les fonds externes sous-jacents présentent quant à eux leurs propres méthodologies de prise en compte des critères ESG dans la définition de l’univers d’investissement éligible. Swiss Life Asset Managers France compte aujourd’hui un total de 30 fonds labellisés ISR pour un encours de 19,5 milliards d’euros au 30 juin 20221, dont 14,5 milliards en actifs financiers et 5 milliards en immobilier. D’ici la fin de l’année tous les fonds labellisés ISR de Swiss Life Asset Managers investis directement en valeurs mobilières (actions, taux, monétaires) devront suivre une approche «d’amélioration significative» de leur note ESG. Dorénavant la note ESG du fonds devra être meilleure que celle de son univers de référence (dont les gérants auront préalablement exclu les 20% les plus mal notés). Par ailleurs, tous les fonds devront présenter une meilleure performance que leur univers de référence sur les deux indicateurs suivants : l’empreinte carbone calculée sur les 3 scopes (c’est-à-dire les émissions de gaz à effet de serre par million d’euros investis dans le fonds) et la prise en compte de critères ESG dans la rémunération variable des dirigeants.
Solo. L’Energy Conservation Bill adoptée par la Chambre basse du Parlement indien le 8 août dernier vient amender une loi de 2001 destinée à aider le pays à atteindre ses objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Le texte entérine la création d’un marché national réglementé des crédits carbone. L’Inde, comme le reste de l’Asie, est un important pourvoyeur historique de crédits carbone. A date, le pays héberge plus de 20 % des projets dits CDM (Clean Development Mecanism) créés par le protocole de Kyoto. Cette expertise a facilité le développement récent d’un marché volontaire des crédits carbone à la faveur des politiques de compensation mises en place par un nombre croissant d’entreprises du secteur privé, le plus souvent à l’étranger. En annonçant que la création d’un marché national des crédits carbone allait être accompagnée d’un embargo sur les exportations, le ministre de l’Energie, Raj Kumar Singh (photo), a provoqué quelques remous. « Nous avons décidé de ne pas exporter nos crédits carbone. Cela ne fait aucun doute. En effet, nous avons déjà défini nos objectifs d’atténuation du changement climatique par le biais des NDC (contributions déterminées au niveau national). Maintenant, à moins que nous n’atteignions notre propre objectif, nous n’exporterons pas nos crédits carbone. Nous voulons créer nos propres marchés de crédits carbone afin de pouvoir garantir davantage d’investissements dans le secteur de l’énergie propre dans notre seul pays », a-t-il déclaré devant la Chambre basse. Le gouvernement devrait préciser prochainement le fonctionnement du marché.